jeudi 30 novembre 2017

"Poète...vos papiers!" un recueil publié en solidarité avec Asli Erdogan

"Poète… vos papiers ! "
Editions des Femmes   Parution le 30 novembre 2017
Un recueil en solidarité avec Asli Erdogan

Après le livre audio "Catherine Deneuve lit  Le silence même n'est plus à toi ", les Editions des femmes publient "Poète...vos papiers", un recueil de 27 textes d’auteur-e-s, poètes, journalistes français et étrangers, écrits en solidarité avec l’écrivaine et journaliste turque, Aslı Erdoğan, et en faveur de la liberté d’expression et de création. 
Le recueil sort en librairie ce 30 novembre. N'hésitez pas à l'acquérir: tous les droits d'auteur et bénéfices du livre seront reversés à Asli Erdogan l'auteure turque, écrivaine et journaliste que PEN Belgique a adoptée en qualité de membre d'honneur en 2017.
Jean Jauniaux, Président du centre belge francophone de PEN International, fait partie des 27 écrivains ayant contribué à cette publication, avec  Paola Authier, journaliste, conseillère littéraire, Ella Balaert, écrivaine et critique littéraire, Christiane Baroche, écrivaine, Violaine Bérot, écrivaine, Gaëlle Bidan, éditrice, Veronika Boutinova, écrivaine, dramaturge, Georges-Olivier Châteaureynaud, écrivain, Chantal Chawaf, écrivaine, Didier Cornaille, auteur, Pierrette Fleutiaux, écrivaine, Cathy Fourez, universitaire, Antonis Georgiou, écrivain chypriote, Sylvie Germain, écrivaine, Nedim Gürsel, écrivain turc, Jean Jauniaux, écrivain, Charles Juliet, poète, Vénus Khoury-Ghata, poète franco-libanaise, Jacqueline Merville, écrivaine, poète, artiste plasticienne, Daniel Mesguich, comédien, metteur en scène, écrivain, Timour Muhidine, maître de conférence à l’INALCO, directeur de la collection « Lettres turques » chez Actes Sud, Emmanuel Pierrat, avocat, écrivain, président du Pen Club français, Anne Provoost, romancière, Susana Romano Sued, écrivaine et poète argentine, Inna Shevchenko, leader du Mouvement international FEMEN, essayiste, Romy Strassenburg, journaliste allemande, Lucien Suel, poète, Catherine Weinzaepflen, écrivaine et poète.
La préface du livre est  de Guy Fontaine, créateur de la villa Marguerite Yourcenar. Le livre est orné d'un dessin original d’Ernest Pignon-Ernest, artiste plasticien.

Parution le 30 Novembre 2017
Nous avions interviewé déjà, dans différentes circonstances un des auteurs de cet ouvrage collectif:

  • Novembre 2017 
  • 136 p.
  • 15 €  
  • EAN 9782721006790

jeudi 23 novembre 2017

Cycle Yourcenar au Théâtre Poème 2 : les conférences de Michèle Goslar tous les dimanches à 14h du 19 novembre au 17 décembre


Cycle Yourcenar au Théâtre Poème 2 : 
Cinq  conférences de 
Michèle Goslar


         Nous avons rencontré Michèle Goslar à plusieurs reprises à l'occasion des publications de ses biographies de Victor Horta et de  Marguerite Yourcenar. L'occasion nous est donnée de la retrouver chaque dimanche, du 19 novembre au 17 décembre, dans les conférences qu'elle consacre à Yourcenar en préambule des représentations théâtrales de "Marie-Madeleine ou le salut" (jusqu'au 3 décembre) et d'"Alexis ou letraité du vain combat".(du 6 au 17 décembre).


Voici ce que nous en écrivions à sa parution:

"Côté Belge", la nouvelle collection des Editions de l’Age d’Homme, a inscrit parmi les premiers livres publiés, une édition mise à jour de la biographie que Michèle Goslar consacrait en 1998 à Marguerite Yourcenar. Il ne pouvait y avoir de meilleur choix que celui-ci, redonnant l’occasion de découvrir une des biographies les plus pertinentes mais aussi les plus sensibles de la vie d’un écrivain majeur de la littérature française. La démarche de Goslar se distingue des précédentes biographies de la romancière en ceci qu’elle a choisi de partir de l’oeuvre pour appréhender la vie.

Ce cheminement, inverse de celui qu’adoptent en général les biographes, s’adapte particulièrement bien à l’auteure des "Mémoires d’Hadrien" qui ne s’est jamais vraiment dévoilée, hormis dans la fiction. Une autre qualité du livre de Goslar réside, et ce n’est pas la moindre, dans l’écriture donnant à l’ouvrage une envergure qui dépasse l’essai ou le récit, mêlant à l’exégèse d’une oeuvre l’exploration d’une rencontre, celle qui n’a jamais eu lieu du vivant de Yourcenar, entre deux écrivains authentiques.

