"En avant Marx!" : bientôt disponible le nouveau MARGINALES...
Un fragment de l'éditorial et la couverture de la prochaine livraison de la revue MARGINALES: voilà, nous semble-t-il, une belle manière d'inviter les lecteurs de LIVRaisons à passer commande du numéro à venir!
Il s'agira d'un fort volume de plus de 200 pages réunissant des textes originaux de fiction, signés d'auteurs aussi variés que Grégoire Polet, Corinne Hoex, Michel Goldblat, Rose-Marie François, Jean-Baptiste Baronian, Anatole Atlas, Françoise Nice, Daniel Simon et autres nouvellistes inspirés par la figure et le destin de Karl Marx.
Pour commander le numéro (10 €) ou vous abonner (ce qui est encore mieux et inclura dans deux saisons le n° historique de Marginales, 300 ème livraison de la plus ancienne revue littéraire belge francophone encore publiée), n'hésitez pas à visiter le site de la revue.
La revue se trouvera bien sûr en bonne place dans toutes les librairies...
Jean Jauniaux, le 24 octobre 2018
Fragments d'éditorial:
(…) Ne perdons pas de vue qu’en la personne de
Marx, on n’a pas affaire à un intellectuel en chambre. D’abord, il ne
s’adressait pas à un auditoire du haut d’une chaire, mais était un journaliste,
profession artisanale qui consiste à confectionner jour après jour, pour un
public qu’on espère de plus en plus vaste, une information, c’est-à-dire une
mise en forme communicable d’un fragment de réel. On haussera les épaules à
l’énoncé de cette définition, devenue si lointaine de ce que la presse est en
train de devenir. Non, cette activité-là, Marx l’exerça à ses risques et périls, et lui valut au
demeurant l’opprobre, la censure et
l’exil.
(…)Qu’en est-il aujourd’hui, si l’on se permet
un grand saut dans le temps, de la pertinence du constat dû à l’auteur du
« Capital » ? On se situe, grosso modo, au troisième des stades
les plus spectaculaires de la diffusion de sa pensée. Le premier, que l’on peut
dater de 1917, s’est illustré par le remplacement d’un régime particulièrement
archaïque, qui n’avait rien déduit de la démocratisation des systèmes balayés
successivement par les révolutions anglaise et française, par un autre système dépourvu
du plus élémentaire sens de la
complexité , caricaturalement illustré par l’ascendant de Staline sur ses
« camarades » Lenine et Trotski. Le deuxième acte est celui du
fantasme collectif concrétisé par la chute du Mur de Berlin, où un analyste un
peu impatient a cru voir une « fin de l’Histoire ».
Le troisième acte, nous sommes en train de le vivre. En cessant
d’être dialectique, la politique de papa s‘est littéralement vendue à son
contraire, l’entreprise capitaliste parfaitement émancipée du contrôle étatique,
entraînée dans le pari faustien de « tout au robot », ce substitut
technologique qui a ceci d’avantageux de ne jamais attendre famille, d’ignorer
la maladie, de ne pas se révolter et surtout de ne pas réclamer de retraite
avant d’être envoyé à la casse.
(…)Si l’on n’y prend garde, l’homme n’aura eu
droit à la maîtrise de son destin que fort brièvement en somme. La société des
humains ne se sera libérée que fugacement de la dévotion à la puissance divine,
dont Marx, toujours lui, avait dit – avec tout le respect qu’il s’obstinait à
avoir pour un régime qui avait notamment permis à Michel-Ange de dégager des
pierres toutes les figures qu’il y avait devinées – qu’elle n’était qu’un
stupéfiant consolateur. Aujourd’hui, elle ne confie plus son sort qu’aux impératifs exclusifs des bouliers
compteurs, à ce que le plus disert des contributeurs de cette livraison de
« Marginales » appelle de Capitotal.
Ici encore, la réaction devra être à la hauteur du péril. Se contentera-t-elle du
verdict des urnes? La démocratie est-elle de taille à produire le contrepoison
nécessaire ? Les dernières élections en Belgique en fournissent quelques
signes, mais souvenons-nous qu’elles se sont déroulées dans un pays
particulièrement exercé, parce que complexe par excellence, à slalomer entre
les périls. Mais à l’échelle du monde, nous ne sommes qu’une petite éprouvette.
Il est vrai que ces modestes ustensiles ont déjà contribué à combattre bien des
fléaux…
Jacques De Decker, octobre 2018