En cet nième jour de confinement, - nous avons renoncé à les compter- , c'est dans un des numéros les plus représentatifs de la démarche de MARGINALES que nous avons été choisir la " bonne nouvelle du jour". Elle est signée d'un des contributeurs les plus prolifiques de la revue qui lui a donné pas moins de 40 nouvelles à ce jour: le romancier et académicien Jean-Baptiste Baronian.
Dans son éditorial, Jacques De Decker saisit l'occasion de ce numéro consacré à un ouvrage majeur de Freud, pour cerner avec davantage d'acuité l'originalité mais surtout la pertinence de la démarche de Marginales: débusquer par la fiction les réalités qui sont notre quotidien. Voici comment il conclut ce texte que vous trouverez en intégrale bien sûr sur le site de la revue : Marginales a, dès le démarrage de sa deuxième
vie, voulu se consacrer exclusivement à l’écriture de création, laissant le
champ de la critique ou du commentaire à d’autres. Mais l’intention seconde
étant de montrer que par la fiction l’on peut parfaitement gloser autour d’un
livre. En voilà la démonstration, à propos d’un traité qui, se donnant pour
scientifique, est déjà lui-même imprégné de fiction. Juste retour des choses,
tout compte fait…
Lien vers le numéro |
Parmi les auteurs ayant nourri ce numéro paru à l'été 2001, épinglons Caroline Lamarche, Veronique Bergen, Thilde Barboni, Philippe Jones, Adolphe Nyssenholc, Guy Vaes...
Jean Jauniaux
Le 6 avril 2020
Voici les premières lignes de la nouvelle de Jean-Baptiste Baronian dont vous lirez l'intégralité sur le site de la revue.
" L’idée de commettre un crime gratuit était
venue à Frédéric Chenal à la lecture des Caves du Vatican. Il avait lu le livre
d’André Gide à de multiples reprises et, chaque fois de plus en plus fasciné
par le curieux personnage de Lafcadio Wluiki. À cet assassin imaginaire, il ne
reprochait en somme qu’une chose : ses remords, ses tourments d’avoir tué un
inconnu. Il était sûr que lui, il n’en aurait aucun lorsqu’il finirait, tôt ou
tard, par passer aux actes.
Cela devait avoir lieu, comme dans le livre, à
bord d’un train, quelque part en Italie. Et il n’y aurait personne, personne,
susceptible de le confondre un jour.
De Lyon où il habitait et où il était
kinésithérapeute, Frédéric Chenal partit pour Rome, un soir pluvieux de
septembre. À peine arrivé, il choisit au hasard une destination vers le sud, la
première qui s’offrait à lui et qui, compte tenu des horaires, lui évitait dans
la salle des pas perdus une trop longue attente : Terracine. Ce nom, en outre,
sonnait bien. Sentait bon la Péninsule profonde.
Par aubaine, il y avait encore des places
libres. C’était simple comme bonjour : place 3, compartiment 5, voiture 7. À
coup sûr, un joyeux signe du destin. Oui, il fallait y croire au destin. Sans
le coup de pouce complice du destin, pensa-t-il, le crime gratuit se transforme
en affaire crapuleuse. (...)
Jean-Baptiste Baronian, 2001.