Camille
Brasseur
Connexions One Art Belge 1945-1975
Comme
tout apprentissage de nouveaux savoir-faire ou connaissances, l’art exige de
celui qui veut s’y familiariser de disposer d’instrument de référence, d’outils
de pédagogie ou de textes accessibles. Directrice scientifique du MauriceVerbaet Art Center (mvAc), Camille Brasseur réunit toutes les qualités
pour nous familiariser avec l’art belge contemporain, mais surtout, nous le
faire aimer à travers une exploration érudite et sensible des oeuvres réunies par Maurice et Caroline Verbaet à Anvers
Selon
les deux collectionneurs anversois,
« l’art belge, malgré sa grande richesse, est résolument sous-estimé et la
période d’après-guerre particulièrement. Les intérêts actuels sont orientés
prioritairement sur l’art contemporain tandis que les créateurs des années
50-60-70 peinent à bénéficier d’un espace de visibilité. ».
Outre
les expositions temporaires (comme celle actuellement consacrée au peintre
anversois René Guiette ), le mvAc exposait lors d'une exposition jubilaire en 2015, des œuvres issus d’une collection de
plus de 70 artistes belges parmi lesquels Burssens, Delahaut, Guiette, Mara,
Moeschal, Mortier, Tapta, Vandercam et Willequet auxquels Camille Brasseur
consacre une grande part de l’iconographie réunie dans le catalogue Connexions
One. Art belge 1945-1975 mais surtout le parti-pris d’isoler de cet
ensemble quelques œuvres et de leur donner « le
déploiement de pièces isolées d’un même puzzle ».
Cette
liberté de choix délibérée permet à l’historienne d’art d’enchevêtrer dans le catalogue de cette exposition
inaugurale le « liens, croisements, réseaux » entre les œuvres, mais
aussi entre celles-ci et leur époque, entre les artistes plasticiens et les
autres arts (ainsi René Guiette mis en correspondance avec son frère Robert,
homme de lettres et poète).
Avec
cette approche, inspirée du cœur plutôt que de l’érudition, de la sensibilité
plutôt que de la connaissance, de la contextualisation plutôt que de
l’expertise, Camille Brasseur nous ouvre une voie lumineuse et stimulante dans
les univers dont elle raconte les émerveillements auxquels elle nous invite.
L’amateur trouvera dans cet ouvrage mille occasions d’assouvir sa curiosité. On dirait le livre fait
idéalement pour annihiler toute appréhension face à ces mouvements artistiques
qui ont irrigué l’après-guerre jusqu’en 1975.
Quant
au lecteur plus averti, collectionneur, enseignant, expert, il trouvera dans ce
catalogue un instrument d’investigation idéal, équipé de notes et de références
d’une rigueur et d’une exigence au plus haut niveau. La conception de
l’ouvrage, le chapitrage thématique et le dispositif iconographique, permettent
différents niveaux de lecture et d’entrée dans l’ouvrage, dont l’écriture
allègre rend inoffensifs tous les écueils savants que l’on aurait pu redouter
en naviguant ainsi dans une effervescence artistique aussi diverse
qu’intense. La mise en relation de la
création avec certains épisodes marquants de l’histoire de ces trente années en
Belgique (notamment l’Expo 58), mais aussi les entrelacements entre l’art et
l’espace public et privé, l’émergence d’artistes belges dans les expositions
internationales, l’éclosion et l’inventivité du design, fait de la lecture de
cet ouvrage de référence un rendez-vous auquel on revient volontiers. Que ce
soit pour vérifier tel ou tel détail, approfondir l’analyse de tel ou tel
artiste, ou simplement se réjouir d’une iconographie qu’on dirait inépuisable
(aussi bien les reproductions d’œuvres que les photographies dédiées à leur
création), nous n’avons eu de cesse de revenir vers un « beau livre »
qui dorénavant figure parmi les livres de référence essentiels pour se
familiariser mais surtout apprécier une des périodes les plus riches,
inventives et décapantes de l’art contemporain.
Jean Jauniaux, le 6 juin 2017
Camille
Brasseur, wetenschappelijk directeur Maurice Verbaet Art CenterConnexions One
Art belge 1945-1975 Antwerp, Pandora, 2015. Hardback, 240x220mm, 408p,
throughout colour illustrations,
French
edition . ISBN: 9789053253960
Cet
ouvrage est conçu comme une immersion dans le contexte artistique de
l'après-guerre en Belgique. Le propos s'attache à rendre hommage aux créateurs
de l'époque autant qu'aux acteurs culturels (directeurs d'institutions,
collectionneurs, galeristes) qui ont créé un environnement fertile à
l'épanouissement de nombreux artistes. De la diversité foisonnante qui anima
les Trente Glorieuses, le parti pris délibéré du propos décloisonne la
chronologie au profit de thématiques réparties en six cahiers principaux. Des
connexions multiples s'établissent autour de temps forts de l'histoire
culturelle du pays. Pérégrinant des biennales internationales à l'Expo 58,
passant de l'engouement pour l'art public à l'éclosion d'une nouvelle
modernité, l'art belge déploie une vitalité sans égal. Ce dynamisme se révèle
par les relations qui se nouent entre peintres, sculpteurs, designers et
architectes. Les oeuvres et réalisations d'une quarantaine d'artistes en
témoignent au fil des pages. Un ensemble de neuf cahiers monographiques sont
composés dans le même esprit que les supports promotionnels, diffusés par le
service de la propagande artistique belge dans les années 1960. Ils font la
part belle aux créations de protagonistes - Jan Burssens, Jo Delahaut, René
Guiette, Pol Mara, Marc Moeschal, Antoine Mortier, Tapta, Serge Vandercam et
André Willequet - qui chacun prirent une direction artistique singulière. Une
façon de prendre la pleine mesure de la richesse d'un petit pays regorgeant
d'immenses talents.
Expo:
najaar 2015, Maurice Verbaet Art Center (mvAc), Antwerpen