Henri
Roanne-Rosenblatt a été critique de cinéma, journaliste à la radio belge
francophone, conseiller pour les programmes européens de soutien à
l'audiovisuel (Programme MEDIA). Aujourd'hui, il se consacre à l'écriture.
Son dernier roman
raconte, avec l’humour qui sert de refuge à la mémoire tragique, le destin d’un
enfant caché (« Le cinéma de Saul Birnbaum », Editions Genèse) . Ce roman est
en voie d’adaptation au cinéma.
Au cours de sa carrière,
il a rencontré à plusieurs reprises Chantal Akerman. Il a envoyé à ses amis une
lettre qui lui rend hommage et témoigne. Je lui ai demandé de pouvoir la
publier sur espace-livres. La voici, en partage et en hommage à la cinéaste
disparue.
Edmond Morrel, 8
octobre 2015
« Je suis bouleversé par la mort dramatique de
Chantal.
Son cinéma, trop hermétique pour moi, m'est demeuré
fermé mais j'ai toujours admire
l'énergie qui lui a permis de tourner envers et contre tout.
Nous avons beaucoup discuté a l'époque où j'étais
critique de cinéma. Son regard était d'une intensité extraordinaire. Elle
possédait un humour que dénotent trop peu ses films.
Quand j'étais au Cabinet de Jean-Maurice Dehousse
(Ministre de la culture en Belgique francophone), je l'ai convaincu de faire
financer un voyage que la réalisatrice souhaitait effectuer à Miami. Là,
marchant pendant des heures et des heures avec lui le long de la mer, cette
petite jeune femme avait réussi à convaincre le Vénérable patriarche Isaac
Bashlevis Singer de lui céder
gratuitement les droits du roman "Le Domaine". Mais même si Toscan du Plantier, dans sa
période novatrice à la tête de Gaumont, la soutenait beaucoup, elle n'avait pas
le crédit commercial pour obtenir le financement d'un film aussi cher.
Connaissant son humour, je l'ai encouragée a
s'attaquer à une comédie et je crois ne pas être étranger au film "Un divan à New
York", la plus réussie des "comédies américaines" réalisées en
Europe.
Sa fin tragique est, à mes yeux, un des dommages
collatéraux du génocide juif.
Henri Roanne-Rosenblatt