Abordant l’oeuvre de Yourcenar avec le coeur autant que l’intelligence, Goslar fait de "Yourcenar , biographie" un livre-bibliothèque dont le lecteur n’a qu’une envie, une fois la lecture achevée : celle de se plonger dans "Feux", "Le coup de grâce", "L’oeuvre au noir" et les autres volumes de la grande dame née Crayencour.

Nous avons rencontré Michèle Goslar chez elle à Bruxelles pour deux enregistrements : l’un sonore (35 minutes), l’autre en video (au cours duquel en quelques minutes, la biographe nous dit ce qu’il faut lire de Yourcenar, mais aussi ce qu’elle lui aurait dit si elle avait pu lui présenterla biographie, sous-titrée "Qu’il eut été fade d’être heureux")

Jean Jauniaux, Bruxelles, le 23 novembre 2017



DIMANCHE 19 NOVEMBRE À 14H : « L’ÊTRE QUE J’APPELLE MOI »
Présentation de Marguerite Yourcenar, de la rencontre manquée de ses futurs parents rue d’Écosse, de sa vie et de son œuvre à partir du livre Marguerite Yourcenar en images et des photographies qui seront exposées dans le bar durant les événements.

DIMANCHE 26 NOVEMBRE À 14H : MARGUERITE YOURCENAR, ÉCOLOGISTE AVANT LA LETTRE 

Depuis sa tendre jeunesse, Marguerite Yourcenar s’est préoccupée des « actes d’apprenti sorcier » de l’homme, à la fois à l’égard de la nature, des bêtes, des hommes. Elle a dénoncé, tout au long de son œuvre et par des messages à des personnalités de toutes espèces, la pollution de l’air, de l’eau, de la terre, le massacre des animaux, les méfaits du progrès et de la démographie galopante, de l’industrialisation, du pouvoir de la finance sur le politique, de notre civilisation du « gâchage ».

DIMANCHE 3 DÉCEMBRE À 14H : MARGUERITE YOURCENAR ET LE SACRE 

« Qui que ce soit qu’il soit » ou « Celui qui Est peut-être », Dieu, pour Marguerite Yourcenar ne se manifeste que dans la beauté de la nature, le vol d’oiseaux, un coucher de soleil particulier, le perce-neige qui transperce la couche glaciale. Refusant les dogmes de l’église catholique, elle voyait Dieu plutôt dans la forêt que dans l’église.

DIMANCHE 10 DÉCEMBRE À 14H : MARGUERITE YOURCENAR ET LE BONHEUR 

Dans Feux, on peut lire « Qu’il eût été fade d’être heureux ». Marguerite Yourcenar exclue du bonheur. Rencontres et déceptions. Le bonheur défini comme « sous-produit ».

DIMANCHE 17 DÉCEMBRE À 14H : « LES COULISSES D’UNE ÉLECTION » (À L’ACADÉMIE FRANÇAISE)

Que se passa-t-il avant et pendant l’élection de Marguerite Yourcenar comme première immortelle ? Comment a-t-elle réagi à cette opportunité ? Qui et pourquoi l’a-t-on élue à l’Académie française ? Les dessous et les coulisses d’une élection très médiatisée.

mercredi 22 novembre 2017

"Rencontre Littéraire de Bruxelles" organisée par l'éditeur MEO: 28/11 à 19h une rencontre consacrée aux revues littéraires

Rencontre Littéraire de Bruxelles

"Les revues littéraires MARGINALES, TRAVERSEES et MAYAK"


le mardi 28 novembre à 19h 


 Réservation souhaitée
Tél : 0497 577 120
eag.gallery@gmail.com 


Au plaisir de vous y rencontrer...

Jean Jauniaux
Bruxelles, le 22 novembre 2017



 













Patrice Breno (Revue TRAVERSÉES), Jean Jauniaux (Revue MARGINALES) et Hugues Robaye (Revue MAYAK) dialogueront sur le thème "Les revues littéraires".
Une occasion de rencontrer trois animateurs des revues littéraires ont été pour nombre d'écrivains une passerelle idéale vers l'édition d'un premier livre...

