vendredi 18 janvier 2019

Hommage à Philippe Roberts-Jones


Hommage à Philippe Roberts-Jones aux Musées royaux des Beaux-Arts le 14 février 2019


Le 14 février 2019, les Musées royaux des Beaux-Arts rendent hommage à Philippe Roberts-Jones qui en fut le directeur et l'infatigable animateur pendant près d'un quart de siècle.
Le cinéaste Yvon Lammens lui a consacré un film documentaire à la fois très érudit et très sensible, à la fois proche de l'homme d'action, de l'homme de plume et de l'homme tout simplement avec qui le cinéaste avait noué une amitié forte et fidèle.
A l'occasion de cet hommage, le film sera projeté dans une des salles des Musées royaux qui portera dorénavant le nom de Philippe Roberts -Jones.

Sur espace-livres.be , nous avions proposé plusieurs entretiens avec le poète Philippe Jones. Le film et la soirée d'hommage seront une occasion de connaitre aussi l'historien d'art et l'administrateur engagé qu'il fut et à qui l'on doit les Musées modernes tels que nous pouvons les visiter aujourd'hui que ce soit le Musée d'Art ancien, dont il dirigea la rénovation, ou le Musée d'Art moderne qu'il reconstruisit.

Jean Jauniaux, 18 janvier 2019

Les liens vers les interviews de Philippe Jones au micro d'Edmond Morrel peuvent être écoutées sur les pages suivantes:
"Image verbale, image visible" 




Voici ce que nous écrivions à propos du film qui sera diffusé  ce 14 février 2019... :

"L'angle de vue" , un film d'Yvon Lammens

                   Cinéaste multiple dans ses curiosités Yvon Lammens plante sa caméra et ses micros aussi bien, dans des sites miniers abandonnés au Congo que sous les lambris de l'Académie royale de langue et littérature française de Belgique, au Musée de l'Armée, dans les archives de la première Guerre Mondiale que dans les ateliers d'artistes.
                     Cinéaste de la patience, Lammens n'hésite jamais à consacrer plusieurs années à un même sujet si ce dernier l'exige.
                 L'important pour lui n'est pas l'actualité, mais l'avancée progressive dans la compréhension des thèmes qu'il aborde et dans la complicité avec les personnalités dont il filme le portrait sensible.

             Cette démarche nous donne des oeuvres hors-norme, inspirées elles sont aussi instruites et documentées, fluides elles ne reculent pas devant les obstacles qu'elles entourent pour mieux les saisir, argumentées elles n'imposent pas un point de vue, mais nourrissent la curiosité, l'envie d'en savoir davantage.
          On doit à Lammens une filmographie singulière par sa diversité et exemplaire par ses engagements. Il suffit d'aller visiter le site que lui consacre Cinergie pour s'en convaincre:l'Afrique, les SDF, la littérature, l'art contemporain, l'histoire sont autant de sources d'inspiration pour cet observateur engagé. 
             Un hommage rendu par l'Académie Royale de Belgique à Philippe Roberts-Jones nous a donné l'occasion une nouvelle fois de constater ce qui fait de l'approche documentaire de Lammens, une plongée dans le temps et l'espace d'un destin, fut-il exceptionnel comme celui de Jones qui fut poète, écrivain, historien d'art et académicien, mais aussi directeur des Musées Royaux et fondateur du Musée d'Art Moderne à Bruxelles, professeur à l'université de Bruxelles, ami des plus grands artistes de son temps et des écrivains, ses pairs. Pendant 16 ans, Yvon Lammens a filmé Philippe Jones dans les circonstances officielles qui faisaient de lui un homme public, célébré et honoré (ne serait-ce que par l'Institut de France), un intellectuel brillant, un érudit de haut vol. Pendant 16 ans, le cinéaste a surtout noué avec son sujet une complicité affectueuse, un compagnonnage sans fatuité qui permirent à l'un de filmer au plus près, à l'autre de se  livrer avec amitié, aux deux de nous donner un portrait érudit, souriant, de la vie d'un homme du siècle qui s'est éteint au milieu de l'été 2016.

