lundi 15 août 2016

En guise d'hommage à Françoise Mallet-Joris, "membre belge littéraire" de l'Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique


Pochette d'un disque 33 T composé de lectures par la comédienne Madeleine Vimes d'extraits de "La Maison de papier"

Il est plusieurs façons d’évoquer un écrivain lorsqu’il disparaît. Pour Françoise Mallet-Joris, à l’invitation de son actuel  Secrétaire Perpétuel, Jacques De Decker, je suis allé lire l’hommage que Françoise Mallet-Joris, Membre belge littéraire , prononça à l’occasion de son élection à l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique. 

Elle rendit hommage comme il est de coutume dans l’assemblée à l’écrivain auquel elle succédait au fauteuil numéro 13 : Suzanne Lilar, la propre mère de Françoise Mallet-Joris.  

L’intégralité du discours se trouve sur le site de l’Académie ainsi qu’une bio-bibliographie de la romancière belge, membre également de l’Académie Goncourt et que la chanson rendit populaire à travers quelques succès interprété et mis en musique par Marie-Paule Belle. Dans cette notice, l’Académie rappelle que son discours de réception à l'Académie de langue et de littérature françaises de Belgique lui donnera l'occasion d'un retour aux sources, lui permettra de dire tout ce qu'elle doit à la Belgique et l'importance de ses racines, mais surtout on y trouvera l'expression de la dette d'une fille à sa mère, dette intellectuelle d'abord, mais surtout dette affective. 




Dès l'ouverture de son discours, Mallet-Joris indique combien cet hommage est une gageure :

« Gageure (…), le fait que ce grand écrivain, cette femme exceptionnelle, ce cœur si ferme à la fois et si tourmenté, c’était ma mère. Cela donne à la cérémonie d’aujourd’hui, pour moi, une ambiguïté heureuse et douloureuse à la fois, une double émotion, une double difficulté et, quelle que soit la solennité de l’occasion, je ne puis m’empêcher de l’imaginer, dans un au-delà à sa mesure, me regarder avec une certaine malice, et se dire, avec ce mélange de tendresse et de défi qui était le ton de notre étroite relation : « Voyons un peu comment elle va s’en tirer. »
Cette œuvre si importante et si profonde, qui poursuit son chemin comme un cours d’eau sans cesse enrichi des alluvions d’une admiration et d’une compréhension qui ne font que croître, on en a beaucoup et bien parlé. L’admirable préface de Julien Gracq au Journal de l’Analogiste, la lumineuse introduction de Jean Tordeur, les textes pénétrants de Georges Sion, de Jacques Reda, de Jacques De Decker, et, jusqu’aux images d’André Delvaux qui ajouta ses sortilèges propres a la magie de l’œuvre, tous ces précédents seraient de nature à m’intimider si je n’étais convaincue que, tout en s’amusant de mon embarras, elle est aussi, quelque part, présente pour me secourir. »

Dans le discours de réception que prononça Georges Sion, ce dernier ne manqua pas de saluer la présence de quatre écrivains français qui avaient tenus à être présents lors de la cérémonie: 

Ainsi êtes-vous une Française qui a mérité bien des honneurs et bien des ancrages, tout en restant une Belge qui a su dédoubler son esprit sans trahir aucune de ses fidélités. C’est ainsi que brillante romancière française élue en 1970 à l’Académie Goncourt, vous êtes aujourd’hui un membre belge qui honore notre Académie royale de langue et de littérature françaises. Je tiens à dire, sans plus attendre, que nous sommes très heureux, et aussi très honorés de voir l’Académie Goncourt s’associer à nous aujourd’hui. Je salue donc dans cette salle son Président, son Secrétaire et deux de ses membres, c’est-à-dire quatre écrivains qui nous sont très chers : Hervé Bazin, François Nourissier, Emmanuel Roblès et Michel Tournier. Leur présence nous honore et nous va au cœur. 




Jean Jauniaux
Le 15 août 2016