Les Rencontres Littéraires de Bruxelles feront dorénavant l'objet d'une émission littéraire animée par Guy Stuckens sur Radio Air Libre

Fondée en 1945, par Albert Ayguesparse, Pierre-Louis de Muyser, et Joseph Bracops, la revue MARGINALES  a publié de nombreux poètes et essayistes et restée une des tribunes des lettres belges de langue française tout en étant ouverte à de nombreux autres écrivains de la francophonie. Albert Ayguesparse en a assuré la direction jusqu’en 1990 (numéro 229). Une longue parenthèse a suivi.
Depuis 1998, elle connaît une seconde vie sous la direction de Jacques De Decker, aujourd’hui secrétaire perpétuel de l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, qui en a modifié l’orientation tout en conservant les exigences de qualité. Quatre fois par an, la revue lance un thème sur lequel elle invite les écrivains à écrire une fiction. La plupart des écrivains belges de renom ont donné des contributions à la revue, qui n’hésite pas non plus à publier des écrivains moins connus ou même débutants. C’est ainsi qu’y ont fait leurs « premières armes » littéraires des auteurs comme Soline de Laveleye, Kenan Görgün ou Jean Jauniaux, qui en est devenu le rédacteur en chef.

Avec ses plus de 600 auteurs publiés, du monde entier, avec ses milliers de pages, de poésie essentiellement, mais aussi de nouvelles et de créations littéraires, photographiques et picturales, Traversées s'est attachée depuis ses origines à faire cohabiter auteurs confirmés et auteurs peu connus, si pas totalement inconnus du grand public.
Par un format agréable, un contenu attractif et des illustrations qui invitent à la respiration, elle a amené le lecteur à se constituer une bibliothèque la plus intéressante et la plus variée possible. Le choix des textes est assuré par un comité de lecture scrupuleux, ce qui donne à la revue une garantie de sérieux et de crédibilité.
Chaque numéro, à de rares exceptions près, est divisé en deux parties : la partie dossier et la partie florilège, véritable anthologie des textes des auteurs retenus. En matière de dossier, pas de thématique précise, rien d'imposé, mais des sujets, des genres, les nouvelles, les haïkus, les aphorismes, la traduction, les courants littéraires, qu'ils viennent de Tunisie, du Québec, du Mahgreb, du Danemark ou d'autres contrées... Si la littérature française est la plus représentée, le domaine étranger n'est pas oublié avec la poésie anglaise, bulgare, grecque, hongroise, italienne, japonaise. Certains textes sont publiés dans leur langue originale aussi avec une traduction française la plus littéraire possible. 
Outre la revue papier, Traversées dispose d'un site, d'un blog internet alimenté au quotidien par des chroniques, des dossiers de presse, des bio-bibliographies.
Traversées a obtenu le Prix de la presse poétique, en 2012 à Paris.

MaYaK existe depuis 11ans.
Revue-livre annuelle et thématique, MaYaK (« phare » en langues slaves) croise les regards de chercheurs venus d’horizons variés : arts, sciences, sciences humaines, travail de la terre, social, artisanat. Décloisonner les formes de savoir et les formes d’expression : essai, récit, entretiens, poésie, images. Le complexe sans les complications d’usage dans certains milieux.
MaYaK articule ces contributions d’« habitants-chercheurs » en des numéros homogènes (centrés sur une thématique de société) qui ressemblent à autant de suites musicales, orchestrées par la « voix loyale », fil continu qui associe les articles (et les images) au gré d’analogies, de contrastes, de complémentarités…
Sorti en avril 2017, le numéro 8  étudie la place du travail dans nos sociétés d’aujourd’hui et explore des alternatives au consumérisme productiviste (produire/consommer jusqu’à l’épuisement de la terre et de nos âmes), qu’elles soient personnelles, collectives ou émanent des entreprises."


Gérard Adam
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Éditions M.E.O.
Avenue Jeanne 10 bte 5
1050 Bruxelles
Tél-fax : 32 2 648 04 10

jeudi 9 novembre 2017

PRISME EDITIONS: rencontre avec une éditrice, Liliane Knopes et un poète Nicolas Le Brun

PRISME EDITIONS

Rencontre avec une éditrice,
 Liliane Knopes 
et un auteur, 
Nicolas Le Brun
           
© Photographie Jean Jauniaux.
Nicolas Le Brun et Liliane Knopes. A l'arrière plan une oeuvre  de © Claudine O'Sullivan ("Marie Antoinette", 2017) créée pour le livre "Triptyques poétiques"
 
Une maison d'édition fête ses 20 ans...

