lundi 28 décembre 2015

Philippe Remy-Wilkin: "Christophe Colomb"



Nous connaissions surtout de Philippe Remy-Wilkin le travail critique qu'il produit pour la revue Indications, devenue le "mook" Karoo. Dans les souterrains du Coudenberg, lors du Salon du livre d'histoire, l'écrivain à qui on doit des romans, des contes et des nouvelles, mais aussi des études historiques, attire notre attention sur son dernier ouvrage, publié aux Editions Samsa, "Christophe Colomb, le découvreur et la découverte: mythes et réalités".


Une fois le livre ouvert, le lecteur ne le lâche plus. Sans doute, en débutant la lecture a-t-il pensé qu'il devait s'agir du énième ouvrage sur le navigateur et que, hormis le plaisir de redécouvrir une figure familière et une expédition mythique, rien de neuf sous le soleil... Or tel n'est pas le cas. Le récit de la découverte occupe les premières 47 pages de l'ouvrage. On sent que l'auteur est bien obligé d'y passer pour rafraichir la mémoire  du lecteur et qu'il a hâte d'entrer dans le vif du sujet: l'analyse méthodique des controverses que l'homme a inspirées mais surtout, ce qui constitue l'essentiel de l'ouvrage, les "Mystères du découvreur et de la découverte". Remy-Wilkin a dépouillé une abondante bibliographie (constituée autant de textes contemporains, y compris bien sûr le journal de bord de son héros, que d'études passées et actuelles, des fictions et des "histoires farfelues) pour alimenter ses différents chapitres, dont l'intitulé explicite la démarche de l'historien : de L'énigme des origines à Légendes et mystères en suivant les différentes "pistes": juive, corse, portugaise, génoise...


Voici un livre stimulant, éveilleur de curiosité, qui pose avec jubilation les différents indices qu'il propose sur une table de jeu à la dimension de l'océan Atlantique, qui invite à s'interroger davantage qu'à répondre, qui pique notre curiosité à aller y voir de plus près, à retourner dans les bibliothèques , y parcourir les étagères au rayon Histoire...

En citant Yourcenar (pour conclure l' "escapade dans le farfelu" que constitue la postface du livre), Remy Wilkin nous confirme que l'écriture de ce livre a dû être aussi plaisante que ne l'a été pour nous sa lecture.

"Quoi qu'on fasse, on reconstruit toujours le monument à sa manière. Mais c'est déjà beaucoup de n'employer que des pierres authentiques" 
(Marguerite Yourcenar, Carnets de notes de Mémoires d'Hadrien)

Edmond Morrel, le 28 décembre 2016

Sur le site de l'éditeur:

« En 1492, Christophe Colomb a changé la face de l'Histoire avec l'exploit de la Découverte, le Grand Saut de l'Europe vers le Nouveau Monde. Pourtant, en dépit d'une luxuriante littérature, cette célébrité demeure méconnue, s'apparentant à une nébuleuse nimbée de mystères, de secrets. C'est que, chez lui, tout fait débat, ses origines, sa vie, sa personnalité, son œuvre. Philippe Remy-Wilkin a relevé le défi. Resituer le Découvreur et la Découverte. De manière neuve, claire, vivante, percutante. Pour ce faire, il fallait dresser un bilan élagué des connaissances, séparer le bon grain de l'ivraie. Mettre à mal les clichés et les légendes. Le tableau final nous offre des atmosphères contrastées, où nous oscillons entre la lumière la plus vive (celle des pays exotiques, des cours royales, de l'intelligence et du savoir) et des zones d'ombre, de ténèbres, où il est question de piraterie, de naufrages, de massacres, de vol d'identité ou d'informations, de cales sombres et de chaînes infamantes, de retraite monacale, de faits incertains ou soigneusement dissimulés. On y interroge les soubassements de la Grande Aventure et du Projet : l'évolution des connaissances, la chute de Constantinople et la recherche d'une nouvelle route vers les Indes, la prise de Grenade et l'expulsion des juifs d'Espagne, les expéditions qui auraient précédé Colomb, etc. Autant d'éléments qui conféreront de la profondeur et du relief à la scène où s'inscriront des investigations policières, un récit d'action. Philippe Remy-Wilkin, né à Bruxelles en 1961 mais conçu en Afrique (détail crucial selon lui !), a passé toute sa jeunesse dans le Tournaisis avant de rejoindre sa ville natale pour des études universitaires linguistico-littéraires. Mais il a rapidement remisé licence et agrégation pour organiser sa vie autour de l'écriture. Une passion qu'il décline sous toutes ses formes, avec, en filigrane, deux invariants : l'Histoire et le goût du récit palpitant. Des scénarios, des nouvelles, des études historiques, des recueils de récits authentiques, des contes illustrés, des romans, des articles. Publiés à Paris, Bruxelles, Genève, Milan, etc. »

