lundi 6 avril 2020

La bonne nouvelle du jour, extraite de MARGINALES n° 242, "Acte manqué" de Jean-Baptiste Baronian



En cet nième jour de confinement, - nous avons renoncé à les compter- , c'est dans un des numéros les plus représentatifs de la démarche de MARGINALES que nous avons été choisir la " bonne nouvelle du jour". Elle est signée d'un des contributeurs  les plus prolifiques de la revue qui lui a donné pas moins de 40 nouvelles à ce jour: le romancier et académicien  Jean-Baptiste Baronian

Dans son éditorial, Jacques De Decker saisit l'occasion de ce numéro consacré à un ouvrage majeur de Freud, pour cerner avec davantage d'acuité l'originalité mais surtout la pertinence de la démarche de Marginales: débusquer par la fiction les réalités qui sont notre quotidien. Voici comment il conclut ce texte que vous trouverez en intégrale bien sûr sur le site de la revue : Marginales a, dès le démarrage de sa deuxième vie, voulu se consacrer exclusivement à l’écriture de création, laissant le champ de la critique ou du commentaire à d’autres. Mais l’intention seconde étant de montrer que par la fiction l’on peut parfaitement gloser autour d’un livre. En voilà la démonstration, à propos d’un traité qui, se donnant pour scientifique, est déjà lui-même imprégné de fiction. Juste retour des choses, tout compte fait…

Lien vers le numéro
Parmi les auteurs ayant nourri ce numéro paru à l'été 2001, épinglons Caroline Lamarche, Veronique Bergen, Thilde Barboni, Philippe Jones, Adolphe Nyssenholc, Guy Vaes... 

Jean Jauniaux
Le 6 avril 2020












Voici les premières lignes de la nouvelle de Jean-Baptiste Baronian dont vous lirez l'intégralité sur le site de la revue.


" L’idée de commettre un crime gratuit était venue à Frédéric Chenal à la lecture des Caves du Vatican. Il avait lu le livre d’André Gide à de multiples reprises et, chaque fois de plus en plus fasciné par le curieux personnage de Lafcadio Wluiki. À cet assassin imaginaire, il ne reprochait en somme qu’une chose : ses remords, ses tourments d’avoir tué un inconnu. Il était sûr que lui, il n’en aurait aucun lorsqu’il finirait, tôt ou tard, par passer aux actes.
Cela devait avoir lieu, comme dans le livre, à bord d’un train, quelque part en Italie. Et il n’y aurait personne, personne, susceptible de le confondre un jour.
De Lyon où il habitait et où il était kinésithérapeute, Frédéric Chenal partit pour Rome, un soir pluvieux de septembre. À peine arrivé, il choisit au hasard une destination vers le sud, la première qui s’offrait à lui et qui, compte tenu des horaires, lui évitait dans la salle des pas perdus une trop longue attente : Terracine. Ce nom, en outre, sonnait bien. Sentait bon la Péninsule profonde.
Par aubaine, il y avait encore des places libres. C’était simple comme bonjour : place 3, compartiment 5, voiture 7. À coup sûr, un joyeux signe du destin. Oui, il fallait y croire au destin. Sans le coup de pouce complice du destin, pensa-t-il, le crime gratuit se transforme en affaire crapuleuse. (...) 

Jean-Baptiste Baronian, 2001.