          A l'occasion de la parution du dernier ouvrage de PRISME Editions (le très beau "Triptyques poétiques" signé Nicolas Le Brun), nous avons rencontré Liliane Knopes et évoqué avec elle l'aventure singulière d'une maison qui propose un catalogue de "beaux livres" consacrés à l'architecture, l'art contemporain et la photographie. Il suffit de parcourir le catalogue, dont le titre "Passion about books..." définit exactement la démarche, pour se convaincre de l'exigence de qualité sur laquelle repose la ligne éditoriale menée par Liliane Knopes qui décrit sa conception du "beau livre" : Couverture réfléchie, lenticulaire ou carton solide, contenu riche, texte précis, graphisme et couleurs en écho...Des livres à déposer sur une table, à feuilleter page par page".
           Depuis l'origine, il y a plus de vingt ans, "PRISME" recense les innovations architecturales en Belgique dans une série qui compte aujourd'hui 9 volumes dédiés à l'habitat privé, aux bureaux et lieux de travail, aux espaces éducatifs et culturels et aux espaces publics. Apparaissent au fil des livres les noms de Zaha Hadid, Jean Nouvel (que nous avions rencontré lors de la présentation du projet "Croix-Rouge" mené par son atelier) , Christian de Portzamparc, René Greisch, pour ne citer que quelques uns de celles et ceux qui inventent, imaginent, bâtissent l'architecture d'aujourd'hui.
Deuxième source du catalogue de Prisme, l'art contemporain dont les derniers titres sont consacrés au céramiste Frank Steyaert ("Memorabilia"), dont l'approche sculpturale s'inscrit dans le courant de la Nouvelle Céramique, au Centre d'Art Contemporain du Luxembourg Belge (CACLB) qui démontre l'entrelacement réussi des arts plastiques contemporains et de la ruralité, à Arne Quinze dont "Reclaiming Cities" nous plonge dans la transformation des espaces publics transfigurés par l'artiste international à Mode Muntu, immense créateur congolais, décédé en 1985 à 45 ans et laissant derrière lui une oeuvre qui le place parmi les peintres les plus importants de son siècle et du nôtre.  Parmi les publications à venir, figure aussi le deuxième ouvrage de Paul de Gobert dans la collection PRISME. Nous l'avions rencontré à l'occasion de la parution de sa "Traversée de Bruxelles" , il nous reviendra dans quelques semaines avec "Le jardin sauvage".
          PRISME est aussi le réceptacle d'ouvrages dédiés à la photographie: Véronique Boissacq-Allen ("Equations"), Jean-Dominique Burton ("Ile de Gorée") et Marie-Françoise Plissart ("Bruxelles") nous invitent dans l'univers singulier qu'ils nous donnent à voir à travers le regard photographique, celui qui découpe l'espace, le temps et la lumière pour en capter une perception unique qui transforme notre manière de regarder le monde.

Pour écouter l'interview de Liliane Knopes, cliquer  sur LIVRaisons 


"Triptyques poétiques" de Nicolas Le Brun
       
          Le dernier ouvrage en date sort de ces catégories, mais, d'une certaine manière, crée entre elles un lien inattendu, une évidente cohérence : par ses "Triptyques poétiques" Nicolas Lebrun (auquel nous consacrons un article et un entretien spécifiques) lance des passerelles anachroniques entre des oeuvres du patrimoine pictural  et d'autres contemporaines, d'artistes aussi différents que Rodin et Pierre & Gilles, Climt et Roberto Custodio, Doisneau et Delvoye...  Lorsque le livre se déploie, trois pages apparaissent, à gauche l'oeuvre du passé, à droite celle d'aujourd'hui et les reliant, un poème de Nicolas Le Brun. 
      Se dégagent de ces confrontations entre langages et époques, des harmonies contrastées, des cheminements inattendus de la perception, des lectures nouvelles de l'image picturale et de l'image verbale (pour paraphraser le titre d'une recueil de nouvelles de Philippe Jones qui aurait, à n'en pas douter, été séduit par la démarche et la force de ces triptyques). Chaque poème irradie d'une lumière spécifique, émeut, séduit, enchante le lecteur. Mis en présence de l'oeuvre picturale, il s'ouvre à une nouvelle lumière, qui irise l'émotion poétique d'une sensation renouvelée de grâce, de rythme, de profondeur. De même, la vision de l'oeuvre picturale se nourrit de la prosodie, du chant poétique dont Nicolas Le Brun démontre une maîtrise à la fois équilibrée et sans cesse ré-inventée. 
      A n'en pas douter, cet ouvrage de toute beauté, est un maître-livre donnant à l'ensemble d'une collection, cohérence et  continuité, développant un nouvel axe éditorial dans lequel littérature et art s'entrelacent avec un bonheur aussi flagrant que stimulant.

Pour écouter l'interview de Nicolas Le Brun, cliquer sur LIVRaisons

Jean Jauniaux, Bruxelles le 9 novembre 2017

mercredi 8 novembre 2017

Viva Vivaldi

"Viva!" 

Un spectacle mis en scène par Gabriel Alloing, sur un texte de Vincent Engel, interprété par Pietro Pizzuti avec l'ensemble baroque Les Muffati 
et les chanteuses lyriques 
Julia Szproch et Sarah Théry.

