mercredi 1 mai 2019

Rencontre avec Gabriel Ringlet : La grâce des jours uniques

La grâce des jours uniques
Gabriel Ringlet 

Eloge de la célébration
La parution de son dernier livre en date, nous a donné l’occasion de rencontrer Gabriel Ringlet au Prieuré de Malèves-Ste –Marie. L’entretien s’est ouvert sur l’évocation d’Emmanuel Mounier. Le titre du livre est un fragment d’un texte cité en exergue de l’essai que Gabriel Ringlet consacre aux célébrations : L’éclat du jour se fera un peu plus vif, le pommier aura l’air plus heureux, le chêne plus éternel et sur chaque visage la grâce des jours uniques deviendra quotidienne.  
Le philosophe, fondateur de la revue Esprit et concepteur du personnalisme communautaire sera la première des grandes figures qu’évoquera Gabriel Ringlet au cours de cette rencontre à bâtons rompus. Il y adjoindra bien vite Emmanuel Levinas et Paul Ricoeur, compagnons de pensée de celui qui convie «  des romanciers, poètes, chanteurs, cinéastes et artistes de tout bord (…) au jeu de ces liturgies hors des sentiers battus. »

Mais l’essentiel du livre réside sans doute dans la dimension littéraire de la démarche de Gabriel Ringlet qui reconnaît n’être « plus capable de célébrer sans témoins de l’actualité et créateurs d’imaginaires ». On sait la volonté d’ouverture de celui qui revendique celle-ci et dans ses engagements et dans ses livres à commencer par celui qui le fit connaître du grand public pour ces qualités-là : L’Evangile d’un libre penseu .
Prêtre, écrivain, journaliste et universitaire, professeur et ancien vice-recteur de l’Université catholique de Louvain, Gabriel Ringlet est avant tout un homme engagé dans le monde qui ne cesse d’interroger ses convictions par l’écriture, de confronter sa foi à la réalité et à l’actualité, de rencontrer l’autre, dans son individualité et sa différence. Il y a les anonymes qu’il accompagne lors des célébrations qui sont autant de balises de la naissance à la mort. Il nous les raconte dans la première partie, Célébrer le quotidien  de La grâce des jours uniques. L’écrivain Ringlet supplante le prêtre, le témoin, le protagoniste de ces célébrations dont il nous fait ici le témoin. Ainsi le livre s’ouvre-t-il sur Noé, petit garçon mort-né dont les obsèques bouleversantes nous aident à comprendre combien le plus humble, le plus injuste des destins nous inscrit dans la nécessité du rite tel que le revendique Gabriel Ringlet : Quand j’interroge mon identité profonde, je crois que je suis fondamentalement célébrant. (…) On peut vivre sans célébrer bien entendu. Mais pour soulever la vie, pour l’alléger, pour la porter plus haut et plus loin, nous avons besoin du rite. Il ne supprimera pas la souffrance, mais il peut éloigner la désespérance (…) Le rite est une partie de nous-même. 
Dans la deuxième partie du livre, Célébrer les jours saints, Gabriel Ringlet évoque quelques unes des célébrations par lequelles il propose que la danse la peinture, la poésie, la chanson…interrogent l’actualité et labourent l’Evangile. En associant aux rituels de la Semaine sainte des personnalités aussi différentes que Bouli Lanners, Magda Hollander-Lafon, France Brel, le clown Denis Bernard, François Troukens ou Karima Berger (pour ne citer qu’eux), le prêtre ne vise pas à mettre au goût du jour (le texte biblique), amis espère bien plus fondamentalement provoquer une secousse.
Le point commun des célébrations dont témoigne ici Gabriel Ringlet réside dans ce qu’il nomme, revendique et prône : « l’affirmation littéraire ».


Jean Jauniaux

L'entretien avec Gabriel Ringlet est disponible sur le "soundcloud" de LIVRaisons