En hommage à Jacques De Decker, LIVraisons a décidé de mettre en ligne quelques éditions des
enregistrements sonores de La Marge et La
Contre-marge , chroniques que nous enregistrions en 2012 et 2013 pour la web radio
espace-livres.
Jacques De Decker avait trouvé là un espace médiatique qui lui
permettait de donner à sa voix l’écho dont elle répercutait l’actualité
culturelle et l’édition littéraire.
Quelques jours avant son décès, Jacques De Decker nous confiait être
plongé dans la relecture de quelques classiques qu’il allait explorer à nouveau
dans la bibliothèque de l’appartement qu’il venait d’aménager. La retraite de ses fonctions de Secrétaire général de
l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, allait,
pensait-il, lui donner davantage de loisir pour se consacrer à l’écriture et à la lecture. Il avait projet également de se consacrer aux lectures en
public de textes dont il avait déjà sélectionné quelques auteurs. Parmi ceux-ci, Stéfan Zweig dont il relisait la biographie de
Stendhal, son écrivain fétiche.
En 2013, sous le titre « Zweig , la remise à neuf » , il
évoquait la nouvelle série de traductions de l’œuvre de l'écrivain autrichien parue dans la
collection Bouquins. Parmi les traducteurs et traductrices de cet ouvrage
figurait en bonne place Françoise Wuilmart , amie de toujours de Jacques De Decker, avec
qui elle avait créé le « Collège européen de traduction littéraire de
Seneffe »
Ci-dessous, figurent le texte de la version courte de La Marge et deux enregistrements sonores : lecture de la
version courte (4’) et chronique improvisée de Jacques De Decker (18’) à propos
de Stefan Zweig, de la traduction littéraire, de ce volume de nouvelles
traductions et de Françoise Wuilmart.
Jean Jauniaux , le 21 avril 2020
Ecouter la version longue sur Soundcloud
Ecouter la version courte (4') sur Soundcloud
Ecouter la version courte (4') sur Soundcloud
Ecoutez Jacques De Decker sur soundcloud |
"La Confusion des sentiments et autres
récits" de Stefan Zweig,
Nouvelles traductions sous la direction de Pierre
Deshusses,
"Bouquins", Robert Laffont
"LA REMISE A NEUF DE ZWEIG"
Vers le site de l'éditeur |
C’est une grande opération de rénovation. Plus
besoin de rassembler tant bien que mal les vieilles éditions de poche des
récits de Stefan Zweig accumulés au fil des ans ou hérités leurs lecteurs
précédents, dénichés pour une bouchée de pain dans une brocante ou simplement
trouvés abandonnés sur une tablette de wagon de chemin de fer ou sur un banc
public : les voici tous comprimés en un volume, pratique, maniable et compact
comme le sont tous ceux de cette fabuleuse collection Bouquins dont on ne
chantera jamais assez les éloges. A côté de la Pleiade, guindée, prétentieuse
et de plus en plus indéchiffrable à mesure que le lecteur prend de l’âge, elle
apparaît comme un véhicule des plus confortables du pur plaisir de la lecture.
Or, du plaisir, Stefan Zweig en a dispensé à
foison, de son vivant déjà et après sa mort davantage encore. Il est l’écrivain
de langue allemande le plus traduit et le plus lu au vingtième siècle. Il dame
le pion à quelques géants : Thomas Mann, Musil, Hofmannsthal et consorts. Ces
derniers, jaloux de son succès, ne dissimulaient pas leur mépris pour ce
collègue qui, lui, ne se lassait jamais de reconnaître leurs mérites. Car Zweig
était le bon confrère par excellence, et pas seulement avec les littérateurs de
sa culture, il entretenait des relations transfrontalières avec ses
contemporains dont il savait la langue, et il en maîtrisait quelques-unes.
C’est ainsi qu’il était l’ami de Romain Rolland, à qui il consacra dès son
jeune âge une étude monumentale, de Jules Romains dont on se demande quand il
sortira d’un purgatoire qui pourrait bien être définitif, et aussi de quelques
Belges de grand format, comme Emile Verhaeren ou Franz Masereel. Qu’il partage
les opinions de ces intellectuels de gauche prouve bien qu’il ne collait pas
avec l’image du lettré bourgeois dans laquelle on l’a enfermé.
Il était, il est vrai, le fils d’un patron
d’une grande usine de textile autrichienne dont, à la mort de son père, il
laissa la gestion à son frère, lui se contentant d’en toucher les dividendes.
Ses droits d’auteur, à la mesure de ses talents, ne faisaient que grossir
davantage ses revenus plantureux. Mais cela lui permettait surtout d’en faire
partager les avantages par ses confrères : sa somptueuse propriété de Salzbourg
était, avant 1933, le carrefour de l’intelligence européenne. Cette utopie se
fracassa dès la prise de pouvoir de Hitler et lorsque l’Anschluss, applaudi par
la majorités de ses compatriote, plongea son pays dans le cauchemar. Il fut
donc forcé à l’exil, jusqu’au Brésil, où il prit, à soixante ans, en 1942, la
dose de Véronal nécessaire pour fuir un monde qu’il avait vu s’écrouler.
Mais il laissait, en-dehors de bon nombre de
magistrales biographies, une œuvre de fiction qui ne connut jamais la
désaffection du public. Ce sont ces récits, tous écrits sur le fil du rasoir,
d’une finesse et d’une humanité extrêmes, subtils et généreusement mis à la
portée de tous, qui se trouvent réunis dans ce volume qui nous présente des
textes comme remis à neuf du fait d’un admirable travail collectif de retraduction.
Françoise Wuilmart, directrice du Centre Européen de Traduction Littéraire de
Bruxelles et du Collège Européen de Seneffe est l’un des sept orfèvres réunis
par Jérome Deshusses pour assurer cette entreprise de restauration. On a beau
connaître quelques-uns des textes réunis, on les redécouvre à la faveur de
cette lecture collective où le scrupule le dispute au talent. D’autres versions
vont suivre sans doute, à la faveur de l’entrée de Zweig, 70 ans après sa mort,
dans le domaine public. Mais il serait étonnant qu’elles atteignent le niveau
de qualité de celle-ci.
Jacques De Decker (2013)
Les "Marges" s’enchaînent sur
quelques mesures de l’allegro moderato alla fuga de la Sonate n°2 de Nicolas
Bacri interprété par Eliane Reyes. Ce morceau est extrait du récent CD
enregistré chez NAXOS des "Oeuvres pour piano de Nicolas Bacri"
interprétées par Eliane Reyes
Référence : NAXOS 8.572530
N.B. Vient de paraître en février 2020, aux Editions Robert Laffont, la nouvelle traduction par Françoise Wuilmart de la biographie de Magellan par Zweig.
N.B. Vient de paraître en février 2020, aux Editions Robert Laffont, la nouvelle traduction par Françoise Wuilmart de la biographie de Magellan par Zweig.
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