mercredi 31 octobre 2018

Le cinéma comme instrument d'intégration: Cinemaximiliaan à Bruxelles

Le cinéma comme instrument d'intégration et de sensibilisation: 
"Cinemaximiliaan" à Bruxelles 

Sur le site de PEN Vlaanderen


Parmi les actions menées autour du Parc Maximilien à Bruxelles, LIVRaisons se devait de mettre en évidence une initiative originale, stimulante et citoyenne: "Cinemaximiliaan". En collaboration avec PEN Polyphoon, un rendez-vous culturel et littéraire de PEN Vlaanderen, une après-midi littéraire permettra au public de découvrir des écrivains et auteurs issus de la migration. Ce sera le samedi 17 novembre de 16h30 à 20H00. L'entrée est libre...
Nous reproduisons ci-dessous les communiqués annonçant l'événement...dont, bien entendu, PEN Belgique est solidaire et se fait volontiers l'écho.

Entrée libre... deux mots qui prennent ici une résonance singulière et bienvenue...



Présentation par PEN Vlaanderen:

Le samedi 17 novembre, une des initiatives du centre PEN Vlaanderen, « PEN Polyphoon » sera l'invitée de l'organisation sœur Cinemaximiliaan, la plate-forme cinématographique destinée aux migrants nouveaux arrivants. Les écrivains sous l’auspice de PEN Vlaanderen, présenteront leur travail et évoqueront les difficultés qu’ils rencontrent pour atteindre un public belge.

Rencontre avec la poétesse Alia Serouji (Syrie), l'auteur et scénariste Hazim Kamaledin (Irak / Belgique), le poète écrivain-journaliste Hoshang Ossi (Syrie kurde), l'auteur musicien Mario Paric (Bosnie) et le journaliste Refqa Shaqoor (Palestine).

Avec la dramaturge Carmien Michels, l'auteur Ellen Van Pelt et l'auteur, illustratrice et actrice Joke Van Leeuwen, ils vous présenteront un plaidoyer inoubliable. (Traduction du néerlandais: PEN Belgique)


Op zaterdag 17 november is PEN Polyfoon te gast bij zusterorganisatie Cinemaximiliaan, het filmplatform voor en door nieuwkomers. Onze schrijvers stellen hun werk voor en praten over de moeilijkheden die ze ondervinden om een publiek in België te bereiken.

Maak kennis met dichteres Alia Serouji (Syrië), auteur en theatermaker Hazim Kamaledin (Irak/België), dichter/schrijver-journalist Hoshang Ossi (Koerdisch Syrië), auteur/muzikant Mario Paric (Bosnië) en journaliste Refqa Shaqoor (Palestina).

Samen met podiumdichteres Carmien Michels, auteur Ellen Van Pelt en auteur, illustratrice en actrice Joke Van Leeuwen zorgen ze voor een onvergetelijke woordenvloed.



Wanneer? zaterdag 17 november, 16u30- 20u00
Waar? Cinemaximiliaan Project House, Manchesterstaat 36, 1080 Sint-Jans-Molenbeek
Inkom? GRATIS. 
Als je er graag bij wil zijn, geef dan gewoon even een seintje via info@penvlaanderen.be



Cinemaximiliaan is a platform with and by newcomers in Belgium. We started in an improvised camp at the Maximiliaan Park in Brussels with daily film screenings. Cinemaximiliaan quickly grew to become a vast network of volunteers, amongst them many newcomers. Together we bring light to the day and to the night.

Cinemaximiliaan is like an itinerant ‘living room’ bringing films in various remote asylum centers around Belgium on a regular basis, where there is a need for encounter and cultural exchange. Also we organise many events, film screenings in cinemas and at people's homes, music performances, debates, lectures, workshops, encounters… welcoming newcomers to take part and to shape cultural life in Brussels and Belgium.

The Cinemaximiliaan project house is an open house where people stay over after events, eat, meet, work and think together.

Since shortly we’re also making artistic productions: a touring concert with silent film and a film production platform involving many people from different horizons. Cinemaximiliaan is like a bridge for many encounters and occasions through which newcomers can continue their path in a new homeland.


All Welcome!

