mercredi 1 novembre 2017

"Amarrage": aide à la jeunesse... de nouveaux projets

"Amarrage": aide à la jeunesse... de nouveaux projets 
pour les adolescents en difficulté de réinsertion sociale

www.amarrage.be


Thierry Verdeyen, directeur général de l’ASBL « Amarrage » présentait il y a quelques jours les nouveaux projets lancés dans le cadre de l’association d’aide à la jeunesse. Entouré des responsables de quatre nouvelles initiatives, il précise les objectifs généraux de l’Amarrage, «  une asbl d’aide à la jeunesse agréée et subsidiée par la Fédération Wallonie Bruxelles pour la prise en charge de 81 enfants de 3 à 18 ans qui sont en situation de danger dans leur milieu familial. Dans le cadre de ce service qui est à la fois généraliste et en constante évolution, nous diversifions nos projets afin d’être en phase avec les problèmes rencontrés par les jeunes, et la réponse appropriée que nous pouvons leur donner » .

Pour rappel, Amarrage ce sont 4 maisons d’accueil de type familial d’une capacité de 10 jeunes, une  « maison des ados » pouvant accueillir 5 jeunes de 15 à 18 ans (et suivis en kots autonomes par la suite),  et des séjours de rupture individuels (France, Roumanie, Moldavie et Bénin) pour des adolescents de 13 à 18 ans en grande difficulté. 
Nous avions déjà eu l’occasion de rencontrer une adolescente, Juliette, qui à son retour d’un séjour de rupture au Bénin, avait organisé une exposition de tirages grand format de quelques (magnifiques) photographies qu’elle en avait ramené. Son projet : offrir au chef du village béninois, grâce au produit de la vente de ces tirages, les moyens de payer une opération chirurgicale qui allait lui rendre la vue. (L’interview de Juliette, réalisée en 2011, est toujours disponible sur la webradio espace-livres.) Vous l’entendrez nous expliquer son projet qu’elle résume ainis : « En partant vers l’inconnu en novembre 2010, ma motivation était réelle, je n’imaginais cependant pas un accueil aussi chaleureux, une expérience aussi riche. Hébergée chez papa Gabriel, il a changé mon regard sur le monde et, juste retour des choses, je voudrais qu’il puisse recouvrir la vue. C’est dans ce but que j’organise cette exposition de portraits des habitants de Soukpotomé au Bénin"
(Des contacts réguliers entre les équipes belge et béninoise d'Africapsud sont l'occasion d'échanger les bonnes pratiques, d'évoquer les bilans des actions menées, d'en imaginer d'autres. Nous avions rencontré quelques uns des éducateurs béninois lors d'un séjour qu'ils effectuaient en Belgique. Leur interview ainsi que celle, à ce propos, de Thierry Verdeyen sont toujours disponibles sur espace-livres.)


Thierry Verdeyen, avant de céder la parole aux différents responsables de projets, achève la description de l’Amarrage en évoquant l’action réservée aux MENA (Mineurs étrangers non accompagnés), une maison d’accueil pouvant héberger 15 jeunes, sans oublier bien sûr une équipe d’intervention globale, mobile et intensive dans le milieu de vie de l’adolescent en Brabant Wallon.

Dans la volonté de toujours adapter les actions à la réalité concrète, Amarrage a lancé il y a un an quatre nouvelles initiatives à l’intention de jeunes à partit de 16 ans.

En collaboration avec Viavectis (spécialisée en formation au management à partir de jeux coopératifs), est développée une version adaptée de formations à l’intention de jeunes en voie d’autonomie.
Dans le cadre d’un partenariat avec l’Université de Mons, et en particulier de la Faculté de Psychologie, chaque jeune a la possibilité de faire le point sur sa situation à travers la pratique de récits de vie, dont la méthodologie et la conduite sont placées sous la responsabilité de Benoît Tielemans , passionné par le processus de résilience (Nous l’avons interviewé ). Les « récits de vie » avaient déjà fait l’objet, dans un autre cadre, de la publication du livre « Quelqu’un de bien », dont nous avions rencontré les initiatrices : Isabelle Seret, (accompagnatrice en récit de vie et sociologie clinique) , Nathalie Van Inis et Elisabeth Jauniaux, (sociologues attachées à l’asbl Amarrage ). « A travers leurs récits de vie, l’ouvrage donne la parole à six protagonistes ayant bénéficié du projet "Cap Solidarité". Cette plongée dans une expérience déterminante pour les jeunes gens qui en bénéficient est à la fois émouvante et enthousiasmante. Ainsi, la rencontre avec l’autre, dans tous les sens du terme, (ces jeunes sont "immergés" pendant trois mois dans un village du Bénin) devient une formidable résilience. Les auteures du livre nous racontent aussi comment l’écriture de ces récits de vie s’est mise en place : un témoignage particulièrement riche d’enseignement sur la valeur de la parole, du récit, du partage de parole.» (Edmond Morrel). Ces entretiens sont toujours accessibles à l’écoute sur espace-livres


En lien avec l’école Cardijn, un kot étudiant est mis à disposition de l’Amarrage. Un jeune peut y loger de façon transitoire (avant de s’installer dans un logement autonome) et bénéficier, grâce aux professeurs et étudiants assistants sociaux (les « colocataires ») d’une présence et d’un appui.

Enfin, le logement étant la difficulté majeure s’agissant de jeunes nécessitant d’un logement d’urgence (en cas de « décrochage »), un nouveau service est expérimenté depuis un an : « Le mobilhome est une solution de logement à court terme : une solution rapide, simple, de proximité, et adaptée à chaque situation.  Une réponse qui convient pour différentes situations auxquelles sont confrontées les différentes équipes de l’Amarrage.  Cela conviendra soit pour un dépannage pour un jeune, soit pour un « time out » pour un jeune qui est en rupture familiale, ou encore pour une immersion pour un jeune qui cherche à s’installer dans une localisation. Il peut même être utilisé pour les loisirs. » précise Thierry Verdeyen, qui ne manque pas de souligner l’importance du réseau de partenaires qui soutiennent l’asbl : le Fonds Carmeuse (géré par la Fondation Roi Baudouin), le centre sportif des Coquerées (et à travers lui l’échevinat à la jeunesse de la commune d’Ottignies) et la ferme du Planois (qui assurent la logistique liée au mobilhomme), l’Université de Mons et l’école supérieure de formation sociale Cardijn.

Dans une société où la fracture sociale constitue non seulement un défi socio-économique à relever d’urgence, mais aussi, lorsqu’on l’aborde au niveau individuel, une souffrance d’autant plus angoissante et désespérée lorsqu’ aucune perspective n’est offerte au jeune, le travail mené au sein d’Amarrage mérite d’être salué à sa juste valeur : en donnant aux jeunes pris en charge une alternative stimulante, responsable et adaptée.

Jean Jauniaux, Ottignies, le 31 octobre 2017.
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