Philippe Rémy-Wilkin


Philippe Remy-Wilkin, né à Bruxelles en 1961 mais conçu en Afrique (détail crucial selon lui !), a passé toute sa jeunesse dans le Tournaisis avant de rejoindre sa ville natale pour des études universitaires linguistico-littéraires. Mais il a rapidement remisé licence et agrégation pour organiser sa vie autour de l’écriture. Une passion qu’il décline sous toutes ses formes, avec, en filigrane, deux invariants : l’Histoire et le goût du récit palpitant. Des scénarios, des nouvelles, des études historiques, des recueils de récits authentiques, des contes illustrés, des romans, des articles. Publiés à Paris, Bruxelles, Genève, Milan, etc.

vendredi 25 décembre 2015

"Le journalisme moral d'Albert Camus" par Senda Souabni-Jlidi

"Le journalisme moral d'Albert Camus" par Senda Souabni-Jlidi 

La commémoration du centenaire de la naissance d'Albert Camus a légitimement inspiré des rééditions, des études, des adaptations de son oeuvre. On ne saurait que se réjouir de l'effet des anniversaires sur la mise en évidence d'une pensée et d'une production romanesque, théâtrale et philosophique aussi indispensable que celles de Camus.



Senda Souabni Jlidi, docteur en littérature française, enseignante à l'Ecole normale supérieure de Tunis, a choisi de consacrer son dernier ouvrage en date au travail journalistique du romancier et philosophe. Elle démontre au fil d'un ouvrage éclairant à tous points de vue, qu'il serait erroné de considérer les écrits journalistiques de Camus comme secondaires. " Il montra autant de maîtrise à être journaliste que romancier, essayiste et dramaturge ", même s'il "apprit le métier en le pratiquant. Cette absence de formation à la discipline journalistique explique sans doute pourquoi "il ne se cantonna pas dans un domaine précis de cette activité. Il fut tour à tour, et souvent à la fois, chroniqueur judiciaire, grand reporter, critique littéraire et éditorialiste, mais donna toujours à ses écrits une ampleur qui faisait transparaître ses préoccupations: la justice, la liberté, la morale en politique et le bonheur" 

Après avoir relevé les différents textes journalistiques de Camus et les avoir placés dans la perspective chronologique mais aussi dans l'"évolution de la pensée de Camus", l'essayiste développe son analyse de  "l'exigence morale" qu'elle  inscrit , dans un classement thématique, dans les catégories d'"Un monde moral", "Un monde de paix" et "Un monde utopique".

Pareille étude, passionnante à chacune de ses étapes, n'aurait pas été complète sans une approche esthétique, qui fait l'objet de la troisième et dernière partie de l'ouvrage, "Le style du journalisme moral" dont l'enjeu est décrit d'emblée: "L'originalité des écrits journalistiques de Camus ne consiste pas seulement dans l'exemplarité d'une pensée rigoureusement tournée vers la morale, elle est également dans la manière dont l'écrivain exprime cette pensée. camus a en effet toujours voulu rendre l'éthique jour,balistique indissociable d'un ton particulier dont il a chargé la "nouvelle presse" issue de la Résistance de définir les modulations. L'enjeu était à ce point important que le journaliste en faisait dépendre la réussite de l'édification de la France d'après-guerre: "il y un ton à trouver, sans quoi tout est dévalorisé"

Pour étayer cette volonté, Senda Souabni Jlidi cite Camus: "Si nous faisons que cette voix demeure celle de l'énergie plutôt que de la haine, de la fière objectivité et non de la rhétorique, de l'humanité plutôt que de la médiocrité, alors beaucoup de choses seront sauvées et nous n'aurons pas démérité" 

Voici un livre qui donne toute sa place à un des modes d'expression de la pensée camusienne et qui démontre que, là aussi, Camus a excellé dans son art. Cette excellence dont il puisait dans une inépuisable et souveraine exigence: celle de l'engagement.

Edmond Morrel, le 25 décembre 2015.