              Se jouant de la chronologie qu'il alimente d'anecdotes et de points de repères, le film déroule les différents fils qui, au bout de 50 minutes, constitueront un ensemble dont la cohésion surprend, tant elle parvient à restituer de façon idéale le parcours d'un homme engagé dans la cité. Cette cohésion, cette cohérence viennent autant de ce qui a fait le destin de Philippe Jones, marqué à l'entrée de l'âge adulte par la mort de son père fusillé par l'occupant nazi, que du regard attentionné du cinéaste. Fragments de conversation, (on ne peut pas parler d'"interview"tant la complicité est confiante), regard soudain pétillant par l'évocation d'un souvenir, sourire bienveillant ou grave, mouvement des mains, de la tête, rien de ce qui peut signifier n'échappe au réalisateur de ce portrait.

            On dit que l'Histoire nous construit. Celle qui transparait ici, dans la lumière d'une vie insatiable, nous offre un inestimable viatique dont on ne dira jamais assez combien il mériterait d'être diffusé, partagé, commenté.

         On sait que d'autres films sont en attente dans la salle de montage du cinéaste. On les attend déjà avec impatience. Qu'il ne se décourage pas de les achever!

Edmond Morrel, le 4 mars 2017





Le film "L’angle de vue" . 

Philippe Roberts-Jones par Yvon Lammens retrace, à partir des origines britanniques et du milieu familial de Philippe Roberts-Jones, le déroulement d’une carrière vouée à l’écriture et à l’action.
Historien d’art d’une part, poète et novelliste sous le nom de Philippe Jones d’autre part, auteur d’une œuvre abondante, il enseigna à l’Université Libre de Bruxelles, y fondant la section d’art contemporain; il dirigea pendant 24 ans les Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, dont il assura la rénovation et l’extension du Musée d’Art ancien et la reconstruction du Musée d’Art moderne.


Sa charge, ensuite, de Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique durant quinze ans lui permit de moderniser certains aspects de l’Institution et de mettre en chantier le bâtiment des Ecuries royales. A travers le film, nourri d’interviews diverses et d’images éclairantes, se dessinent avec franchise et naturel le visage et le caractère d’un bâtisseur, d’un homme ouvert, sans préjugés, profondément humain et ayant, par son enseignement, formé de nombreux historiens d’art.

mercredi 16 janvier 2019

Italiens: quand les émigrés c'était nous...

L'Histoire est un inépuisable vivier d'enseignements et de réflexions sur le présent. Connaître le passé nous aide à nourrir l'approche que nous formulons du présent. C'est inspiré de cette conviction que LIVRaisons vous incite à vous intéresser au spectacle "Italiens, quand les émigrés c'était nous"  et à vous présenter ci-dessous en quelques lignes le communiqué annonçant ce spectacle dont une représentation sera donnée en français à Bruxelles. Sans aucun doute verrons-nous avec un regard renouvelé les flots d'informations qui nous arrivent concernant les migrants et leur donnerons-nous plus sereinement, à chacune et chacun, un visage, une voix, un regard, plutôt que de ne considérer d'eux qu'une multitude anonyme. 
Jean Jauniaux 


Pour réserver vos places, cliquer ici



"Des pages et des chansons originales, des histoires, des portraits et des chroniques ont inspiré la réalisation de ce spectacle que les passionnés d’histoire de l’Italie et de l’émigration ont chaleureusement accueilli. 90 minutes pour parcourir en chansons, images et réflexions, cet exemple singulier dans l’histoire des émigrations. Le plus grand exode de l’histoire moderne a été celui des Italiens. Plus de 27 millions d’entre eux quittèrent la Péninsule pour les quatre coins du monde. Le spectacle offre plusieurs entrées, conformément à la diversité des parcours et des histoires des émigrés. Tout d’abord la situation en Italie au moment du départ, le voyage de l’espoir et souvent la tragédie du naufrage en mer. L’enracinement dans les pays d’accueil mais aussi le rejet et le racisme à leur égard. Une mise en scène sobre mais poignante qui évoque une époque, pas si lointaine, où les Italiens étaient immigrés, clandestins et à la recherche d’une dignité que leur pays n’arrivait pas à leur donner. Un rôle essentiel dans le spectacle est joué par les images et les vidéo originales. Car l’image est, avec la chanson et la parole, une manière de comprendre les choses et d’en rendre compte. Quant aux acteurs, chanteurs et musiciens, c’est en les écoutant qu’on en découvre la saveur. C’est grâce au talent et à la passion des 25 membres, plus 6 musiciens, de la troupe GRUPPO INCANTO de Toulouse, née autour de la revue RADICI, que l’on restitue, avec intégrité, cette histoire commune et unique."