Le spectacle sera joué une dernière fois  à Flagey le samedi 9 décembre à 11heures
Plus d'informations sur le site de Flagey

Théâtre Jean Vilar
Louvain La Neuve
Du 7 au 11 novembre 2017

© Illustration Ben Cuvelier 



Les spectateurs qui ré-écouteront, comme je le fais,  le CD du spectacle "Viva" retrouveront une part des émotions dont le spectacle les a enveloppés lors de la première représentation. Leur reviendront en mémoire la magie du spectacle vivant, l'interprétation inouïe de sensibilité, de tendresse, de violence, de rage que Pietro Pizzuti leur a donné au cours d'une heure et demie de monologue. Surgira l'émotion soutenue tout au long de celui-ci par la scénographie imaginée par Gabriel Alloing, des premières mesures qui apparaissent sur les façades des palais vénitiens, aux tremblements des eaux de la lagune, aux corps sensuels des jeunes élèves du maestro, aux masques menaçants qui se projettent comme autant d'images mentales des épisodes qu'évoque le texte de Vincent Engel. Emotions multi sensorielles que celles qui nous gagnent lorsque nous entendons  les voix de la soprano Julia Szproch et de la mezzo-soprano Sarah Thery, toutes deux en résidence à la Chapelle Reine Elisabeth, chanter des fragments de l'opéra Orlando Furioso, ou le "Cum dederit" qui accompagne l'exil désespéré de Vivaldi à Vienne, où il mourra dans le regret d'avoir quitté Venise. Dans ce dernier tableau, Vivaldi exprime un ultime sursaut de la hargne hostile qui le confronte, une ultime fois, lui le fils de barbier, à Benedetto Marcello, le notable qui se targue d'être aussi musicien. Le "prêtre roux" sait qu'il a perdu le combat, il agonise dans l'hiver hostile de Vienne ("Venise, où es-tu? Pourquoi m'as-tu laissé partir...,") en s'interrogeant sur la postérité, mais, surtout, en convoquant une dernière fois "les sourires des femmes, des ciels tendus sur la lagune", dans un dernier sursaut "pour mes funérailles, il suffira du plus joyeux de mes concertos de chambre. celui que je n'ai pas encore composé. Je veux encore entendre vibrer les cordes de mes anges (...), des sourires, des ciels, l'écho de certaines musiques. Des rires d'enfant...". L'épilogue  est porté par la voix de Sarah Thery qui exprime dans cet extrait du Nisi Dominus une profondeur d'expression bouleversante, démontrant une  sensibilité dont l'éventail s'ouvre sur chacune des nuances de la musique.
L'évocation de la vie de Vivaldi s'ouvrait sur le jeune homme joyeux composant une musique qu'il développait sous nos yeux, se poursuit sur le confrontation avec les administrateurs de l'hospice Pio Ospedale della Pieta, où le le prêtre enseigne la musique aux jeunes filles orphelines qui y sont hébergées. Vivaldi est convoqué pour renouveler sa charge de maître de musique. Devant l'auditoire hostile, il défend son art, sa liberté de compositeur, sa disponibilité à toute épreuve, son zèle à servir, sa modernité malgré les modes nouvelles. 
Au-delà du fil narratif, le récit de Vincent Engel explore des interrogations plus vastes  dont le destin de Vivaldi est l'écho:  la puissance de la liberté et de l'authenticité de la création artistique, l'éternel affrontement de l'artiste et des contraintes, la place de l'art dans la cité, la solitude de la défaite, l'insignifiance de la postérité comparée à l'intensité de la création.
Le spectacle nous donne à vivre, avec la même justesse, la même force et la même intensité les émotions, subtilement mises en scène par Gabriel Alloing qui entrelace avec une infaillible dextérité le texte de Vincent Engel, la musique de l'ensemble baroque Les Muffati, le jeu stupéfiant de Pietro Pizzuti et le chant envoûtant de  Julia Szproch et Sarah Théry.
Il est à souhaiter que les programmeurs qui verront le spectacle à Ottignies-Louvain La Neuve (où il ne se joue que jusqu'au 11 novembre), s'empresseront de lui trouver d'autres lieux où se prolonger. Le public répondra présent. 


