"Amarrage": aide à la jeunesse... de nouveaux projets
pour les adolescents en difficulté de réinsertion sociale
www.amarrage.be |
Thierry Verdeyen, directeur
général de l’ASBL « Amarrage » présentait il y a quelques jours les
nouveaux projets lancés dans le cadre de l’association d’aide à la jeunesse.
Entouré des responsables de quatre nouvelles initiatives, il précise les
objectifs généraux de l’Amarrage, « une asbl d’aide à la jeunesse agréée
et subsidiée par la Fédération Wallonie Bruxelles pour la prise en charge de 81
enfants de 3 à 18 ans qui sont en situation de danger dans leur milieu familial.
Dans le cadre de ce service qui est à la fois généraliste et en constante
évolution, nous diversifions nos projets afin d’être en phase avec les
problèmes rencontrés par les jeunes, et la réponse appropriée que nous pouvons
leur donner » .
Pour rappel, Amarrage ce sont 4 maisons
d’accueil de type familial d’une capacité de 10 jeunes, une « maison des ados » pouvant accueillir 5
jeunes de 15 à 18 ans (et suivis en kots autonomes par la suite), et des séjours de rupture individuels (France,
Roumanie, Moldavie et Bénin) pour des adolescents de 13 à 18 ans en grande
difficulté.
Nous avions déjà eu l’occasion de rencontrer une adolescente,
Juliette, qui à son retour d’un séjour de rupture au Bénin, avait organisé une
exposition de tirages grand format de quelques (magnifiques) photographies
qu’elle en avait ramené. Son projet : offrir au chef du village béninois,
grâce au produit de la vente de ces tirages, les moyens de payer une opération
chirurgicale qui allait lui rendre la vue. (L’interview de Juliette, réalisée en 2011, est toujours disponible sur la webradio espace-livres.) Vous
l’entendrez nous expliquer son projet qu’elle résume ainis : « En
partant vers l’inconnu en novembre 2010, ma motivation était réelle, je
n’imaginais cependant pas un accueil aussi chaleureux, une expérience aussi
riche. Hébergée chez papa Gabriel, il a changé mon regard sur le monde et,
juste retour des choses, je voudrais qu’il puisse recouvrir la vue. C’est dans
ce but que j’organise cette exposition de portraits des habitants de Soukpotomé
au Bénin"
(Des contacts réguliers entre les équipes belge et béninoise d'Africapsud sont l'occasion d'échanger les bonnes pratiques, d'évoquer les bilans des actions menées, d'en imaginer d'autres. Nous avions rencontré quelques uns des éducateurs béninois lors d'un séjour qu'ils effectuaient en Belgique. Leur interview ainsi que celle, à ce propos, de Thierry Verdeyen sont toujours disponibles sur espace-livres.)
Thierry Verdeyen, avant de céder la parole aux
différents responsables de projets, achève la description de l’Amarrage en
évoquant l’action réservée aux MENA (Mineurs étrangers non accompagnés), une
maison d’accueil pouvant héberger 15 jeunes, sans oublier bien sûr une équipe
d’intervention globale, mobile et intensive dans le milieu de vie de l’adolescent
en Brabant Wallon.
Dans la volonté de toujours adapter les
actions à la réalité concrète, Amarrage a lancé il y a un an quatre nouvelles
initiatives à l’intention de jeunes à partit de 16 ans.
En collaboration avec Viavectis (spécialisée
en formation au management à partir de jeux coopératifs), est développée une
version adaptée de formations à l’intention de jeunes en voie d’autonomie.
Dans le cadre d’un partenariat avec
l’Université de Mons, et en particulier de la Faculté de Psychologie, chaque
jeune a la possibilité de faire le point sur sa situation à travers la pratique
de récits de vie, dont la méthodologie et la conduite sont placées sous la
responsabilité de Benoît Tielemans , passionné par le processus de résilience
(Nous l’avons interviewé ). Les « récits de vie » avaient déjà fait
l’objet, dans un autre cadre, de la publication du livre « Quelqu’un de bien », dont nous avions rencontré les
initiatrices : Isabelle Seret, (accompagnatrice en récit de vie et
sociologie clinique) , Nathalie Van Inis et Elisabeth Jauniaux, (sociologues
attachées à l’asbl Amarrage ). « A travers leurs récits de vie, l’ouvrage
donne la parole à six protagonistes ayant bénéficié du projet "Cap
Solidarité". Cette plongée dans une expérience déterminante pour les
jeunes gens qui en bénéficient est à la fois émouvante et
enthousiasmante. Ainsi, la rencontre avec l’autre, dans tous les sens du
terme, (ces jeunes sont "immergés" pendant trois mois dans un village
du Bénin) devient une formidable résilience. Les auteures du livre nous
racontent aussi comment l’écriture de ces récits de vie s’est mise en place :
un témoignage particulièrement riche d’enseignement sur la valeur de la parole,
du récit, du partage de parole.» (Edmond Morrel). Ces entretiens sont toujours accessibles à l’écoute sur espace-livres
En lien avec l’école Cardijn, un kot étudiant
est mis à disposition de l’Amarrage. Un jeune peut y loger de façon transitoire
(avant de s’installer dans un logement autonome) et bénéficier, grâce aux professeurs
et étudiants assistants sociaux (les « colocataires ») d’une présence
et d’un appui.
Enfin, le logement étant la difficulté majeure
s’agissant de jeunes nécessitant d’un logement d’urgence (en cas de
« décrochage »), un nouveau service est expérimenté depuis un
an : « Le mobilhome est une solution de logement à court terme : une
solution rapide, simple, de proximité, et adaptée à chaque situation. Une réponse qui convient pour différentes
situations auxquelles sont confrontées les différentes équipes de
l’Amarrage. Cela conviendra soit pour un
dépannage pour un jeune, soit pour un « time out » pour un jeune qui est en
rupture familiale, ou encore pour une immersion pour un jeune qui cherche à
s’installer dans une localisation. Il peut même être utilisé pour les loisirs. »
précise Thierry Verdeyen, qui ne manque pas de souligner l’importance du réseau
de partenaires qui soutiennent l’asbl : le Fonds Carmeuse (géré par la
Fondation Roi Baudouin), le centre sportif des Coquerées (et à travers lui
l’échevinat à la jeunesse de la commune d’Ottignies) et la ferme du Planois
(qui assurent la logistique liée au mobilhomme), l’Université de Mons et
l’école supérieure de formation sociale Cardijn.
Dans une société où la fracture sociale
constitue non seulement un défi socio-économique à relever d’urgence, mais
aussi, lorsqu’on l’aborde au niveau individuel, une souffrance d’autant plus
angoissante et désespérée lorsqu’ aucune perspective n’est offerte au jeune, le
travail mené au sein d’Amarrage mérite d’être salué à sa juste valeur : en
donnant aux jeunes pris en charge une alternative stimulante, responsable et
adaptée.
Jean Jauniaux, Ottignies, le 31 octobre 2017.
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