vendredi 20 novembre 2015

Pierre Célice vu par le cinéaste Yvon Lammens

Yvon Lammens: le documentaire sensible
Portraits d'artistes
"Pierre Célice" 


Le documentariste Yvon Lammens réalise sans désemparer des films documentaires dont il choisit les sujets en toute indépendance. Travaillant souvent seul - il a mis au point un matériel de prise de vues et de sons qui lui permet cette liberté -, il a à son actif des films inspirés par ses engagements humanistes (une série notamment à propos d'Amnesty International), son attachement viscéral à  l'Afrique (on se souvient de " L’or noyé  de Kamituga", un film réalisé avec Colette Braeckman) et sa fréquentation des écrivains (on attend avec impatience les films qu'il consacre à Jacques De Decker et à Philippe Jones) et des artistes plasticiens (Panamarenko, Ianchelevici )
Avec ces derniers il développe une complicité construite à travers l'admiration envers l'oeuvre et la curiosité envers l'artiste. Ces deux éléments lui permettent d'approcher l'acte de création sans fard, forfanterie, ni morgue. Pédagogue né, Lammens a la générosité de ceux qui aiment partager leurs rencontres et donner la parole, en s'effaçant délibérément derrière leur sujet. 

Cette démarche l'a conduit à réaliser le film consacré à Pierre Célice que nous avons vu hier lors d'une projection au Point Culture Le Phare à Uccle. Ce film est le premier d'une série de 19 portraits auxquels le cinéaste va consacrer un documentaire.

Avec ce premier film (d'une série de 19 portraits auxquels le cinéaste se consacre dorénavant) Lammens nous donne à voir et à entendre en une cinquantaine de minutes Pierre Célice,  attachant, disert ("pourtant il a la réputation d'être un ours", nous dit le réalisateur), en joie de raconter les souvenirs de son enfance, la découverte de sa vocation, la volonté de l'imposer à sa famille qui lui réservait un autre destin professionnel.  La caméra est au plus près du visage lorsque Célice évoque son enfance (il est né au début des années trente dans une famille bourgeoise), la propension à rêver au lieu de s'intéresser aux matières scolaires, la découverte du dessin puis de la peinture, le premier atelier, la fréquentation des écrivains et artistes à Montmartre.  Il raconte tout cela avec la légèreté des confidences que l'on fait à un ami, et Lammens n'en perd pas une miette de cette amitié qu'il a construite, on le sent, bien avant de placer caméra et micro devant l'artiste. 

La confiance entre l'artiste et le cinéaste contribue à n'en pas douter à créer cette proximité à laquelle nous sommes conviés lors de la vision du film. Mais il y a davantage: en abordant la réalisation de l'oeuvre plutôt que sa signification, Lammens donne à Célice l'occasion d'en dire bien davantage sur son art que s'il lui en avait demandé une interprétation. L'artiste n'hésite pas à clamer "il ne faut pas expliquer une oeuvre!" 

Ce portrait sensible né d'une complicité véritable entre deux artistes, le cinéaste et le peintre, progresse par touches successives, par strates semblables à ces collages grâce auxquels Célice nous dit préserver la pureté des couleurs. Le cinéaste, lui, nous offre la pureté d'un regard et d'une sensibilité jamais prise en défaut.

Si d'aventure vous avez l'occasion de voir ce film, n'hésitez pas une seconde, ne manquez pas cette joie que donne l'art lorsqu'il est raconté avec jubilation!

Edmond Morrel, Bruxelles, le 20 novembre 2015



vendredi 13 novembre 2015

MON's Livre: le salon du livre de MONS les 21 et 22 novembre 2015




Catherine Hocquet n’a pas attendu que Mons soit désignée Capitale européenne de la Culture pour créer "MONS Livre". Il faut à n’en pas douter y voir un signe : MON’s Livre, dès son lancement en 2012 était conçu pour s’inscrire dans la durée. Et preuve en est faite : l’édition 2015 de ce Salon en passe de devenir une des plus importantes manifestations consacrée au livre en Wallonie. De 75 exposants, 100 auteurs et 2125 visiteurs lors de la première édition en 2012, MON’s livre pouvait déjà annoncer le double de participants et visiteurs un an plus tard, pour la deuxième édition. Qu’en sera-t-il cette année : l’enthousiaste Présidente de MON’s Livre répond à cette question et à bien d’autres dans l’entretien qu’elle nous a accordé le 12 novembre...
On ne manquera pas de souligner la priorité donnée aux auteurs belges (dont les trois parrains : Arnaud Stouffs, Jean-Claude Servais et Jean-Baptiste Baronian dont le dernier ouvrage, "Le dictionnaire amoureux des Belges" a été évoqué sur espace-livres déjà et contient, bien sûr, une entrée consacrée à la ville du Doudou !) .
Ne serait-ce qu’à ce titre, il faudrait saluer la détermination des organisateurs à valoriser une des littératures francophones les plus dynamiques, originales et inventives qui soit, quoiqu’en disent, écrivent et pensent les commentateurs belges de la vie littéraire, trop souvent aspirés dans le sillage du marketing des ouvrages venus d’outre-Quiévrain. Ce ne sera pas la moindre des qualités de MON’s Livre que sortir de l’ombre factice que leur fait l’édition germano-pratine les éditeurs et écrivains belges que l’on pourra rencontrer, écouter, et lire grâce à ce Salon du livre qui vaut décidément le détour... 
Et, de surcroît, l’entrée est gratuite !