« Cinemaximiliaan » est une plate-forme créée avec et par les nouveaux arrivants en Belgique. Le projet a débuté dans un camp improvisé au Parc Maximilien à Bruxelles avec des projections de films quotidiennes. Cinemaximiliaan est rapidement devenu un vaste réseau de bénévoles, parmi lesquels de nombreux nouveaux arrivants. Ensemble, nous apportons de la lumière au jour et à la nuit.

Cinemaximiliaan est comme un «salon» itinérant proposant régulièrement des films dans divers centres d’asile en Belgique, permettant des rencontreset des échanges culturels. Nous organisons également de nombreux événements, des projections de films dans les cinémas et chez les particuliers, des concerts, des débats, des conférences, des ateliers, des rencontres… accueillant les nouveaux arrivants pour qu’ils participent et contribuent à la vie culturelle à Bruxelles et en Belgique.

Le projet Cinemaximiliaan est une maison ouverte où les gens restent après les événements, mangent, se rencontrent, travaillent et réfléchissent ensemble.


Depuis peu, nous produisons également des productions artistiques: un concert itinérant avec film muet et une plate-forme de production cinématographique impliquant de nombreuses personnes d'horizons différents. Cinemaximiliaan est comme un pont pour de nombreuses rencontres et occasions par lesquelles les nouveaux arrivants peuvent continuer leur chemin dans leur pays d’accueil. (Traduction de langages: PEN Belgique)

lundi 29 octobre 2018

Zehra Dogan, vous n'êtes pas seule...

Zehra Dogan : le soutien actif de PEN International et de PEN Belgique continuent malgré le transfert de l'artiste et journaliste vers la prison de Tarsus


Parmi les actions que mène PEN Belgique, figure le soutien aux écrivains en prison. Une attention particulière est portée au sort réservé aux femmes menacées, emprisonnées, jugées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.
Un de moyens de les soutenir est de les nommer « membres d’honneur » de notre centre PEN et de lui adresser, en nombre, des messages d’encouragement.
PEN Belgique a ainsi adopté l’artiste et journaliste Zehra Dogan devenue en 2017 membre d’honneur de PEN Belgique. Nous apprenons par le biais de PEN International, que Zehra Dogan a été transférée dans une prison de Tarse.  Les courriers de soutien doivent dorénavant lui être adressés à une nouvelle adresse que vous trouverez ci-dessous. Il est important de ne pas cesser de lui envoyer des signaux de solidarité et de soutien.
Zehra Dogan est rédactrice en chef d'un magazine féminin kurde et elle est également artiste graphiste et peintre. Elle a été condamnée pour avoir exposé un tableau reproduisant une photo prise par l'armée turque de la ville de Nusaybin, en ruine après un bombardement. Zehra Dogan a ajouté des drapeaux turcs sur certains bâtiments bombardés. Elle a été accusée de propagande pour une organisation terroriste et condamnée à deux ans, neuf mois et 22 jours d'emprisonnement.
Les autorités turques ne lui communiqueront que des messages en turc. Vous trouverez donc ici un court message en turc. L'adresse est celle à laquelle vous pouvez aussi envoyer des cartes postales (neutres).

Voici le message à lui adresser :

« Zehra, yalnız değilsin. Emeğinle gurur duyuyor, cesaretini kutluyoruz. Sesinin dünyada duyulduğunu bilmeni istiyoruz. Özgürluğün iҫin mücadele vermeyi sürdüreceğiz. »

En voici la traduction française : « Zehra, vous n'êtes pas seule. Nous sommes fiers de votre travail et célébrons votre courage. Votre voix est entendue dans le monde entier et nous continuerons à plaider pour votre liberté. »

Zehra Doğan C-3
Tarsus Kadın Kapalı CİK
Alifakı Mahallesi Alifakı sokak
Tarsus – MERSİN
TURKEY


Pour en savoir davantage :
« Les Yeux grands ouverts », un livre reproduisant certaines de ses œuvres, dont de bouleversants portraits réalisés en prison, a été publié aux Editions Fage :
Une vidéo présentant ce livre a été mise en ligne sur Youtube :
L’artiste Bansky a dédié une de ses peinture murales, dévoilée  à New-York en mars 2018, à l’artiste emprsonnée. On peut voir cette œuvresur le site instagram de l’artiste


Jean Jauniaux, Président de PEN Belgique




mercredi 24 octobre 2018

"Idée" de Masereel: un livre et une maison d'édition à découvrir...