Description
SPECTACLE EN FRANÇAIS
Tarif Normal: 15 € - à partir du 16 janvier 2019
Tarif Réduit: 10 € - jusqu'au 15 janvier 2018: tout le monde peut bénéficier du tarif réduit; à partir du 16 janvier 2019 ce tarif s'applique exclusivement aux enfants (-10 ans), aux seniors (+65 ans), et aux membres de l'Institut Culturel Italien


dimanche 13 janvier 2019

Revoir, relire, ré-écouter...une nouvelle rubrique de LIVRaisons...

Revoir, relire, ré-écouter...

Dans cette nouvelle rubrique, LIVRaisons vous propose d'évoquer des films, livres, tableaux, oeuvres musicales que nous avons eu l'occasion de revoir ou re-visiter.
Premier article inspiré par le film Ré-enchanter le monde  que Jean-Jacques Péché consacre en 2013 au chef d'orchestre Léonardo Alarcon, lors de séances de répétitions avec l'Orchestre des Jeunes de la Grande Région et le Conservatoire royal de Liège.
Jean Jauniaux, Rédacteur en chef de LIVRaisons

Un film de Jean-Jacques Péché
A la rencontre de Leonardo Alarcon... 


Le film de Jean-Jacques Péché nous dit bien davantage que ce qu’il nous donne à voir et écouter. Lorsqu’il place sa caméra au cœur de ces journées de répétition de l’0rchestre des Jeunes de la Grande Région, le réalisateur semble capter une grâce singulière et indéfinissable. On hésite à la désigner tant elle est à la fois permanente et fugace, faite d’instants et de mouvements, rythmée et profonde. Elle exprime la multiple générosité de ce qu’elle nous offre en partage.
Générosité d’une ambition : celle de réunir sous la baguette d’un chef d’orchestre à l’envergure planétaire un ensemble orchestral réunissant des jeunes étudiants de conservatoires de quatre régions d’Europe.
Générosité de la pédagogie : regarder Leonardo García Alarcón répondre à telle ou telle anxieuse préoccupation d’un jeune instrumentiste nous en apprend bien davantage sur la transmission que bien des discours.
Générosité de la musique : s’il est galvaudé de répéter qu’elle est un langage universel, il suffit ici de la regarder se construire au fil des heures de répétition, de tâtonnements, de recherche pour se convaincre qu’elle traverse les frontières les plus hermétiques.
Générosité du regard : la caméra est au plus près du cœur battant de cet ensemble réuni dans la musique d’Astor Piazzolla.
Pas un regard, pas un geste, pas un sourire ou un stress n’échappent à l’attention de celui qui a toujours fait du cinéma documentaire un irremplaçable instrument de compréhension par l’empathie.
Il en fait ici une nouvelle démonstration, en saisissant le miracle de l’enchantement.

S’il est un titre de film approprié, c’est bien celui-ci : « Réenchanter le monde »

Jean Jauniaux

Sur le site de Outhere, des extraits des cd de Cappella Mediterranea dirigés par Leonardo Alarcon, dont la "Lettera amorosa"  de Monteverdi :


Sur le site de Medici TV où l'on peut voir un extrait du documentaire réalisé par Jean-Jacques Péché:

« Ce documentaire dévoile les coulisses de la préparation de la tournée européenne annuelle de l’orchestre des Jeunes de la Grande Région, en présence de l’illustre chef d’orchestre argentin, Leonardo García Alarcón.
En 2013, le conservatoire de Liège a été le lieu d’une aventure musicale transrégionale exceptionnelle : une semaine intense d’ateliers et de répétitions, en présence du grand chef d’orchestre Leonardo García Alarcón.
Leonardo García Alarcón est un admirable chef d’orchestre argentin, aujourd’hui spécialisé en musique baroque. Il est notamment connu pour avoir récemment révélé l’œuvre remarquable de Falvetti, Diluvio universale, ainsi que l’opéra Ulisse all’Isola di Circe de Zamponi.
Pour cette tournée, toutefois, c’est le registre musical argentin qui est à l’honneur. Le programme se compose de morceaux de tangos savoureux, d’arrangement pour soprano au bandonéon ainsi que de la Argentina Sinfonica d’Astor Piazzolla, œuvre inédite et très peu jouée.
Ce documentaire met en lumière comment ces 80 jeunes musiciens, sélectionnés parmi les meilleurs étudiants des conservatoires et écoles supérieures de Sarre, de Lorraine, du Luxembourg et de Wallonie, s’approprient ces œuvres et les font vivre. »