Edmond Morrel, le 12 novembre 2015

mardi 10 novembre 2015

Salon du Livre d'Histoire: une première à Bruxelles ce 15 novembre 2015


Coudenberg, Bruxelles, le 15 novembre 2015




Nous vivons une époque paradoxale. De partout dans le monde nous proviennent des informations instantanées, livrées sur l’infini de la toile à laquelle nous sommes tous reliés. Hélas, nous nous trouvons de plus en plus dépourvus de l’alphabet qui nous permettrait de déchiffrer ces millions d’images et de mots qui nous parviennent. Nous sommes tout autant privés de l’instrument de compréhension qui nous permettrait de mettre dans leur contexte les événements qui nous arrivent "bruts de décoffrage". Parmi ces instruments figure en bonne place ce que les anglophones désignent par "media litteracy" et que l’on pourrait traduire par "média-alphabétisation", c’est à dire la mise à disposition des outils de déchiffrement des informations qui nous parviennent par la internet, pour ceux en tout cas qui paraissent dépourvus des filtres que sont les journalistes, les éditeurs ou les rédacteurs en chef de la presse traditionnelle. L’autre instrument idéal de compréhension du monde est l’Histoire. Comment comprendre, sans les resituer dans leur contexte historique, sans les disposer sur une ligne du temps, les événements dont nous voyons les images partielles, violentes et, finalement, incompréhensibles : la montée des radicalismes, l’intégrisme, Daesh, l’annexion de la Crimée, la question kurde, l’arrivée massive de réfugiés, la fragilité de l’Europe, l’émergence d’un libéralisme forcené...on pourrait citer mille exemples de ce qui nous est donné par le biais des réseaux sociaux pour ne citer que ceux-là.



Dans ce contexte, éveiller la curiosité du public pour l’Histoire ne peut qu’être salué comme une initiative à la fois citoyenne et aussi stimulante ! C’est le projet qu’inaugure à Bruxelles le premier Salon du livre d’Histoire qui se tiendra le 15 novembre prochain au Coudenberg. Cette initiative du Club de l’Histoire créé par l’historien Patrick Weber, sous le parrainage d’une passionnée d’histoire, la Princesse Esmeralda de Belgique, donnera au public l’occasion de rencontrer plus de 60 auteurs belges et français, historiens, romanciers, auteurs jeunesse, scénaristes de bandes dessinées... N’en citons que quelques uns avant d’écouter l’interview de Patrick Weber, rencontré à quelques jours de l’ouverture , au Coudenberg à Bruxelles, du premier Salon du livre d’Histoire : à tout seigneur tout honneur, l’invité d’honneur est Eric-Emmanuel Schmitt qui donnera une conférence sur le thème : "Ce que le romancier apporte à l’Histoire".

D’autres personnalités donneront des conférences qui se succèderont dans le souterrain du Palais : Esmeralda deBelgique (que j’avais interviewée à propos de "Femmes prix Nobel"), Arnaud de la Croix, Diane Ducret, Gonzague Saint Bris (déjà rencontré surespace-livres et que j’aurai grand plaisir à interviewer à 16h45), Marc Danval et bien d’autres. Il y aura aussi bien sûr des dizaines d’auteurs que vous croiserez au gré de votre visite : Yann Kerlau, Sophie Chauveau, Eve de Castro, Philippe Rémy-Wilkin..et bien d’autres dont vous trouverez les noms sur le site du Salon.
Dans cette attente, je vous propose d’écouter l’enthousiaste Patrick Weber, dont la passion pour l’Histoire n’a d’égale que celle de la transmettre !

Edmond Morrel, le 6 novembre 2015

Pour connaître tous les détails pratiques et la liste complète des auteurs présents lors du Salon, je vous invite à visiter le site "Ecrire l’Histoire" et à écouter l'interview de Patrick Weber sur espace-livres.be



lundi 2 novembre 2015

Jean-Jacques Péché: le cinéaste humaniste du vrai

Un "Week-end" pas comme les autres...

Si vos pas vous conduisent le 8 novembre prochain à 15 heures devant le cinéma Aventure à Bruxelles, n'hésitez pas à en franchir le seuil, à vous installer confortablement dans un fauteuil, et à vous laisser hypnotiser par un des films les plus percutants du cinéaste Jean-Jacques Péché : "Week-end" . 

