Jean LOUVET Théâtre 4
Quatrième volume de son théâtre aux Archives et Musée de la Littérature
Avec la parution du quatrième et avant-dernier volume de l'édition scientifique du "Théâtre de Jean Louvet" se trouvent réunies les pièces d'un des plus importants dramaturges de la francophonie contemporaine. Accompagnées d'un appareil critique, historique et biographique établi par Vincent Radermecker, cinq pièces écrites dans les dernières années du XXème siècle, dont Louvet a été un témoin infatigable et intransigeant, nous sont données dans un ouvrage préfacé par Marc Quaghebeur. Chacune des pièces fait l'objet d'un minutieux encadrement permettant au lecteur d'apprécier le cadre, la genèse et la réception de chacune des pièces: "La nuit de Courcelles, "L'annonce faite à Benoît", "Le coup de semonce", "Madame Parfondry est revenue", "Devant le mur élevé" , "Pierre Harmignies, numéro 17".
Marc Quaghebeur (qui publie également ces temps-ci, le deuxième volume de son histoire de la littérature francophone de Belgique : "L'ébranlement", 1914-1944) nous invite dans une préface (hélas trop courte pour contenir l'érudition passionnée du directeur des AML) à parcourir quelques pistes de lecture des pièces. Le texte d'introduction salue aussi la mémoire du dramaturge décédé avant que l'ensemble de son oeuvre ne soir réunie dans la collection dont le titre n'a sans doute jamais autant justifié sa nécessité: "Archives du futur".
Certes l'édition "scientifique" d'une oeuvre implique l'assemblage autour du corps des textes, des notes et précisions qui en irriguent la connaissance. Mais la lecture du théâtre de Louvet peut également se réaliser en faisant table rase du corpus pour ceux qui souhaitent, simplement, s'immerger dans la puissance dramatique et la force d'un théâtre qui mériterait d'être porté sur les scènes des théâtres de façon régulière, comme il s'agit de "répertoire" au sens le plus noble du terme, une oeuvre qui ne s'épuise pas d'être fréquentée, lue, jouée tant elle éclaire les tourments universels du contemporain. "La nuit de Courcelles", "Pierre Harmignie" pour ne citer que celles-là sont des oeuvres qui, partant d'événements historiques avérés (les massacres perpétrés par les Rexistes à la fin de la deuxième guerre mondiale) explorent, interrogent, exposent les racines d'un mal dont les surgissements ne cessent de menacer, aujourd'hui, les fragiles édifices des démocraties.
Saluons le travail accompli par Vincent Radermecker qui, en plus de l'exégèse de l'oeuvre, nous invite, dans les notes en bas de page et dans les textes de contextualisation, à une salutaire familiarité avec l'écrivain au travail.
Jean Jauniaux, Lviv- Bruxelles, 22-23 septembre 2017.
A l'occasion de la parution du volume trois, également magistralement commenté par Vincent Radermecker, nous avions rencontré Jean Louvet. Il nous avait reçu longuement chez lui pour l'enregistrement d'un entretien radio (toujours accessible sur la web radio espace-livres) au cours duquel il évoque les événements marquants de sa vie, de son parcours d'écrivain et de dramaturge, mais aussi les souvenirs d'un engagement dont la sincérité et la cohérence n'a jamais été prise en défaut. Ré-écoutant la voix de Jean Louvet, les roulements de sa voix dans les méandres du français parlé par un Wallon, les bruits familiers de maison, je ne peux m'empêcher de penser qu'il n'occupe pas encore dans les coeurs et dans les mémoires la place immense qu'il faudrait lui accorder.
( pour écouter cette interview il suffit de cliquer ici.