Le 27 juin 2017, Svetlana Alexievich, Prix
Nobel de Littérature 2015 était l’invitée d’une rencontre exceptionnelle
co-organisée par PEN Club Belgique et le Parlement européen - le Président du
PE avait accordé son patronage à cet échange qui se déroula dans un des
hémicycles bruxellois de l’assemblée européenne - . A l’instigation des
parlementaires Rebecca Harms (Verts) et Sandra Kalniete (Démocrates-Chrétiens),
qui recevaient l’écrivain dans le cadre de "hearings" politiques
entre l’UE et la Biélorussie, une rencontre publique et littéraire a réuni,
dans une salle comble, 500 personnes provenant de 51 pays différents. Svetlana
Alexievich a évoqué l’époque soviétique et la Russie d’aujourd’hui. Avec son
regard bienveillant et un sourire posé, elle s’est également exprimée sur le
sens qu’elle donne à l’écriture. Dans ses "romans de voix", elle
creuse un monde vivant, au-delà des nations, dans le but de comprendre
l’Histoire. Par les tonalités neuves qu’elle insuffle à ses récits, elle tente
de trouver les rouages peu connus de l’âme humaine, même s’il lui faut pour
cela approcher la profondeur du mal, ce mal hypnotisant qui nous renvoie à
notre humanité et à notre souffrance. « Pourquoi nos souffrances ne se
convertissent-elles pas en liberté ? Sont-elles vraiment inutiles ? »,
s’interroge sans relâche Svetlana Alexievich.
En marge de cette rencontre publique, Svetlana
Alexeievitch a bien voulu accorder une interview à PEN Club Belgique, dont elle
a accepté de devenir membre honoraire. Au cours de cet entretien, traduit par
Aude Merlin (spécialiste de la Russie et professeure à l’Université libre de
Bruxelles), elle aborde les différentes facettes de son art, sa méthode de
travail, et cette inlassable quête de sens que la littérature lui permet
d’explorer.