mercredi 8 novembre 2017

Viva Vivaldi

"Viva!" 

Un spectacle mis en scène par Gabriel Alloing, sur un texte de Vincent Engel, interprété par Pietro Pizzuti avec l'ensemble baroque Les Muffati 
et les chanteuses lyriques 
Julia Szproch et Sarah Théry.

Le spectacle sera joué une dernière fois  à Flagey le samedi 9 décembre à 11heures
Plus d'informations sur le site de Flagey

Théâtre Jean Vilar
Louvain La Neuve
Du 7 au 11 novembre 2017

© Illustration Ben Cuvelier 



Les spectateurs qui ré-écouteront, comme je le fais,  le CD du spectacle "Viva" retrouveront une part des émotions dont le spectacle les a enveloppés lors de la première représentation. Leur reviendront en mémoire la magie du spectacle vivant, l'interprétation inouïe de sensibilité, de tendresse, de violence, de rage que Pietro Pizzuti leur a donné au cours d'une heure et demie de monologue. Surgira l'émotion soutenue tout au long de celui-ci par la scénographie imaginée par Gabriel Alloing, des premières mesures qui apparaissent sur les façades des palais vénitiens, aux tremblements des eaux de la lagune, aux corps sensuels des jeunes élèves du maestro, aux masques menaçants qui se projettent comme autant d'images mentales des épisodes qu'évoque le texte de Vincent Engel. Emotions multi sensorielles que celles qui nous gagnent lorsque nous entendons  les voix de la soprano Julia Szproch et de la mezzo-soprano Sarah Thery, toutes deux en résidence à la Chapelle Reine Elisabeth, chanter des fragments de l'opéra Orlando Furioso, ou le "Cum dederit" qui accompagne l'exil désespéré de Vivaldi à Vienne, où il mourra dans le regret d'avoir quitté Venise. Dans ce dernier tableau, Vivaldi exprime un ultime sursaut de la hargne hostile qui le confronte, une ultime fois, lui le fils de barbier, à Benedetto Marcello, le notable qui se targue d'être aussi musicien. Le "prêtre roux" sait qu'il a perdu le combat, il agonise dans l'hiver hostile de Vienne ("Venise, où es-tu? Pourquoi m'as-tu laissé partir...,") en s'interrogeant sur la postérité, mais, surtout, en convoquant une dernière fois "les sourires des femmes, des ciels tendus sur la lagune", dans un dernier sursaut "pour mes funérailles, il suffira du plus joyeux de mes concertos de chambre. celui que je n'ai pas encore composé. Je veux encore entendre vibrer les cordes de mes anges (...), des sourires, des ciels, l'écho de certaines musiques. Des rires d'enfant...". L'épilogue  est porté par la voix de Sarah Thery qui exprime dans cet extrait du Nisi Dominus une profondeur d'expression bouleversante, démontrant une  sensibilité dont l'éventail s'ouvre sur chacune des nuances de la musique.
L'évocation de la vie de Vivaldi s'ouvrait sur le jeune homme joyeux composant une musique qu'il développait sous nos yeux, se poursuit sur le confrontation avec les administrateurs de l'hospice Pio Ospedale della Pieta, où le le prêtre enseigne la musique aux jeunes filles orphelines qui y sont hébergées. Vivaldi est convoqué pour renouveler sa charge de maître de musique. Devant l'auditoire hostile, il défend son art, sa liberté de compositeur, sa disponibilité à toute épreuve, son zèle à servir, sa modernité malgré les modes nouvelles. 
Au-delà du fil narratif, le récit de Vincent Engel explore des interrogations plus vastes  dont le destin de Vivaldi est l'écho:  la puissance de la liberté et de l'authenticité de la création artistique, l'éternel affrontement de l'artiste et des contraintes, la place de l'art dans la cité, la solitude de la défaite, l'insignifiance de la postérité comparée à l'intensité de la création.
Le spectacle nous donne à vivre, avec la même justesse, la même force et la même intensité les émotions, subtilement mises en scène par Gabriel Alloing qui entrelace avec une infaillible dextérité le texte de Vincent Engel, la musique de l'ensemble baroque Les Muffati, le jeu stupéfiant de Pietro Pizzuti et le chant envoûtant de  Julia Szproch et Sarah Théry.
Il est à souhaiter que les programmeurs qui verront le spectacle à Ottignies-Louvain La Neuve (où il ne se joue que jusqu'au 11 novembre), s'empresseront de lui trouver d'autres lieux où se prolonger. Le public répondra présent. 


Jean Jauniaux, Ottignies-Louvain la Neuve le 7 novembre 2017


Les Editions Ker  publient  le roman "Alma Viva", accompagné du texte du monologue "Viva" . Un CD du spectacle,  produit par la Ferme du Biéreau est en vente au Théâtre Jean Vilar

Le monologue joué par Pietro Pizzuti, mis en scène par Gabriel Alloing, se joue du 7 au 11 novembre au Théâtre Jean Vilar à Louvain la Neuve (Belgique). Deux chanteuses lyriques, Julia Szproch et Sarah Théry (qui est en résidence à la Chapelle Reine Elisabeth), et  l’ensemble baroque Les Muffatti ponctuent les confrontations entre Vivaldi et le Conseil des Governatori, gestionnaires du  Pio Ospedale della Pietà  hospice et orphelinat de jeunes filles où le maestro enseigne la musique.