Depuis quelques
années, maints orchestres ont pris l’initiative de publier des CD sous leur
propre étiquette, ce qui nous permet d’avoir accès la plupart du temps à
d’intéressants concerts publics ou de découvrir de passionnantes archives. Pour
le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, le prestigieux Orchestre de la
Radio Bavaroise implanté à Munich, l’aventure dure depuis dix ans. A cette
occasion, le label BR publie un catalogue en format CD auquel est joint, pour
un prix dérisoire, une Symphonie n° 5
de Tchaïkowski. Dans la présentation de ce catalogue de 80 pages où sont
reproduites en couleurs les pochettes de tous les CD parus, Maris Jansons,
directeur musical depuis 2003, rappelle que c’est en partie suite à son
initiative que la décision a été prise de constituer ce réservoir patrimonial
qui permet de suivre le parcours de la phalange sous la baguette de son chef,
tout comme celui du chœur des Bayerischen Rundfunks et du Münchner
Rundfunkorchester. En dix ans, bien des merveilles ont été ainsi mises à la
disposition des mélomanes. Elles couvrent tout le répertoire, de Bach à Wagner,
en passant par tous les grands compositeurs. La part belle est faite en toute
logique aux figures majeures : Beethoven, Brahms, Bruckner, Haydn, Mahler,
Mendelssohn, Mozart, Schubert, Schumann, Richard Strauss ou Tchaïkowski, mais
aussi, pour ne citer qu’eux, à Berlioz, Dvorak, Gounod, Rachmaninov ou Chostakovitch.
Sans oublier des compositeurs du XXe siècle comme Respighi, Shchedrin, Britten,
Vaughan Williams, Hartmann, Varèse, ou encore, plus près de nous, Arvo Pärt.
Vers le CD |
Nous avons déjà
signalé ici l’une ou l’autre parution, mais en parcourant le catalogue, on
constate qu’il mériterait une longue étude à lui tout seul. Car à côté de Maris
Jansons, on retrouve bien sûr Bernard Haitink ou Ivan Repušić pour des opéras, mais encore Simon Rattle, Herbert Blomstedt, Yannick
Nézet-Seguin, Daniel Harding ou Ulf Schirmer. Ainsi que des concerts de
personnalités qui ont marqué l’histoire de l’orchestre : Rafael Kubelík,
Eugen Jochum, Sir Colin Davis, Leopold Hager, Otto Klemperer, Kurt Eichhorn,
Lorin Maazel, Kiril Kondrashin, des solistes comme Martha Argerich, Friedrich
Gulda et Daniel Barenboim ou des chanteurs comme Mirella Freni, Hermann Prey,
Nicolaï Ghiaurov, Edita Gruberova ou Margaret Price. De quoi faire rêver !
Ce catalogue qu’il
convient de garder sous la main pour s’y référer avec régularité est
accompagné, nous l’avons dit, d’une Symphonie
n° 5 de Tchaïkowski (BR 900104), reflet d’un concert du 9 octobre 2009. Le
choix n’est pas idéal, car Jansons donne de cette partition une interprétation
que nous ne porterons pas aux nues, même si les pupitres sont ce qu’ils sont
toujours : splendides. Mais il manque, à notre avis, un souffle et une
grandeur que l’œuvre réclame et que l’on attend en vain.
Vers le CD |
Des qualités que l’on
saluera par contre dans un CD qui paraît en même temps, une Symphonie n° 1 de Mahler, donnée dans la
Herkulessaal de Münich les 1er et 2 mars 2007 (BR 900179). On sait à
quel point Jansons a servi Mahler avec bonheur. Ici, la réussite est totale.
Emporté par un élan qui paraissait s’émousser parfois dans certains témoignages
de concerts plus récents, le chef et sa formation livrent une brillante et
grandiose version dans toutes ses dimensions mystérieuses, dramatiques et
lyriques, avec un Final d’une tenue rythmique rigoureuse. Le label BR aurait
été mieux inspiré en adjoignant ce Mahler à son catalogue, mais ce dernier
mérite à lui seul une belle lecture et une plongée dans une aventure qui n’est
pas près de s’éteindre.
Jean
Lacroix