Jean Jauniaux, Ottignies-Louvain la Neuve le 7 novembre 2017


Les Editions Ker  publient  le roman "Alma Viva", accompagné du texte du monologue "Viva" . Un CD du spectacle,  produit par la Ferme du Biéreau est en vente au Théâtre Jean Vilar

Le monologue joué par Pietro Pizzuti, mis en scène par Gabriel Alloing, se joue du 7 au 11 novembre au Théâtre Jean Vilar à Louvain la Neuve (Belgique). Deux chanteuses lyriques, Julia Szproch et Sarah Théry (qui est en résidence à la Chapelle Reine Elisabeth), et  l’ensemble baroque Les Muffatti ponctuent les confrontations entre Vivaldi et le Conseil des Governatori, gestionnaires du  Pio Ospedale della Pietà  hospice et orphelinat de jeunes filles où le maestro enseigne la musique. 



mardi 7 novembre 2017

Lionel Vinche, portrait par le cinéaste Yvon Lammens

"LIONEL VINCHE: L'INSOLITE"
Un film de Yvon Lammens

Dans le cadre du "weekend du doc", la bibliothèque médiathèque Le Phare programme un documentaire consacré au peintre Lionel Vinche. Le film est signé Yvon Lammens, un réalisateur dont les portraits filmés sont construits au fil de rencontres avec les artistes et écrivains qu'il nous donne à voir et à entendre. Nous avions évoqué son travail déjà à l'occasion de la projection du portrait qu'il avait consacré à Philippe Roberts-Jones, nous le retrouverons avec curiosité pour ce nouveau film, dont on devine déjà ce que la complicité entre les deux hommes va faire surgir.
A l'occasion d'une rétrospective à la Wittockiana, en mars 2015, j'avais eu l'occasion d'interviewer Lionel Vinche et d'apprécier, comme je l'écrivais alors, "l’univers si peu sérieux d’un jeune homme à qui on ne peut souhaiter qu’un nouveau demi-siècle de création..."

Quant à Yvon Lammens, il poursuit sans désemparer la série de portraits (19 sont en chantier nous disiat-il) dont j'avais eu l'occasion de rendre compte à deux reprises. Voici des extraits de ce que j'écrivais à son propos lors de la projection du documentaire consacré à Philippe Roberts Jones en 2017 et à propos de celui dédié à Pierre Célice en 2015. Rien  ne me semble devoir être modifié, et sera à nouveau, j'en suis persuadé, démontré à la vision de son "Lionel Vinche: l'insolite" 

"Cinéaste multiple dans ses curiosités Yvon Lammens plante sa caméra et ses micros aussi bien, dans des sites miniers abandonnés au Congo que sous les lambris de l'Académie royale de langue et littérature française de Belgique, au Musée de l'Armée, dans les archives de la première Guerre Mondiale que dans les ateliers d'artistes. 
Cinéaste de la patience, Lammens n'hésite jamais à consacrer plusieurs années à un même sujet si ce dernier l'exige. 
 L'important pour lui n'est pas l'actualité, mais l'avancée progressive dans la compréhension des thèmes qu'il aborde et dans la complicité avec les personnalités dont il filme le portrait sensible.
Yvon Lammens (© J. Jauniaux)


              Cette démarche nous donne des oeuvres hors-norme, inspirées elles sont aussi instruites et documentées, fluides elles ne reculent pas devant les obstacles qu'elles entourent pour mieux les saisir, argumentées elles n'imposent pas un point de vue, mais nourrissent la curiosité, l'envie d'en savoir davantage.
          On doit à Lammens une filmographie singulière par sa diversité et exemplaire par ses engagements. Il suffit d'aller visiter le site que lui consacre Cinergie pour s'en convaincre:l'Afrique, les SDF, la littérature, l'art contemporain, l'histoire sont autant de sources d'inspiration pour cet observateur engagé."

Voici ce que j'écrivais à propos de son film dédié à Pierre Célice

"Le documentariste Yvon Lammens réalise sans désemparer des films documentaires dont il choisit les sujets en toute indépendance. Travaillant souvent seul - il a mis au point un matériel de prise de vues et de sons qui lui permet cette liberté -, il a à son actif des films inspirés par ses engagements humanistes (une série notamment à propos d'Amnesty International), son attachement viscéral à  l'Afrique (on se souvient de " L’or noyé  de Kamituga", un film réalisé avec Colette Braeckman) et sa fréquentation des écrivains (on attend avec impatience les films qu'il consacre à Jacques De Decker et à Philippe Jones) et des artistes plasticiens (Panamarenko, Ianchelevici )
Avec ces derniers il développe une complicité construite à travers l'admiration envers l'oeuvre et la curiosité envers l'artiste. Ces deux éléments lui permettent d'approcher l'acte de création sans fard, forfanterie, ni morgue. Pédagogue né, Lammens a la générosité de ceux qui aiment partager leurs rencontres et donner la parole, en s'effaçant délibérément derrière leur sujet. 
Cette démarche l'a conduit à réaliser le film consacré à Pierre Célice que nous avons vu hier lors d'une projection au Point Culture Le Phare à Uccle. Ce film est le premier d'une série de 19 portraits auxquels le cinéaste va consacrer un documentaire.

