Cochin, 18 avril 2017.
En préparant mon voyage aux Indes, j'ai pianoté
de nombreuses fois sur Internet. Je tapais sur mon clavier les noms dont ma
mémoire lointaine était emplie depuis l'enfance. Surgissaient des cobras et des
éléphants, des tigres et des fakirs, des dieux aux bras multiples ou aux faciès
d'animaux. Tout était à la fois effrayant et fascinant pour l'enfant rêveur qui
aime à se laisser bercer par les légendes venues des lointains, de ces confins
que l'imagination se plaît à rendre inaccessibles. Je savais, la bibliothèque m'en avait fait la promesse dans chacun de ses livres, que plus
tard j'irais dans ces lieux que des gravures me dévoilent dans les beaux livres
de la bibliothèque, je longerais les rives du Gange, je sauverais du bûcher cette
belle jeune femme qui faillit faire perdre son pari à Philéas Fogg, je
traverserais la Vallée des Cobras, je suivrais les traces de Morane et
Ballantine...
Aujourd'hui, après une escale à Dubaï, le jumbo 777 pose ses roues sur
la piste de l'aéroport de Cochin. Epuisé par ces heures de vol où, mal assis,
on ne sait ni dormir, ni lire, je me suis plongé comme halluciné dans la
cinémathèque (video) d' Emirates Airlines. Je ne garde aucun souvenir des six
ou sept films que j'ai vus, hormis de "Snowden » et de
« Lion ». Deux films aux antipodes l’un de l’autre, que rien ne rapprochait
si ce n’est que je me promettais depuis des mois de les voir. Bouleversé par le
petit garçon qui s’endort dans un train en gare d’un petit village du nord de
l’Inde et dont il ne s’échappe que 1600 kilomètres plus loin dans une
mégalopole. Sidéré par le filet informatique que la NSA lance sur le monde et
que dénonce Edward Snowden et, à travers lui, le réalisateur Oliver Stone,
rencontré au parlement européen quelques semaines avant ce voyage …
J’ai commencé à prendre des photos le premier soir dans les ruelles de
la vieille ville. J’entre dans un bureau du Parti communiste du Kerala. Au mur,
des posters du Che. Assis à une table, trois hommes m’accueillent en souriant
et en joignant les mains. Nous bavardons de la présence au gouvernement du Parti
depuis 1951 ! Est-ce que l’utopie ici a été mise en place ? Dans cet
état prospère de 33 millions
d’habitants ? Je ne suis pas assez informé pour savoir si les coalitions gouvernementales indiennes étaient particulièrement appropriées pour accueillir
Marx et ne pas en faire les sanglantes caricatures chinoises, soviétiques,
cubaines…
Le lendemain 18 avril, je vais visiter le lavoir auquel le linge des
hôtels de la ville est confié.
Images contrastées parmi lesquelles , le soir, je sélectionne les cinq photographies
que je partage ici, en recopiant cette citation de Rummer Godden (« Le
Fleuve » a inspré le film de Jean Renoir dans les années cinquante)
" Une fois que vous aurez senti la poussière de l'Inde, vous ne
vous en libèrerez jamais "
Jean Jauniaux, Munnar, le 18 avril 2017.
"La ville profite, au début du xve siècle, du déclin de Cranganore et se constitue en petit royaume. Après l'arrivée de Vasco de Gama sur la côte de Malabar, les rajas de Cochin autorisent les Portugais à installer un comptoir. En 1544, saint François Xavier y installe une mission2. La période portugaise est difficile pour les juifs installés dans la région depuis très longtemps et dans la ville depuis la catastrophe de la Cranganore. Les Hollandais arrivent dans le Malabar en 1595 et prennent le contrôle de la ville en 1663, lui apportant une nouvelle période de prospérité. Les Britanniques s'en emparent en 1795, les Pays-Bas la cèderont définitivement au Royaume-Uni par le traité britannico-hollandais de 1814 en échange de l'île de Banca." (Wikipedia)
Aéroport de Dubaï. © Jean Jauniaux |
Le siège du PC à Cochin. © Jean Jauniaux |
Cochin. Devant l'église catholique Saint François. © Jean Jauniaux |
Cochin. Près du marché. © Jean Jauniaux |
Cochin. Le lavoir. ©Jean Jauniaux |
Cochin. Le lavoir. © Jean Jauniaux |