Et les Belges?
Dans cette chronique "Et les Belges?" (qui aurait pu s'écrire de façon plus exclamative: "Hé! Les Belges!"), nous essayons d'attirer votre attention sur des romans appartenant à cette littérature francophone de Belgique que les Français aiment à nier (il suffit de constater la difficulté qu'ont les livres édités en Belgique à franchir la frontière!) ou à "naturaliser" (dès qu'ils sont publiés à Paris)
La presse francophone belge se prête parfois à ce dénigrement en donnant la part belle aux "stars" hexagonales des rentrées littéraires, celles et ceux dont tout le monde parle déjà, et dont les attachées de presse vantent l'urgence de les interviewer (c'est leur métier! et elles le font avec une redoutable efficacité).
Essayons donc, sous cette interrogation "Et les Belges?" d'attirer l'attention sur l'un ou l'autre de ces romans qui disparaissent avant même d'avoir eu le temps de se faire connaître...
Nous n'oublierons pas de rendre compte aussi de romans venus de Flandre lorsqu'ils seront traduits. Il semble trouver, paradoxalement, plus facilement leur chemin vers les librairies, distributeurs et éditeurs français que les romans francophones du Patit Royaume. Nous en avions eu la démonstration avec les romans de Tom Lanoye par exemple, que nous avions rencontré à la parution de "Esclaves heureux" (Editions La Différence).
Nous ne manquerons pas non plus d'évoquer les ré-éditions d'auteurs belges francophones dans la collection patrimoniale "Espace-Nord" . Enfin, rappelons que sur notre webradio www.espace-livres.be plus de 150 entretiens avec des écrivains et auteurs belges.
Pour inaugurer cette nouvelle rubrique, nous avons choisi le roman "Le Chagrin des Cordes" de François Weerts, journaliste dont le premier roman avait eu les honneurs d'une édition chez Actes Sud, dans la collection Actes Noirs! "Les Sirènes d'Alexandrie" avait obtenu le Prix Saga (couronnant un premier roman) en 2010. "Le chagrin des cordes" se situe, comme le premier, en Belgique. Il obéit aux lois du genre qu'il revendique, un thriller construit d'une plume efficace pour tenir le lecteur en haleine jusqu'au dénouement. Les décors sont plantés avec ce qu'il faut d'efficacité pour encadrer le récit et les protagonistes. L'écriture répond aux exigences du genre: dialogues serrés, métaphores parfois risquées mais efficaces. Parfois emporté par une certaine facilité d'écriture - Weerts est journaliste - le romancier , ou son éditeur?, aurait parfois gagné en vigueur s'il avait allégé le phrasé ("Les feuilles vert tendre des saules de l'étang de Boitsfort, encore teintées de jaune, d'un jaune printanier, celui des jonquilles, filtrent les ultimes lueurs du jour." (P.99) est un exemple de ce qui alourdit par moments le rythme du récit et sa dynamique. C'est peut-être un défaut propre aux deuxièmes romans dont nous savons qu'ils sont les plus difficiles à écrire. Ce qui ne nous empêche pas d'attendre avec impatience le troisième opus...
Edmond Morrel
L'usine Forgibel, dans la banlieue de
Bruxelles, est moribonde. Ses ouvriers sont en grève, et l’un des leurs vient
de connaître une mort violente sur une machine. L’affaire est classée comme un
cambriolage ayant mal tourné, mais Antoine Daillez, journaliste, n’est pas
convaincu. Le défunt était son ami Gilles, « Gil » le rockeur, qui avait
abandonné la musique et se consacrait corps et âme à l’usine Forgibel, expiant
un passé que lui seul connaissait.
Dans une lettre envoyée à Antoine peu
avant sa mort, avec un vinyl de Sticky Fingers des Rolling Stones, Gilles
exposait ses soupçons de malversations au sein de l’usine. Les morts s’accumulent autour de
Forgibel, les ouvriers crient vengeance pour leurs emplois menacés, et une
jeune femme orpheline a soif de sang. La clé de l’affaire se cache-t-elle dans
le passé trouble de Gilles, le musicien déchu ?