Sur la webradio espace-livres.be nous avons à plusieurs reprises évoqué Albert Camus. A titre d'exemple, je vous recommande l'écoute de l'interview que Michel Onfray nous avait accordée à la publication de son livre: "L'ordre libertaire" 





Le journalisme fut la passion mais aussi l'arme d'Albert Camus pour un monde plus juste, plus clément pour l'homme. De ses premiers écrits pour "Alger Républicain" et "Le Soir Républicain", à ses appels à la résistance au nazisme dans le "Combat" clandestin, à ses éditoriaux flamboyants puis de plus en plus désenchantés dans Combat de l'après-guerre, aux derniers textes qu'il écrit pour "L'Express", il eut pour souci constant de mettre en évidence un positionnement éthique constant.






"Lire la Peinture: dans l'intimité des oeuvres" de Nadeije Laneyrie-Dagen



"Lire la Peinture: dans l'intimité des oeuvres" de Nadeije Laneyrie-Dagen (Editions Larousse)

Il est fort probable qu'une navigation intensive et désordonnée sur l'internet nous fournirait quelques unes des informations dont abonde l'ouvrage de Nadeije Laneyrie-Dagen. Mais l'internaute serait noyé sous l'abondance, égaré dans le désordre, perdu faute d'un mode d'emploi. Il est à parier qu'après quelques incursions wikipédiennes, notre internaute renoncerait à s'aventurer davantage dans l'assouvissement d'une curiosité pourtant digne de tous les éloges.Il n'aurait pas été victime de pareil découragement s'il avait ouvert l'ouvrage de Nadeije Laneyrie-Dagen.
Tout dans ce livre est à la fois limpide et structuré: de chapitre en chapitre, le lecteur acquière progressivement les instruments de compréhension qui lui permettent d'aller plus avant dans les techniques, l'histoire, les principales écoles, les thématiques. Tout ici est cohérence et intelligence. Le lecteur ne peut s'empêcher de ressentir ce bonheur de bénéficier ici d'un partage véritable, avec toute la générosité que ce mot induit.

Les chapitres "Le Sujet", "La composition", "La figure" pour n'en citer que trois, vous conduiront , d'oeuvre en oeuvre, à la découverte de la peinture d'histoire, du portrait, du paysage, de la scène de genre, de la nature morte, de la rivalité entre dessin et couleur, de l'histoire des couleurs, de la peinture des "mouvements de l'âme"...

Eteignez l'ordinateur à présent, installez vous sous une lumière confortable, et entrez dans le livre... Sans doute partagerez-vous avec moi la conviction qu'il (le livre papier...) a encore de beaux jours devant lui...


Edmond Morrel, Bruxelles le 25 décembre 2015


Sur la webradio espace-livres.be la rubrique "entre les lignes" propose de nombreuses interview dans le domaine de l'art comme, par exemple, un entretien avec le sculpteur Nat Neujean, ou avec l'architecte Jean Nouvel , ou encore avec Alechinsky.




Sur le site de l'ENS:


Nadeije Laneyrie-Dagen 
Professeure d’histoire de l’art au DHTA, spécialiste de peinture (fin du Moyen Age et début de l’époque moderne), et plus ponctuellement d’art très contemporain (art vivant).
Elle a été la directrice pour la France d’un programme international transdisciplinaire sur la physiognomonie (quatre colloques : les deux premiers colloques sont consultables sur le site de l’Ens, page Diffusion des savoirs).
Elle est, avec Emmanuel Mahé (EnsAD), la directrice de SACRe, doctorat théorique et pratique Sciences Arts Création Recherche.



LIVRES

L’invention du corps, La représentation de l’homme du Moyen Âge à la fin du XIXe siècle, avec le conseil scientifique de Jacques Diebold, professeur de médecine, Paris, Flammarion, 198 (réédité en format poche, collection Tout l’art, 2006).
Lire la peinture, I, Dans l’intimité des œuvres, II, Le Métier d’artiste), Paris, Larousse, dernière réédition 2012 (1998, éditions dans une dizaine de langues).
- Pierre Paul Rubens, Théorie de la figure humaine, édition préfacée et annotée, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2001. 
Rubens, Paris, Hazan, 2001.
Rembrandt, monographie, Larousse, Paris, 2006.
L’Invention de la nature. Les quatre éléments ou l’imaginaire cosmique dans la peinture européenne de la fin du Moyen Âge, Flammarion, Paris, 2008 (réédition en poche, collection Tout l’art, 2010).
Le Louvre. Détails vus, Paris, La Martinière, 2009. 
- Histoire de l’art pour tous, Paris, Hazan, 2011.
Léonard de Vinci, Posthumes, Editions Scala, 2012.
L’ailleurs dans l’art, Poitiers, CNDP, 2012.
A paraître : Animalia, Les animaux dans la peinture, Paris, Mazenod-Citadelles (octobre 2014)

jeudi 24 décembre 2015

En hommage à Jean-Marie Pelt



Jean-Marie Pelt s’est éteint le 23 décembre 2015. 