 « Tout pourrait périr : tous les livres, les monuments, les photographies et les documents, si subsistaient les xylographies que Frans Masereel a créées pendant ces dix années, par elles seules pourrait être reconstruit notre monde contemporain, et de surcroît rien que ces feuilles nous donneraient à saisir l'esprit dangereux, le génie et les remous psychiques de notre époque. »

« La quantité de travaux de cet artiste infatigable épuise, comme l’écriture imagée des Egyptiens, toutes les formes du monde contemporain. Si tout était anéanti : livres, monuments, photographies, descriptions, etc. et qu’il ne restât plus que les bois qu’il a gravés en dix ans, on pourrait, avec eux seuls, reconstituer le monde d’aujourd’hui. »
Ces deux extraits de  Frans Masereel. L’homme et l’oeuvre de Stefan Zweig (Editions Maintenant, 1946)  suffiraient à nous convaincre d'explorer davantage encore l'oeuvre de Frans Masereel. 
L'occasion nous en est donnée lors d'une rencontre programmée ce 25 octobre à 19H à la Librairie Tropismes de Bruxelles.
Jean Jauniaux, 25 octobre 2018


"Frans Masereel, l'empreinte du monde", rencontre avec Martin de Halleux

Le 25 octobre 2018 à 19h00
carré masereelTropismes vous invite au lancement des éditions Martin de Halleux à l'occasion de la parutionde deux livres autour de Frans Masereel. Martin de Halleux dressera un panorama complet de l'oeuvre de Frans Masereel avec la projection de nombreuses gravures commentées.
Les éditions Martin de Halleux publient cet automne la plus importante monographie jamais consacrée au graveur belge Frans Masereel, accompagnée du roman sans paroles"Idée", œuvre maîtresse de Masereel qui raconte en 83 images la vie d'une idée.
Frans Masereel (1889-1972) est aujourd’hui considéré comme l’inventeur du roman graphique moderne sans paroles. Grand ami de Stefan Zweig, Romain Rolland ou encore George Grosz, le graveur belge va marquer les esprits avec ses œuvres engagées en noir et blanc. et susciter l’admiration de ses contemporains tels Pierre Jean Jouve, Thomas Mann, Hermann Hesse et biend 'autres.

Mendelssohn: Milstein, Siranossian, deux approches du Concerto pour violon

Deux approches du Concerto pour violon de Mendelssohn...

Nathan Milstein

Le 25 août 1938, Arturo Toscanini inaugurait la première édition du Festival de Lucerne qui, au fil des ans, allait prendre une ampleur artistique considérable et devenir un lieu de référence pour la musique. De nombreux concerts de haut niveau, dont des témoignages subsistent, l’ont montré à foison. Le label Audite (95.646) propose des enregistrements extraits de deux prestations publiques qui se sont déroulées dans la cité suisse au cours des années 1950. Le soliste était à chaque fois le fabuleux violoniste Nathan Milstein (1903-1992). Né à Odessa, élève du légendaire Léopold Auer, Milstein avait quitté la Russie en 1925 avec son ami Vladimir Horowitz pour une tournée européenne. Il décida de ne pas retourner dans son  pays. A Bruxelles, en 1926, il reçut quelques leçons d’Ysaÿe qui constata qu’il n’avait plus rien à lui apprendre. Il entama une carrière américaine dès 1929 et devint très vite l’un des archets les plus prestigieux du XXe siècle. Dès 1945, il jouait sur un Stradivarius de 1716, le « Goldman » qu’il rebaptisa « Maria Teresa » en l’honneur de son épouse et de sa fille et pour lequel il avait une prédilection, même s’il acquit aussi le « Dancla » de 1703. La perfection technique de Milstein était immense ; il avait une obsession absolue pour l’articulation des notes, la sobriété, la clarté et la rigueur, il ne cédait pas aux effets faciles ni au spectaculaire. Son implacable virtuosité était totalement maîtrisée, et sa recherche de nouveaux doigtés, incessante. Le dépouillement du jeu était une caractéristique de son art que l’on découvre dans les compositions de la période romantique dans laquelle il excellait. Ses disques publiés sont éloquents et demeurent de grandes références, sans cesse rééditées. Les deux concertos que l’on découvre ici sont des habitués de son répertoire. Mais ils permettent d’avoir accès à des versions dirigées par des chefs d’orchestre que l’on ne retrouve pas dans sa discographie officielle. C’est dire leur intérêt. Le concerto de Dvorak (joué le 6 août 1955), avec Ernest Ansermet à la tête de la phalange du Festival, est marqué par « la sonorité incandescente » du violoniste, selon la belle formule du livret, mais surtout par une entente avec l’orchestre qui, mené par le chef suisse avec une flamme qu’il ne s’accorde pas toujours en studio, entretient une vigueur qui entraîne tout sur son passage. On connaît d’ardentes versions de studio avec Steinberg ou Frühbeck de Burgos, mais celle-ci vit d’une plus value scénique qu’il faut admirer. Que dire alors du Mendelssohn, enregistré le 12 août 1953, avec Igor Markévitch à la baguette ? Ici aussi, la tension est palpable, le compositeur est loin de l’image raffinée, subtile et élégante dont beaucoup d’interprètes l’affublent. Du début à la fin, Milstein, soutenu par un orchestre souverain, déploie un jeu vigoureux, sans affectation, il va droit au but, tambour battant. Une version qui va de l’avant, sans détour, qui « sonne comme celle d’un homme en fuite », précise justement l’excellent livret. Milstein a enregistré le Mendelssohn en studio à plusieurs reprises (Walter, Abbado, Kurtz, Steinberg…), mais cette version de Lucerne est l’une des plus engagées. On saluera la qualité de la prise de son de ces soirées des années 1950 ; leur apport à l’histoire de l’interprétation du violon est indiscutable.