Avec ce premier film (d'une série de 19 portraits auxquels le cinéaste se consacre dorénavant) Lammens nous donne à voir et à entendre en une cinquantaine de minutes Pierre Célice,  attachant, disert ("pourtant il a la réputation d'être un ours", nous dit le réalisateur), en joie de raconter les souvenirs de son enfance, la découverte de sa vocation, la volonté de l'imposer à sa famille qui lui réservait un autre destin professionnel.  La caméra est au plus près du visage lorsque Célice évoque son enfance (il est né au début des années trente dans une famille bourgeoise), la propension à rêver au lieu de s'intéresser aux matières scolaires, la découverte du dessin puis de la peinture, le premier atelier, la fréquentation des écrivains et artistes à Montmartre.  Il raconte tout cela avec la légèreté des confidences que l'on fait à un ami, et Lammens n'en perd pas une miette de cette amitié qu'il a construite, on le sent, bien avant de placer caméra et micro devant l'artiste. 
La confiance entre l'artiste et le cinéaste contribue à n'en pas douter à créer cette proximité à laquelle nous sommes conviés lors de la vision du film. Mais il y a davantage: en abordant la réalisation de l'oeuvre plutôt que sa signification, Lammens donne à Célice l'occasion d'en dire bien davantage sur son art que s'il lui en avait demandé une interprétation. L'artiste n'hésite pas à clamer "il ne faut pas expliquer une oeuvre!" 
Ce portrait sensible né d'une complicité véritable entre deux artistes, le cinéaste et le peintre, progresse par touches successives, par strates semblables à ces collages grâce auxquels Célice nous dit préserver la pureté des couleurs. Le cinéaste, lui, nous offre la pureté d'un regard et d'une sensibilité jamais prise en défaut.

Si d'aventure vous avez l'occasion de voir ce film, n'hésitez pas une seconde, ne manquez pas cette joie que donne l'art lorsqu'il est raconté avec jubilation!"


Lionel Vinche et Yvon Lammens seront présents à la projection qui aura lieu à 20h00 le 16 novembre 2017 à la bibliothèque-médiathèque "Le Phare" au 935, Chaussée de Waterloo à 1180 Uccle (Belgique).

Jean Jauniaux, Bruxelles, le 7 novembre 2017

dimanche 5 novembre 2017

Henry Miller et Pascal Vrebos: rencontre entre deux écrivains

"Une semaine avec Henry Miller"

suivi d'une 
"Rencontre avec Brenda Venus"

Pascal Vrebos
Genèse Edition

Pour éviter de publier, de bonne foi, une image dont les droits seraient réservés, LIVRaisons n'utilisera plus les couvertures ou photographies d'auteurs pour illustrer la recension des livres. Que les éditeurs et les auteurs veuillent bien nous en excuser.

 Quelle formidable inspiration a poussé l'énergique Danielle Nees à ré-éditer "Une semaine avec Henry Miller", le récit jubilatoire de Pascal Vrebos racontant la semaine qu'il passa, en février 1979,  en compagnie de l'écrivain mythique Henry Miller! Nous sommes en février 1979. A 27 ans, Pascal Vrebos est déjà l'auteur  de plusieurs pièces de théâtre (dont "Polycarpe" qui se jouait à New-York lorsque Vrebos était à Los Angeles en compagnie de Miller). Passionné de littérature et littéralement hypnotisé par l'oeuvre de Miller, il lui envoie une lettre, différente de toutes celles que le Maître reçoit, une lettre qui ne demande rien,  "une dizaine de lignes. Je le remerciais simplement pour son oeuvre-vie." 
C'est cela qui piqua la curiosité de l'auteur de Tropique du Capricorne". Débuta entre le jeune belge et vieil homme de Pacific Palissades une correspondance suivie et cette rencontre que publie aujourd'hui Genèse Edition. Le récit de cette rencontre historique,  est accompagné ici de celui de la visite que Pascal Vrebos rendit, en juin 2017, à la dernière compagne de Miller: Brenda Venus. Ensemble, ils évoqueront les dernières années de l'auteur de Sexus qui avait espéré, jusqu'à la fin de ses jours, être couronné du Prix Nobel de littérature.
Christian Lutz avait édité une première version du livre, accompagné d'un CD dont on peut aujourd'hui ré-écouter le contenu en ligne sur le site de Genèse, et quel contenu! Les entretiens entre Vrebos et Miller, ce dernier parlant parfaitement français, gravés sur le Nagra que Gérard Valet prêta au jeune journaliste-écrivain, qui, pour se payer le voyage de Los Angeles, emprunta 100.000 francs belges, les investit en actions de mines d'or d'Afrique du Sud dont on lui avait promis la hausse, qui heureusement se confirma... La suite, Vrebos nous la raconte en écrivain et pas en journaliste: il est enjoué, lyrique, par moments on a l'impression qu'il se laisse gagner par le style de son interlocuteur qui se résume d'un seul conseil (celui qu'il prodigua à Vénus): écrire avec le coeur! Et puis, ils ont des points communs, le belge et l'américain: la passion pour la Grèce, la curiosité gourmande pour l'autre, la frénésie de lectures... Au fil de cette semaine, Miller donne un atelier d'écriture, conseille la lecture de tel ou tel auteur (...), évoque cette "nuit d'illumination, en 1927, où (il a) écrit le condensé de presque toute (son) oeuvre en style télégraphique", demande à Vrebos si , à lui aussi, "une femme (avait) déjà brisé le coeur et les reins".
J'avais lu ce livre à sa première parution , et écouté la voix grave de Miller enregistrée au micro de Pascal Vrebos, au début des années 80. Le livre n'a pas pris une ride, au contraire, il semble avoir bonifié, être devenu plus dense, plus intense: n'est-ce pas la preuve qu'il s'agissait bien d'une rencontre entre deux écrivains, et pas d'un interview de journaliste...
C'est aussi un livre-bibliothèque qui vous donnera envie d'ouvrir les "Tropiques", les "Nexus", "Sexus" et "Plexus", mais aussi "Les livres de ma vie" de Miller. Il vous incitera peut-être à lire le théâtre de Pascal Vrebos (dont nous avions parlé dans espace-livres à la sortie de son oeuvre théâtrale aux Editions Le Cri) et , qui sait, à ce que ces pièces soient jouées à nouveau, dans un théâtre de répertoire...