Nous avons rencontré  Jean-Jacques Péché qui évoque au micro de espace-livres.be  son itinéraire de réalisateur et cette formidable aventure qu'a été la série "Faits-Divers". Pour écouter cette interview il suffit de cliquer sur la page consacrée à"Week-End ou la qualité de la vie"

Ce "documentaire de fiction" a été réalisé dans le cadre de la série "Faits-Divers" à une époque où la télévision belge se donnait encore les moyens de répondre aux exigences de qualité d'un vrai service public une époque où les mots "prime time", "téléréalités", écrans publicitaires, audimat n'avaient pas encore installé leur dictature souterraine, une époque où on filmait sur de la pellicule 16 mm, où le son s'enregistrait sur un Nagra... Dans ces années que le recul nous invite à idéaliser, comme les paradis perdus, une émission a marqué les esprits. Son titre générique "Faits-Divers" est devenu synonyme de "télévision du réel". Avec Pierre Manuel (journaliste), Manu Bonmariage (Image), Jacques Eippers (son) et Edouard Van Cutsem (Montage), Jean-Jacques Péché a réalisé plusieurs des "Faits-Divers" qui ont souvent constitué de vrais événements de télévision et ont été couronnés des prix les plus prestigieux. On se souvient en particulier du film  "Une Saisie" , portrait hallucinant d'Albert, paysan dépossédé de son bétail par exploit d'huissier et qui, dans un monologue d'anthologie, crie sa révolte.

Quant à "Week-end", il a été primé 3 fois à Knokke en 1972 avec le Prix du Jury, le Prix du Public et le Prix du reportage télévisé, mais également en 1973 à Montréal, au Festival du Film sur l’Environnement. En 2012 enfin, la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles décidait de le retenir parmi 20 documentaires belges du 20ème siècle.

Sur cette série, Paul DAVAY, célèbre critique cinématographique de l’époque, écrivait: 

”Ce qui frappe le plus dans FAITS DIVERS, c’est que la description n’est jamais forcée, qu’il n’y a ni caricature ni plaisanteries faciles, mais par contre une réconfortante chaleur humaine et de la tendresse dans l’humour. Bref, ce don de sympathie profonde qui aide le spectateur à comprendre et à aimer à son tour, et qui le pousse à se retrouver dans une réalité vue tout à coup avec d’autres yeux”.

A ne pas manquer: 

le 8 novembre à 15 heures Cinéma Aventure 
Rue des Fripiers 57, 
Galerie du Centre Bloc II, 
1000 Bruxelles






dimanche 1 novembre 2015

Amélie rime avec Académie: en décembre 2015 Amélie Nothomb entre à l'Académie royale de langue et littérature française de Belgique

Amélie rime avec Académie

En décembre 2015 Amélie Nothomb entre à l'Académie royale de langue et littérature française de Belgique.

Sur le site du Secrétaire Perpétuel de ladite Académie, nous n'avons pas manqué d'écouter le premier échange radiophonique à ce propos entre la nouvelle académicienne et le Secrétaire Perpétuel, Jacques De Decker.

C'était lors d'une émission "Vous m'en direz des nouvelles" sur RFI. Ne boudons pas notre plaisir d'aller réécouter cet échange...

Pour espace-livres, nous l'avions rencontrée à l'occasion de la sortie de "Barbe-Bleue" : voici ce que nous écrivions. Il s'agissait du 21 ème roman d'Amélie qui en est aujourd'hui à l'opus 24... Une autre occasion de ré-écouter Amélie?

Il suffit d'un clic.

"Barbe-Bleue" met en scène une jeune enseignante belge, Saturnine, co-locataire à Paris d’un hidalgo espagnol dont les 8 colocataires précédentes ont disparu... Amélie Nothomb revisite le conte et en fait un roman sulfureux.
Dans l’entretien qu’elle nous a accordé à Bruxelles, elle nous raconte aussi comment naissent les romans, ses relations avec Albin Michel...
Elle reconnaît, enfin, que c’est peut-être en Barbe-Bleue qu’il faut essayer de la débusquer, bien davantage qu’en Saturnine... Ce serait trop simple !
Ecoutez cette rencontre avec une des auteures majeures de la littérature française, dont l’écriture est peut-être trop souvent dissimulée derrière son image.
Et plongez-vous dans la lecture de ses 21 romans "publiés".

Edmond Morrel

Dans la sonothèque d'espace-livres: un entretien avec Ken Follett

Ken Follett, « UN MONDE SANS FIN », Editions Robert Laffont.


A l'occasion de la sortie en traduction française de "Un Monde sans fin" , nous avions eu l'occasion de rencontrer Ken Follett. Dans cet entretien en français, une langue que le romancier gallois parle à la perfection, Ken Follett évoque la fascination qu’exerce aujourd’hui le Moyen âge, le rôle particulier de la littérature pour connaître le monde et sa manière d’enquêter…



Après « Les piliers de la terre » vendu à 90 millions de lecteurs à travers le monde, le nouveau roman de Ken Follett replonge dans le haut Moyen âge. « Un monde sans fin » se déroule deux siècles après les « Piliers de la terre ».
Ecoutez cette rencontre qui figure, comme 700 autres entretiens, dans la sonothèque de www.espace-livres.be