Le hasard des publications veut que paraisse simultanément un CD Alpha (410) sur lequel, aux côtés de l’Octuor de Mendelssohn, figure ce concerto pour violon opus 64. C’est la Française Chouchane Siranossian, qui s’est spécialisée dans le domaine de l’interprétation historique et de la musique contemporaine, qui officie, soutenue par l’ensemble Anima Eterna Brugge, dirigé par Jakob Lehmann, en public, en novembre 2016.  On entre dans un univers totalement différent, d’abord parce que la version choisie est l’originale de 1844, exempte des quelques embellissements en termes de virtuosité audacieuse et des mesures complémentaires que Mendelssohn y apporta sur les conseils d’un ami. Ce retour aux racines est vu par les interprètes comme « un aperçu dans l’atelier » du compositeur. Il intègre aussi un mélange des deux versions, notamment dans la cadence, ce qui fait apparaître l’ensemble comme assez mince, dans une conception étriquée, dont la flamme est absente. La volonté de rajeunissement provoque une impression de projet inabouti, le final étant par ailleurs assez confus au niveau de son ambiance. L’Octuor qui complète le CD est joué lui aussi dans sa version originale, celle de 1825, qui est plus longue. La soliste et ses sept comparses, au nombre desquels figure le jeune et talentueux Jakob Lehmann parmi les violons, en signent une version enthousiasmante : les dynamiques sont soulignées avec élan, les pupitres sont en parfaite harmonie, la structuration du discours, qui prend souvent une dimension symphonique, emporte l’adhésion. Une réussite en demi-teinte donc pour ce CD dont l’ambition était une approche différente de Mendelssohn. On l’aura compris, notre préférence reste acquise à Milstein pour le concerto.

Un petit clin d’œil pour terminer. On trouve souvent dans les biographies de Milstein l’indication « 1904 » comme date de naissance. C’est une fausse affirmation, comme il le dit lui-même dans son autobiographie « De la Russie à l’Occident », écrite à quatre mains avec Solomon Volkov et publiée par Buchet-Chastel en 1991. Aux pages 8 et 9 de ce volume, Milstein précise : « Je suis né le dernier jour de 1903. Vingt-deux ans plus tard, quand avec mon ami du même âge que moi, le pianiste Vladimir (« Volodya ») Horowitz, nous nous préparâmes à quitter la Russie pour l’Occident, nous dûmes l’un et l’autre nous rajeunir d’une année, sinon nous n’aurions pas été acceptés à l’étranger. C’est pourquoi beaucoup d’ouvrages de référence indiquent 1904 comme année de naissance pour Horowitz et moi-même, mais c’est faux. » Le livret du CD Audite présenté ici commet l’erreur signalée par Milstein. Son autobiographie, épuisée depuis longtemps, a  reparu en avril 2018 chez le même éditeur. Une lecture qui s’impose pour approfondir la connaissance d’un artiste incomparable.

Jean Lacroix