Nous l’avions interviewé à deux reprises. Ces rencontres sonores sont disponibles dans la « sonothèque »  d’espace-livres bien sûr. En guise d'hommage , nous vous invitons à ré-écouter cet homme de conviction.

Les deux essais à propos desquels nous l'avions interviewé sont:



et 




En 1977, il écrivait: « Il paraît chaque jour plus évident que la croissance économique ne se poursuit qu’au prix d’une décroissance écologique, tout comme une tumeur cancéreuse ne s’alimente qu’au détriment de l’organisme qu’elle épuise : dans les deux cas, le bilan final est désastreux. » ("La terre en héritage")

Une phrase qui n'a malheureusement pas perdu sa pertinence ni son actualité...

Edmond Morrel, le 24 décembre 2015








dimanche 20 décembre 2015

FAMILY: exploration inattendue de la famille par la photographe Anne-Catherine Chevalier

"FAMILY"

Photographies de Anne-Catherine Chevalier
Editions aparté

A écouter sur espace-livres:




Pendant trois ans, souvent le dimanche, Anne-Catherine Chevalier est allée poser son objectif devant différentes familles et les a photographiées. En leur demandant de "prendre la pose", la photographe se place dans la tradition des anciennes photos de famille que l’on retrouve dans les albums du début du siècle passé, en noir et blanc, réalisées à une vitesse d’obturation tellement lente qu’elle obligeait le sujet à se figer. Nous étions loin des instantanés que nous faisions en argentique, plus loin encore des millions de clichés argentiques qui nous captent en toutes circonstances. Aux familles qu’elle photographie et qu’elle a réunis dans cet album surprenant, Chevalier a demandé de ne pas adopter le sourire traditionnel et convenu, de ne pas articuler le "cheeeeezz" que l’on sollicite pendant les réunions de famille. Elle obtient ainsi que les masques tombent, que dans le regard qui nous fixe sans vouloir séduire, dans le visage qui se fige sans fard, une vérité grave s’installe. Bien sûr, chacun de nous qui ouvre ce livre projettera sur ces photos, pour peu qu’il prenne le temps de vraiment les regarder, des sentiments, des émotions, une histoire qui n’auront été ni ressentis ni vécus par ces hommes, ces femmes, ces enfants qui nous fixent. Chaque individualité, captée par l’objectif, cesse d’être une personne en particulier, mais nous raconte un fragment d’universel. A tel visage j’attribuais de la tristesse, à tel autre de la joie. Peu importe que cette tristesse et cette joie aient été ressenties par les sujets au moment de la prise de vue : l’image, dans la démarche que s’impose Chevalier, est autant un portrait qu’un reflet. 

jeudi 3 décembre 2015

José Chapelier: exposition à Mons du 7 au 30 décembre

                                        José Chapellier

                                                       Le piano bleu

                             

Un lieu original (Salle des Pas perdus du Tribunal de Mons) et un artiste qui ne l'est pas moins, José Chapellier vous attendent  au n°1, rue des Droits de l’Homme, à Mons  du 7 au 30 décembre 2015  de 9h à 18h.



Le soir du vernissage, (4 décembre à 19h30) le virtuose Patrick DHEUR traduira en musique les émotions qu’il partage avec l’artiste en donnant un récital sur ce qui est le cœur de cet évènement : Le piano  bleu.

