Prolongée de quelques semaines, l'exposition "Sabine Corman. La mémoire de l'arbre" n'offre plus qu'une seule occasion d'être visitée et admirée: le dimanche 26 janvier entre 14h00 et 17h30. Une opportunité aussi de visionner in situ le film spectaculaire et touchant qu'Yvon Lammens (réalisation et images) , Françoise Roberts-Jones (scénario et textes) et Jacques De Decker (lectures) ont consacré à la Maison Lismonde et à l'arbre qui en fait le symbole sans cesse renouvelé, de saison en saison et d'âge en âge.
Voici les liens utiles vers l'exposition, mais aussi un article consacré à l'amitié qui s'était enracinée entre l'artiste Lismonde et le poète Philippe Roberts-Jones ainsi qu'une interview de ce dernier, au cours de laquelle il évoquait avec émotion Lismonde, qui fut le premier à s'inspirer du
poète pour livrer "l'image visible" du premier recueil de poèmes de
Philippe Jones. C'est dire, ou supposer, qu'il y eut entre ces deux
sensibilités une fulgurance.
Philippe Jones l'évoque ainsi dans le livre: En perpétuelle mutation de la densité
vers l'envol et réciproquement, refusant l'effet et toute gratuité, Lismond a
porté l'art du dessin au sommet d'un art en soi, qui se suffit par
l'orchestration du trait et des teintes, lui accordant des vertus monumentales,
d'infinis raffinements musicaux, une poésie intense, des souvenirs de son
enfance, des êtres qu'il aimait, humains et animaux, conjugué de rêves et
d'architectures transposées ou imaginaires.
Jean Jauniaux
Janvier 2020
Pour écouter l'interview (2014) de Philippe Roberts-Jones: cliquer sur le soundcloud
A l’occasion de l’exposition « SABINE CORMAN.
LA MÉMOIRE DE L’ARBRE » (13 octobre 2019 – 19 janvier 2020), la Maison Lismonde
propose à ses visiteurs du dimanche après-midi d’assister à la projection d’un
court métrage du réalisateur Yvon Lammens : « A L’OMBRE DU CHÊNE » (13
minutes). Il retrace l’intérêt de Lismonde pour la nature et particulièrement
pour les arbres, que l’artiste dessina dès sa jeunesse, et qui explique le
choix qu’il fit avec son épouse de la maison « Les Roches » et de son parc
dominés par un prestigieux chêne rouge d’Amérique. L’élagage nécessaire –
sécurité oblige – de cet arbre vénérable est au cœur du film, suscitant un
travail de mémoire à travers images d’archives et d’actualité.
A propos du film , "L'ombre du chêne" réalisé par Yvon Lammens, sur un scénario de Françoise Roberts-Jones:
"Tout dans ce film est fluide et beau, et
avec combien de justesse et de sensibilité s’entrelacent les sensibilités
réunies de la scénariste Françoise Roberts-Jones, - un texte magistralement composé qui va au coeur de l’oeuvre -,
du lecteur/narrateur Jacques De Decker - dont la voix et la lecture portent littéralement le regard du spectateur vers le coeur battant de ce qui doit être ressenti, d’Yvon Lammens enfin, à la réalisation, - dont la caméra est
plus souple et sensible que jamais, se plaçant à l’exact endroit, dans l’exact
mouvement et dans l'idéale lumière de chacune des séquences.
Sa caméra vient fouiller au plus près les
palpitations de l’arbre dont le dernier poème de Philippe nous dit, ici aussi,
la force symbolique poignante.
Ah quel moment de grâce que ces images rendues
envoûtantes par ton texte!"
(Jean Jauniaux, LIVRaisons)
A propos de Sabine Corman
Née à Verviers en 1961, Sabine Corman a grandi
dans la campagne du pays de Herve. De 1981 à 1984, elle fait des études à
l’Institut supérieur des Beaux-Arts Saint-Luc de Liège et poursuit sa formation
à Paris, entre 1985 et 1988, à l’Ecole nationale des Beaux-Arts (dessin,
peinture et fresque). Entretemps, une bourse de la Fondation Darchis lui avait
permis de passer trois mois fructueux en Italie .
