Le monde de l’art et des lettres est en deuil. Le Baron Philippe
Roberts-Jones est décédé ce mardi 9 août 2016. Apprenant sa disparition, je
n’ai pu m’empêcher de songer aux différentes rencontres qui m’ont permis de
connaître un peu l’homme derrière la grande figure publique. C’est le privilège
de l’intervieweur, par le biais des entretiens radiophoniques que je réalisais,
de s’offrir ces colloques singuliers auxquels Philippe Roberts-Jones aimait se
livrer.
Son épouse Françoise m’accueillait dans le vestibule de leur maison, me
disait à chaque visite combien Philippe appréciait ces évocations que je
stimulais par mes questions. Je sais que, davantage que les interrogations que
je lui soumettais, l’émotion qu’avait suscitée, chaque fois, la lecture de ses
livres, nourrissaient nos conversations.
Ces entretiens figurent toujours sur le site de la webradio www.espace-livres.be et donnent
l’occasion de ré-entendre la voix du poète et du nouvelliste évoquer ses livres
récents : « Image verbale, image visible »,
« Fictions 1991-2004», « Tout est brume », « Couleurs
d’un éveil » , « Poésie 1944-2004 »
Nous laissons à d’autres le soin d’évoquer et de rappeler la diversité
et l’envergure de l’œuvre laissée derrière lui par Philippe Roberts-Jones, mais
aussi l’intensité d’une vie engagée depuis l’adolescence jusqu’à ses derniers
jours. Il suffit de relire la biographie qui lui est consacrée sur le site del’Académie royale de langue et littérature française de Belgique, dont il était
membre, puis Directeur et Secrétaire perpétuel pour se rendre compte de la nécessité de saluer le résistant, l’historien
d’art, le professeur d’Université, le critique d’art, le conservateur et
animateur de différents musées, mais aussi l’essayiste, le poète et le
nouvelliste.
Je conserve dans l’album de mes souvenirs la pétillante gentillesse
avec laquelle il se laissait surprendre lorsque je m’efforçais de débusquer
au-delà de l’homme public et de la sommité qu’il était, les sources intimes de
son inspiration poétique et esthétique. Il souriait alors, plissait les yeux et
se livrait à la confidence maîtrisée par la sagesse, l’intelligence et
l’humanité.
Philippe Robert-Jones était aussi, mais qui s’en étonnerait ?, un
membre éminent depuis plusieurs décennies de PEN Belgique qui ne manquera pas
de lui rendre hommage.
Jean Jauniaux
Président de PEN club Belgique
Le 9 août 2016
Ci-dessous, les liens vers les entretiens d'Edmond Morrel avec Philippe Roberts-Jones et les textes qui les présentaient.