Rencontre avec Alain Finkielkraut à l'occasion de la parution de "L’identité malheureuse"
En décembre 2013, j'avais eu l'occasion de rencontrer le philosophe Alain Finkielkraut. Les manifestations haineuses dont il a été l'objet m'ont incité à rechercher dans les archives d'Espace-Livres, l'interview à publier ce jour.
L'occasion nous est aussi donnée de citer la phrase de Voltaire dont l'actualité nous éclaire d'une lumière particulière aujourd'hui: "Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire"
Jean Jauniaux. Président de PEN Belgique. Le 19 février 2019.
Pour écouter l'interview cliquer ICI |
Voici un livre qui a fait débat, parfois faute
d’être lu, souvent faute d’avoir été réfléchi par les lecteurs pressés que nous
sommes devenus. Voici un livre qui ose poser les questions qui nous hantent
depuis que nous avons conscience, vraiment conscience, de ne pas être seuls au
monde et placés devant la double tentation qu’aborde de front le philosophe :
"il nous faut combattre la tentation ethnocentrique de persécuter les
différences et de nous ériger en modèle idéal, sans pour autant succomber à la
tentation pénitentielle de nous déprendre de nous-mêmes pour expier nos
fautes."
Nous avons rencontré Alain Finkielkraut à
Bruxelles au début du mois de décembre 2013.
Jean Jauniaux
Sur le site de l’éditeur
L’immigration qui contribue et contribuera
toujours davantage au peuplement du Vieux Monde renvoie les nations européennes
et l’Europe elle-même à la question de leur identité. Les individus
cosmopolites que nous étions spontanément font, sous le choc de l’altérité, la
découverte de leur être. Découverte précieuse, découverte périlleuse : il nous
faut combattre la tentation ethnocentrique de persécuter les différences et de
nous ériger en modèle idéal, sans pour autant succomber à la tentation
pénitentielle de nous déprendre de nous-mêmes pour expier nos fautes. La bonne
conscience nous est interdite mais il y a des limites à la mauvaise conscience.
Notre héritage, qui ne fait certes pas de nous des êtres supérieurs, mérite
d’être préservé, entretenu et transmis aussi bien aux autochtones qu’aux
nouveaux arrivants. Reste à savoir, dans un monde qui remplace l’art de lire
par l’interconnexion permanente et qui proscrit l’élitisme culturel au nom de
l’égalité, s’il est encore possible d’hériter et de transmettre.