En 1986, elle épouse le peintre Etienne
Tribolet qu’elle avait rencontré à Saint-Luc. Ils passeront deux ans en Val
d’Oise où lui se perfectionnera au dur métier de maître verrier. Quelques
années après leur retour en Belgique, ils s’installeront dans une ancienne
école à Honnay sous les belles crêtes de la Famenne, abritant leurs ateliers et
leurs huit enfants.
Sabine mettra, durant une quinzaine d’années,
son œuvre en veilleuse pour se consacrer à sa famille. Dès 2006, elle reprend
le travail, peintures à l’acrylique, pastels et fusains, approfondissant des
thèmes qui lui sont chers, empreints de spiritualité. Le Cantique des
Cantiques, par exemple, lui inspire de grands dessins d’arbres cités dans le
poème : pommier, cèdre du Liban.
Le regard attentif qu’elle porte à la nature,
aux arbres en particulier, se traduit en variations d’un même sujet qui, grâce
aux subtilités, aux transparences du fusain, créent une sorte d’écriture à la
fois construite et suggérée dans l’espace.
Après diverses expositions individuelles,
notamment à Liège, Bruxelles, Orval, Rochefort, Chevetogne ou Valmondois en
France, Sabine Corman expose à la Maison Lismonde, entre autres, le souvenir du
vénérable chêne rouge d’Amérique qu’elle est venue saisir, en plein hiver, à la
veille d’un élagage radical.
Françoise Roberts-Jones
Article paru sur espace-livres en 2014 à l'occasion de la sortie du livre inaugural de la collection "Essais et témoignages" des Editions Le Taillis Pré.
"Philippe Jones inaugure la nouvelle collection
"Essais et témoignage" des Editions Le Taillis Pré. Yves Namur,
créateur et animateur de cette maison, ne pouvait être mieux inspiré que de
solliciter Jones : depuis 65 ans le poète entrelace son écriture aux images
qu’elle inspire à autant d’artistes qui sont devenus amis ou complices.
La table des matières est un formidable
catalogue dont rêvrait plus d’un galeriste de l’art contemporain. Nous ne
citerons pas tous les noms : à chacun d’y aller voir ! Au cours de l’entretien
que nous a accordé Jones, quelques artistes ont été évoqués au fil de
l’évocation du livre : Jo Delahaut, Lismonde, Roger Dewint, Ania Staritsky,
Maurice Pasternak...
Hommage au livre-objet, à l’amitié des
artistes, à la poésie et à l’image, ce livre est aussi une autobiographie par
allusions, par effleurements. Une façon aussi d’entrer dans l’univers si
particulier de celui qui termine ainsi le livre : "Oui, c’est à l’image
formulée, verbale ou visible, d’apparaître. Elle est le sang, elle est la
vie."
Et dans le cas de Philippe Jones, comme le souligne
justement Thierry Horguelin - qui a été le maître d’oeuvre éditorial attentif
et attentionné de cet ouvrage - "Philippe Jones mène une double vie de
poète et d’historien d’art. Les mots et les images, l’amour des livres et la
complicité avec les artistses ont occupé dès sa prime jeunesse une part
essentielle de son existence"
Jones nous fait l’amitié de dévoiler ici la
double image de sa vie, verbale et visible."
Jean Jauniaux
Sur le site de l’éditeur,
Philippe Jones mène une double vie, de
poète et d’historien d’art. Les mots et les images, l’amour des livres et la
complicité avec les artistes ont occupé dès sa prime jeunesse une part
essentielle de son existence. Dans ce livre à cheval sur le récit et l’essai,
il évoque ses nombreuses collaborations avec des peintres, des graveurs, des
dessinateurs et des sculpteurs ; autant de rencontres, au sens fort, qui ont
donné naissance à des livres de toute nature : livres illustrés, livres-objets,
livres d’artistes, où chaque fois la relation entre le texte et l’illustration
fut pensée non dans un lien de subordination de l’image picturale au poème,
mais comme un véritable dialogue.
Hommage aux artistes qui ont accompagné
l’auteur durant soixante-cinq ans d’écriture poétique, Image verbale, image
visible est aussi, et peut-être d’abord, un tribut rendu à l’amitié. C’est
enfin l’occasion de mener une réflexion sur les rapports à la fois évidents et
mystérieux entre image poétique et image plastique.
Yves Namur