En avril 2017, j'avais interviewé Delphine Boël à l'occasion de la parution du livre "Never Give Up" (Editions Marque belge) et de l'exposition qui accompagnait ce livre, au Musée d'Ixelles.
Voici l'article tel qu'il parut à l'époque et le lien vers l'entretien à bâtons rompus avec l'artiste.
Jean Jauniaux, le 30 mars 2020.
"Aller à la rencontre d’un artiste,
l’interroger sur son art est une (...) confrontation pacifique
avec une sensibilité, une esthétique, un regard sur le monde. Lorsqu’ils sont
aussi des personnages « publics », il est certains artistes dont le travail est
menacé d’être escamoté derrière le nuage de fumée(...) d’une
actualité qui prendrait le dessus sur l’œuvre, plaçant les créateurs à la merci
du fait-divers, exacerbant sur la place publique ce qui devrait se cantonner
dans la sphère privée. Il s’agit de se concentrer sur ce que l’artiste nous donne
à voir, s’agissant d’art plastique, ou à lire, s’agissant de littérature. Même
si une œuvre se nourrit de tout ce qui fait la personne, y compris cette part
d’intime que nous évoquions plus haut, il convient de
centrer notre attention, notre regard et notre écoute sur ce que l’artiste a
choisi d’en extraire, pour le transformer par son art en une peinture, une
sculpture, un livre, un poème, une symphonie.
Ainsi en a-t-il été de la rencontre avec
Delphine Boël, plasticienne belge, ayant longtemps vécu à Londres et dont une
rétrospective permet de parcourir certaines étapes de son œuvre sous le titre «
Never give up » au Musée d’Ixelles.
L’exposition permet au visiteur de parcourir
différentes étapes de la carrière de l’artiste , depuis sa formation à à la
Chelsea School of Art de Londres, dans les années nonante. L’itinéraire de
Delphine Boël est jalonné d’œuvres lumineuses, intenses, où se succèdent avec
une sorte d’avidité et de curiosité insatiables les techniques (carton mâché,
peinture, néons…) et les formes. Devenue personne publique à double titre, -
l’actualité liée à sa recherche de paternité prend le dessus sur les échos
donnés à l’œuvre-, Delphine Boël puise dans cette expression protéiforme les
moyens de nourrir une inspiration marquée par l’humour, parfois la dérision, le
non-conformisme, la rage aussi, mais toujours transformée dans l’exutoire de la
jovialité et de l’ironie, de l’excès et de l’exubérance. Ne jamais lâcher prise
(« Never give up »), à n’en pas douter Delphine Boël y parvient en puisant dans
cette infinie consolation de l’art, les énergies les plus fulgurantes, faisant
de la jeune femme une personnalité éminemment attachante, qui fait de la
fantaisie un merveilleux mode d’expression d’une sensibilité à fleur de peau et
d’une fragilité désarmante.
(...) Cette exposition nous dit beaucoup sur notre époque : la puissance de la
rumeur « gossip », l’hypocrisie régnante, la prépondérance des apparences, la vanité,
le manque d’amour…mais aussi qui démontre la transcendance de l’art. Celui-ci,
d’une certaine manière, nous donne à ressentir la vérité lorsqu’elle nous
échappe, la bonté dont l’accès nous est interdit, la grâce dans son double sens
de bienveillance et de beauté." (2 avril 2017)
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