Edmond Morrel



vendredi 20 novembre 2015

Pierre Célice vu par le cinéaste Yvon Lammens

Yvon Lammens: le documentaire sensible
Portraits d'artistes
"Pierre Célice" 


Le documentariste Yvon Lammens réalise sans désemparer des films documentaires dont il choisit les sujets en toute indépendance. Travaillant souvent seul - il a mis au point un matériel de prise de vues et de sons qui lui permet cette liberté -, il a à son actif des films inspirés par ses engagements humanistes (une série notamment à propos d'Amnesty International), son attachement viscéral à  l'Afrique (on se souvient de " L’or noyé  de Kamituga", un film réalisé avec Colette Braeckman) et sa fréquentation des écrivains (on attend avec impatience les films qu'il consacre à Jacques De Decker et à Philippe Jones) et des artistes plasticiens (Panamarenko, Ianchelevici )
Avec ces derniers il développe une complicité construite à travers l'admiration envers l'oeuvre et la curiosité envers l'artiste. Ces deux éléments lui permettent d'approcher l'acte de création sans fard, forfanterie, ni morgue. Pédagogue né, Lammens a la générosité de ceux qui aiment partager leurs rencontres et donner la parole, en s'effaçant délibérément derrière leur sujet. 

Cette démarche l'a conduit à réaliser le film consacré à Pierre Célice que nous avons vu hier lors d'une projection au Point Culture Le Phare à Uccle. Ce film est le premier d'une série de 19 portraits auxquels le cinéaste va consacrer un documentaire.

Avec ce premier film (d'une série de 19 portraits auxquels le cinéaste se consacre dorénavant) Lammens nous donne à voir et à entendre en une cinquantaine de minutes Pierre Célice,  attachant, disert ("pourtant il a la réputation d'être un ours", nous dit le réalisateur), en joie de raconter les souvenirs de son enfance, la découverte de sa vocation, la volonté de l'imposer à sa famille qui lui réservait un autre destin professionnel.  La caméra est au plus près du visage lorsque Célice évoque son enfance (il est né au début des années trente dans une famille bourgeoise), la propension à rêver au lieu de s'intéresser aux matières scolaires, la découverte du dessin puis de la peinture, le premier atelier, la fréquentation des écrivains et artistes à Montmartre.  Il raconte tout cela avec la légèreté des confidences que l'on fait à un ami, et Lammens n'en perd pas une miette de cette amitié qu'il a construite, on le sent, bien avant de placer caméra et micro devant l'artiste. 

La confiance entre l'artiste et le cinéaste contribue à n'en pas douter à créer cette proximité à laquelle nous sommes conviés lors de la vision du film. Mais il y a davantage: en abordant la réalisation de l'oeuvre plutôt que sa signification, Lammens donne à Célice l'occasion d'en dire bien davantage sur son art que s'il lui en avait demandé une interprétation. L'artiste n'hésite pas à clamer "il ne faut pas expliquer une oeuvre!" 

Ce portrait sensible né d'une complicité véritable entre deux artistes, le cinéaste et le peintre, progresse par touches successives, par strates semblables à ces collages grâce auxquels Célice nous dit préserver la pureté des couleurs. Le cinéaste, lui, nous offre la pureté d'un regard et d'une sensibilité jamais prise en défaut.

Si d'aventure vous avez l'occasion de voir ce film, n'hésitez pas une seconde, ne manquez pas cette joie que donne l'art lorsqu'il est raconté avec jubilation!

Edmond Morrel, Bruxelles, le 20 novembre 2015



vendredi 13 novembre 2015

MON's Livre: le salon du livre de MONS les 21 et 22 novembre 2015




Catherine Hocquet n’a pas attendu que Mons soit désignée Capitale européenne de la Culture pour créer "MONS Livre". Il faut à n’en pas douter y voir un signe : MON’s Livre, dès son lancement en 2012 était conçu pour s’inscrire dans la durée. Et preuve en est faite : l’édition 2015 de ce Salon en passe de devenir une des plus importantes manifestations consacrée au livre en Wallonie. De 75 exposants, 100 auteurs et 2125 visiteurs lors de la première édition en 2012, MON’s livre pouvait déjà annoncer le double de participants et visiteurs un an plus tard, pour la deuxième édition. Qu’en sera-t-il cette année : l’enthousiaste Présidente de MON’s Livre répond à cette question et à bien d’autres dans l’entretien qu’elle nous a accordé le 12 novembre...
On ne manquera pas de souligner la priorité donnée aux auteurs belges (dont les trois parrains : Arnaud Stouffs, Jean-Claude Servais et Jean-Baptiste Baronian dont le dernier ouvrage, "Le dictionnaire amoureux des Belges" a été évoqué sur espace-livres déjà et contient, bien sûr, une entrée consacrée à la ville du Doudou !) .
Ne serait-ce qu’à ce titre, il faudrait saluer la détermination des organisateurs à valoriser une des littératures francophones les plus dynamiques, originales et inventives qui soit, quoiqu’en disent, écrivent et pensent les commentateurs belges de la vie littéraire, trop souvent aspirés dans le sillage du marketing des ouvrages venus d’outre-Quiévrain. Ce ne sera pas la moindre des qualités de MON’s Livre que sortir de l’ombre factice que leur fait l’édition germano-pratine les éditeurs et écrivains belges que l’on pourra rencontrer, écouter, et lire grâce à ce Salon du livre qui vaut décidément le détour... 
Et, de surcroît, l’entrée est gratuite !