Jean Jauniaux, Saint Idesbald, le 5 novembre 2017

Le 15 novembre à 19h30, Pascal Vrebos répondra aux questions de Barbara Mertens et Jean Jauniaux à la librairie "A livre ouvert" Rue Saint-Lambert, 116 - 1200 Woluwé Saint Lambert - info@alivreouvert.be  


Quand un homme est âgé et qu’il a accompli sa mission sur terre, il a le droit de se préparer à la mort dans la paix… Inutile d’aller le voir, de l’importuner avec des bavardages et des banalités. On doit passer devant chez lui comme si personne ne vivait là. » Tel était le texte de l’écriteau cloué sur la porte de la maison d’Henry Miller, au 444 Ocampo Drive à Pacific Palisades.
Malgré cette injonction, l’écrivain a invité Pascal Vrebos : une semaine d’échanges à bâtons rompus au cours desquels Miller évoque, entre mille choses, avec tendresse, colère ou ironie, l’interdiction de ses livres, leur succès inattendu, les femmes qu’il a aimées dont la dernière, une jeune actrice américaine… Brenda Venus.
Le 17 juin 1976, Henry Miller, largement octogénaire, écrivait à la Botticelli du Sud : « Je regrette d’avoir l’air de vous brusquer, mais c’est parce que vous me tentez trop, vous êtes trop séduisante, trop irrésistible. » Et Brenda Vénus devint cette muse nourricière qui rendit Henry « toujours vif et joyeux ! »
Près de 40 ans plus tard, Pascal Vrebos a rencontré Brenda Venus à Las Vegas. Elle lui a raconté son Miller : le Mythe des Tropiques était un homme doux, attentionné, élégant, farceur et… jaloux !
Le dernier amour de Miller nous fait aussi cadeau de ses souvenirs : quand elle offrit au Mythe des Tropiques une séance d’effeuillage, quand elle le porta sous la pluie, comment il la demanda en mariage, comment il la cacha derrière les rideaux de sa chambre…
« Brenda m’a dit qu’elle m’aimerait après ma mort », rapporta Miller à Pascal Vrebos. Promesse tenue !

Sur le site www.genese-edition.eu, vous pouvez télécharger un extrait de l’enregistrement de l’entretien réalisé par Pascal Vrebos quelques mois avant la mort d’Henry Miller en 1980, et l’un des rares où l’auteur du Tropique du Cancers’exprime en français. 

Auteur dramatique, connu du grand public belge par ses émissions phares sur RTL/TVI et Bel RTL où depuis plus de 30 ans, chaque semaine, Pascal Vrebos anime débats et interviews politiques et produit des inédits comme l’entretien exclusif avec le Roi Albert II et la Reine Paola.
Pascal Vrebos est l’auteur d’une trentaine de pièces de théâtre (Tête de TrucEntre-chats, L’Accusateur) jouées en France, en Allemagne et aux États-Unis, traduites en néerlandais, en tchèque, en allemand et en anglais. Il a reçu de nombreux prix littéraires, dont celui de la SACD pour l’ensemble de son œuvre.