jeudi 10 janvier 2019

Respighi et son œuvre pour orgue

Respighi et son œuvre pour orgue : une autre facette de l’auteur des Pins de Rome


Ottorino Respighi (1879-1936) est connu par les mélomanes pour son chatoyant triptyque symphonique dans lequel il rend hommage aux pins et aux fontaines de Rome, puis aux fêtes de la Ville éternelle. Ces séduisantes partitions, auxquelles on ajoutera des œuvres comme la suite Les Oiseaux, les Danses et airs anciens ou La Boutique fantasque, ballet d’après Rossini, constituent en général ce que l’on connaît de ce compositeur. C’est en fait l’arbre qui cache la forêt. L’œuvre de Respighi est considérable  (opéras, ballets, nombreuses pages symphoniques et concertantes, musique de chambre…) et souvent de grande qualité, ainsi qu’on a pu le constater à travers quelques productions du label Chandos des années 1990. Originaire de Bologne, Respighi émigre dès 1900 à Saint-Pétersbourg où il occupe le poste d’alto solo dans l’orchestre impérial. C’est l’occasion pour lui de recevoir quelques leçons d’orchestration de Rimsky-Korsakov, dont l’influence se fera sentir dans ses créations. Il bénéficie aussi de conseil de Max Bruch. De 1903 à 1908, il se lance dans une carrière de soliste avant de se fixer à Rome, où il devient professeur de composition à l’Académie Sainte-Cécile. Dès lors, il se consacre à son art personnel.

La firme Tactus, qui a déjà mis en évidence de la musique de chambre de Respighi, propose en première mondiale, et sur un seul CD, une intégrale de son œuvre pour orgue (TC 878103). Ces partitions couvrent la période 1905-1915 ; il s’agit de quelques préludes et d’une élégiaque Elevazione, auxquels ont été ajoutées deux transcriptions récentes de fragments non achevés par le compositeur. L’ensemble est d’une écoute agréable ; le goût de Respighi pour le faste s’y retrouve, mais aussi des différences d’atmosphère, dans le style de Max Reger, au cours desquelles l’introspection, la méditation et la couleur sonore sont présentes. L’organiste qui nous offre ces perles méconnues, Andrea Macinanti, natif lui aussi de Bologne, déploie son talent sur l’orgue de la cathédrale de l’Assomption de la cathédrale de Saluzzo, une cité médiévale située dans le Piémont. L’instrument des frères Serassi date de 1855, il a été restauré en 1998. L’enregistrement date de 2001, et semble être demeuré en attente jusqu’à aujourd’hui. Même s’il n’est pas de grande ampleur, cet orgue sonne dans une chaude ambiance qui en différencie bien les timbres. Tout cela n’est certes pas révolutionnaire, mais ajoute une facette intéressante à la connaissance de Respighi. L’essentiel se situe en fin de programme : une passionnante Suite pour instruments à cordes et orgue, qui date de 1906 et a été complétée en 1914. Il s’agit d’une partition de près de 25 minutes, de forme classique et d’un grand lyrisme inspiré, nourri par de grandioses moments et des couleurs fauves dont Respighi a le secret. Macinanti nous la fait connaître, enregistrée en 2015, à travers l’orgue récent du Conservatoire d’Udine, une ville du Frioul, avec l’orchestre Archi dell’Academia Symphonica du lieu, conduit par PierAngelo Pelucchi.  

Voilà une belle alternative aux trop rares partitions destinées à l’orgue et à l’orchestre. On peut désormais ajouter celle de Respighi aux symphonies de Saint-Saëns et de Copland ou au superbe Concerto de Poulenc.      


Jean Lacroix