mardi 17 octobre 2017

"Coming Out" de Tom Lanoye adapté par Alain Van Crugten au Théâtre de la Toison d'or avec Christian Labeau



COMING OUT 
de Tom Lanoye

adaptation au théâtre de trois romans de Tom Lanoye

par Alain Van Crugten




D'emblée les noms de Tom Lanoye, Alain Van Crugten et Christian Labeau ne peuvent que  susciter l'intérêt, la curiosité, l'envie d'y aller à ce spectacle dont la première a lieu au moment où nous écrivons ces lignes, que nous espérons assez convaincantes et enthousiastes pour que ce "Coming out" réunisse dans ses premiers jours de représentations, assez de spectateurs pour que le bouche à oreille fonctionne et que le Petit Théâtre de la Toison d'Or fasse salle comble chaque soir et, rêvons,  joue ensuite es prolongations. Car voici du théâtre de création, inspiré d'un immense écrivain...

Alain Van Crugten (traducteur entre autres des plus grands écrivains flamands sont Hugo Claus) a composé ce spectacle, qu'il met en scène,  à partir de trois romans autobiographiques de Tom Lanoye  réunis dans l'adaptation théâtrale de trois romans autobiographiques de l'écrivain : « Un fils de boucher  avec de petites lunettes », « Les boîtes en carton » et « La Langue de ma mère »

Celui qui fut l'un des premiers gays à se marier en Belgique, dévoile  son homosexualité  dans ces trois romans où se mêlent jubilation et gravité, humour et émotion, conviction et courage. 

Pourquoi ne pas consacrer une soirée à partager ce "Coming out" écrit par un des plus grands écrivains flamands vivants, adapté par un traducteur d'exception et joué par ce comédien que l'on voit trop rarement, Christian Labeau?

Hier nous assistions à la première (en réalité la presque centième, le spectacle ayant déjà eu les honneurs de différentes scènes, - et d'Avignon! excusez du peu - avant d'être accueilli au Petit Théâtre de la Toison d'Or par sa co-directrice Nathalie Hufner pendant les travaux du Théâtre de la Samaritaine où "Coming out" avait été créé. Dans ce "one man show", le comédien incarne l'écrivain, Labeau se transforme littéralement en Lanoye pour raconter, à partir des premiers romans de l'écrivain flamand, le cheminement de la révélation de l'homosexualité dans un milieu qui a tout pour ne pas l'admettre: issu d'une famille de bouchers depuis plusieurs générations, dans une petite ville de province en Flandres, je jeune Tom se rend compte dès l'enfance d'une attirance "différente" qui l'attire vers les garçons, à l'adolescence et jeune adulte Tom sait qu'il est gay (même si le vocabulaire des années 80 rendait quasi impossible de formuler cette préférence sexuelle sans utiliser d'un vocabulaire scabreux ou dédaigneux) et veut en faire la révélation à ses parents, en particulier sa mère.
Voilà le point de départ d'un récit drôle, grave, émouvant, vrai dont Alain van Crugten a tiré un monologue à la mesure de la verve de l'écrivain (qui est une véritable star de l'autre côté de la frontière linguistique belge et bien au-delà) et sur mesure pour que le comédien Labeau déploie une inventivité dramatique qui lui permet de passer, avec finesse et sensibilité, dans chacun des personnages: Tom enfant, adolescent, jeune adulte mais aussi sa mère (bouchère et tragédienne dans une troupe de théâtre amateur), les amours enfantines, une extralucide amie de la famille dont elle console la maman de la perte tragique d'un des frères de Tom... Pour seul décor de cette mise en scène assurée par van Crugten, une photo noir et blanc de la boucherie familiale, un cube noir et une chaise haute, et une bande sonore que Labeau exploite avec la précision hilarante d'un mime ( qui lui permet un playback stupéfiant de drôlerie de Marylin Monroe)

Pour mieux connaître  la verve de Tom Lanoye, écouter l'entretien qu'il avait accordé à la web radio espace-livres à propos de son roman "Esclaves heureux" . Nous écrivions avec notre complice Edmond Morrel, ce qui pourrait s'appliquer aux trois romans adaptés ici: 

"Il arrive tellement rarement d’être sidéré par la perfection d’un roman qu’on se retrouve dépourvu de qualificatifs pour le désigner. "Esclaves heureux", de Tom Lanoye (magistralement traduit en français par Alain van Crugten), appartient à cette catégorie exceptionnelle de romans que l’on classe immédiatement au rayon "classiques", à côté de Romain Gary et Hugo Claus, pour ne citer que deux écrivains du siècle passé. 
Dans "Esclaves heureux" vous serez hypnotisés par le phrasé, ému par le style, transcendé par l’histoire. Des personnages comme les deux homonymes Tony Hanssen, le policier sud africain Vusi Khumalo, le tycoon chinois Bo Xiang vous resteront gravés dans la mémoire, de même que les nombreuses pages d’anthologie que vous aurez envie de relire (à voix haute ) une fois le livre terminé, ce roman que vous n’aurez pas lâché après en avoir lu la première ligne "Nous retrouvons Tony Hanssen dans la touffeur caniculaire d’un été aux effluves malsains"...
Attention, chef d’oeuvre ! " 





Pour davantage se convaincre, pourquoi ne pas écouter la "Marge et contre-marge" que consacrait Jacques De Decker (un des plus fins connaisseurs de la littérature belge de langue néerlandaise) à Tom Lanoye sous le titre "Qu'y a-t-il à l'intérieur de Lanoye?"  et ensuite de se précipiter au Théâtre de la Toison d'Or, de franchir la porte , de gravier les escaliers et de s'octroyer nonante minutes de vrai théâtre. 

A la sortie du spectacle, le texte de la pièce vous sera proposé, accompagné de trois autres pièces d'Alain van Crugten (Editions de l'Age d'homme), une invitation à lire aussi les romans de Tom Lanoye et de (re)découvrir un des grands écrivains belges contemporains, appartenant à une littérature qu'il conviendrait de lire aussi de ce côté-ci de la frontière linguistique.
Jean Jauniaux, Bruxelles le 19 octobre 2017


L’écrivain flamand superstar Tom Lanoye n’a jamais fait mystère de son homosexualité. Il fut même l’un des premiers gays à se marier en Belgique. Cette pièce, construite autour de ce thème, se défend de toute provocation, de tout prosélytisme. C’est simplement son histoire, articulée autour de trois romans autobiographiques : « Un fils de boucher  avec de petites lunettes », « Les boîtes en carton » et « La Langue de ma mère ». Entre réalisme et comédie, la langue de Lanoye se déploie dans des dialogues savoureux et des situations cocasses. Aucune cage, aucune folle, mais une histoire de sentiments traitée avec légèreté, tendresse et humour.
D’après les célèbres romans de Tom Lanoye Avec Christian Labeau Adaptation théâtrale et mise en scène Alain van Crugten Avec la complicité de Luc Van Grunderbeeck Création lumière Laurence de Lafontaine-Mockle et Thierry Mukala Son Pascale Snoeck Costume Alain Bossaert Photos de scène Danny Gys ©ReportersAgency
Créé à La Samaritaine, ce spectacle arrive à sa centième au TTO et a été joué à Avignon au Théâtre du Petit Louvre.
Ce spectacle est proposé par La Samaritaine que le TTO accueille de septembre à janvier suite à des travaux dans sa salle.