Edmond Morrel, le 12 novembre 2015

mardi 10 novembre 2015

Salon du Livre d'Histoire: une première à Bruxelles ce 15 novembre 2015


Coudenberg, Bruxelles, le 15 novembre 2015




Nous vivons une époque paradoxale. De partout dans le monde nous proviennent des informations instantanées, livrées sur l’infini de la toile à laquelle nous sommes tous reliés. Hélas, nous nous trouvons de plus en plus dépourvus de l’alphabet qui nous permettrait de déchiffrer ces millions d’images et de mots qui nous parviennent. Nous sommes tout autant privés de l’instrument de compréhension qui nous permettrait de mettre dans leur contexte les événements qui nous arrivent "bruts de décoffrage". Parmi ces instruments figure en bonne place ce que les anglophones désignent par "media litteracy" et que l’on pourrait traduire par "média-alphabétisation", c’est à dire la mise à disposition des outils de déchiffrement des informations qui nous parviennent par la internet, pour ceux en tout cas qui paraissent dépourvus des filtres que sont les journalistes, les éditeurs ou les rédacteurs en chef de la presse traditionnelle. L’autre instrument idéal de compréhension du monde est l’Histoire. Comment comprendre, sans les resituer dans leur contexte historique, sans les disposer sur une ligne du temps, les événements dont nous voyons les images partielles, violentes et, finalement, incompréhensibles : la montée des radicalismes, l’intégrisme, Daesh, l’annexion de la Crimée, la question kurde, l’arrivée massive de réfugiés, la fragilité de l’Europe, l’émergence d’un libéralisme forcené...on pourrait citer mille exemples de ce qui nous est donné par le biais des réseaux sociaux pour ne citer que ceux-là.



Dans ce contexte, éveiller la curiosité du public pour l’Histoire ne peut qu’être salué comme une initiative à la fois citoyenne et aussi stimulante ! C’est le projet qu’inaugure à Bruxelles le premier Salon du livre d’Histoire qui se tiendra le 15 novembre prochain au Coudenberg. Cette initiative du Club de l’Histoire créé par l’historien Patrick Weber, sous le parrainage d’une passionnée d’histoire, la Princesse Esmeralda de Belgique, donnera au public l’occasion de rencontrer plus de 60 auteurs belges et français, historiens, romanciers, auteurs jeunesse, scénaristes de bandes dessinées... N’en citons que quelques uns avant d’écouter l’interview de Patrick Weber, rencontré à quelques jours de l’ouverture , au Coudenberg à Bruxelles, du premier Salon du livre d’Histoire : à tout seigneur tout honneur, l’invité d’honneur est Eric-Emmanuel Schmitt qui donnera une conférence sur le thème : "Ce que le romancier apporte à l’Histoire".

D’autres personnalités donneront des conférences qui se succèderont dans le souterrain du Palais : Esmeralda deBelgique (que j’avais interviewée à propos de "Femmes prix Nobel"), Arnaud de la Croix, Diane Ducret, Gonzague Saint Bris (déjà rencontré surespace-livres et que j’aurai grand plaisir à interviewer à 16h45), Marc Danval et bien d’autres. Il y aura aussi bien sûr des dizaines d’auteurs que vous croiserez au gré de votre visite : Yann Kerlau, Sophie Chauveau, Eve de Castro, Philippe Rémy-Wilkin..et bien d’autres dont vous trouverez les noms sur le site du Salon.
Dans cette attente, je vous propose d’écouter l’enthousiaste Patrick Weber, dont la passion pour l’Histoire n’a d’égale que celle de la transmettre !

Edmond Morrel, le 6 novembre 2015

Pour connaître tous les détails pratiques et la liste complète des auteurs présents lors du Salon, je vous invite à visiter le site "Ecrire l’Histoire" et à écouter l'interview de Patrick Weber sur espace-livres.be