Nous laisser enchanter...
L'été nous offre davantage de disponibilité. Le surcroît de lumière et de langueur ne serait-ils pas une invitation au voyage musical dont les étapes nous sont suggérées par les commentaires et les recensions éclairées d'un guide attentif comme l'est Jean Lacroix dans les chroniques qu'il nous fait parvenir avec la régularité d'un coeur battant? Nous reprenons ici la publication de ses articles dont chacun est une fenêtre ouverte sur un nouveau paysage musical: à nous de nous en approcher, de l'ouvrir et de nous laisser enchanter.
(Références du cd)
(Références du cd)
Jean Jauniaux , le 29 juillet 2018
Poulenc le brillant, l’élégant,
le raffiné…
Un CD Naxos (8.573739) de ce compositeur attachant, confié à
l’orchestre irlandais RTE National Symphony dirigé par Jean-Luc Tingaud, élève
de Manuel Rosenthal, en est un joyeux exemple.
Au programme : deux suites
de ballets, Les Biches et Les Animaux modèles, et sa Sinfonietta. On se souvient des
interprétations de Georges Prêtre, un proche du maître, et des références qu’il
a laissées dans la discographie à la tête de phalanges françaises ou anglaises.
Tingaud joue la carte de la séduction, du ravissement et de la lumière. Avec Les Biches, qui date de 1923, Poulenc
signait une partition pleine de jeunesse, avec des enchaînements harmoniques
ciselés avec grâce. C’est la suite en cinq mouvements qui est ici proposée.
Dommage que l’on n’entende pas l’intégrale en neuf parties ! Le ballet
complet est en effet prévu pour des intermèdes chantés que Prêtre réussissait
si bien avec le Philharmonia dans les années 1980. Avec les Animaux modèles de 1942, on entre dans
le monde des fables de La Fontaine ; Poulenc transpose le lion amoureux ou
les deux coqs dans l’univers des humains. Moins souvent enregistrée que celle
des Biches, cette suite alterne la
gravité avec le divertissement et la saveur allusive avec la sérénité. En
pleine période d’occupation, Poulenc n’a pas hésité à insérer une citation de
la chanson Non, non, vous n’aurez pas
l’Alsace et la Lorraine que l’on retrouve dans le Lion amoureux. La Sinfonietta
de 1947 qui clôture ce CD s’inscrit dans la légèreté ; elle fait souvent
penser à l’exubérance dansante de la Symphonie de Bizet. Il y a moins noble
rapprochement !
Un programme bien fait pour un savoureux plaisir d’écoute.
Jean Lacroix, juillet 2018