lundi 16 octobre 2017

Lismonde & Philippe Roberts-Jones: 50 ans de complicité

Exposition
Lismonde et Philippe Roberts-Jones, 
cinquante ans d'amitié
A la Maison Lismonde
du 7 octobre 2017 au 11 février 2018



Chaque dimanche de 14 à 17h30 (sauf les 24 et 31 décembre et le 7 janvier) la Maison Lismonde accueille jusqu'au 11 février 2018 une exposition consacrée aux cinquante ans d'amitié et de complicité artistique qui lièrent l'artiste Jules Lismonde et Philippe Roberts-Jones en ses multiples qualités de poète, d'historien d'art et de connaisseur sensible des oeuvres inspirées. L'amitié avec Lismonde ne pouvait aller que de soi. Chacun des  éléments de l'exposition,  en particulier ceux choisis par Françoise Roberts-Jones, très émue lors du discours amical que prononça Catherine de Braekeleer, contribue à nourrir cette évidence. Le catalogue réalisé par Serge Goyens de Heusch réussit la gageure de réunir en une  - trop - courte plaquette,   un guide indispensable de la complicité entre les deux hommes, qui transparaît aussi bien dans le texte, dans les fragments de poèmes, dans les photographies et, bien sûr, dans les reproductions d'oeuvres de l'artiste. Dans l'introduction Françoise Roberts-Jones identifie avec justesse ce qui réunit depuis leur rencontre ces deux artistes : "Estime réciproque, curiosité toujours en éveil, ouverture et générosité envers les autres, rigueur dans le travail, enracinement dans un lieu, mais se nourrissant aussi d'images et de sensations puisées ailleurs sans oublier un sens de l'humour". 
Dans l'entretien qu'il accordait à la webradio-espace-livres à l'occasion de la parution du livre inaugural de la collection "Essais et témoignages" (Editions Le Tailli-Pré), "Image verbale, image visible"  Philippe Jones évoquait avec émotion  Lismonde, qui fut le premier à s'inspirer du poète pour livrer "l'image visible" du premier recueil de poèmes de Philippe Jones. C'est dire, ou supposer, qu'il y eut entre ces deux sensibilités une fulgurance.   Dans le livre, voici ce qu'il en disait: "En perpétuelle mutation de la densité vers l'envol et réciproquement, refusant l'effet et toute gratuité, Lismond a porté l'art du dessin au sommet d'un art en soi, qui se suffit par l'orchestration du trait et des teintes, lui accordant des vertus monumentales, d'infinis raffinements musicaux, une poésie intense, des souvenirs de son enfance, des êtres qu'il aimait, humains et animaux, conjugué de rêves et d'architectures transposées ou imaginaires".
Pas moins de 18 titres figurent dans la bibliographie qui clôture le catalogue de l'exposition, dix-huit ouvrages où les noms de Jones et Lismonde se côtoient, se font miroir, se nourrissent mutuellement. Dans les articles (le premier date de 1953!) et préfaces, les catalogues et monographies  l'analyse de l'historien d'art prévaut sur la création commune. 

Mais, évoquant Lismonde, l'écriture érudite de l'historien d'art sera toujours sublimée par la poésie, comme s'il fallait s'échapper de l'analyse pour exprimer ce qui est de l'ordre de l'émotion. Lismonde y fut sensible, lui qui emprunta plus d'une fois aux textes de Jones les titres d'oeuvres, comme "L'élan de faire", "Se veut trait d'union".
Par une vraie complicité entre eux, les deux créateurs n'hésitent pas à s'éclairer du travail de l'autre, à chercher mutuellement du sens et du sensible, à puiser de l'énergie dans celle qu'insuffle l'oeuvre de l'autre. La manière d'écrire sur l'art telle que la pratique Jones trouve, avec Lismonde,  son véritable souffle esthétique et poétique par l'intensité du regard et la force de l'émotion. (Cet abandon à l'émotion dans l'écriture sur l'art, est peut-être  ce qui fait de Jones un poète en tout ce qu'il écrit. Il faudrait un jour que ceci fut davantage exploré, pour valider ou mettre en évidence cette intuition qui nous vient aussi en lisant Verhaeren évoquer Ensor, ou Zweig s'immerger dans l'oeuvre de Masereel.)  Et Lismonde sublime cette puissance poétique en puisant, dans l'oeuvre poétique cette fois, les titres qu'il donne à de nouvelles oeuvres: "Alerte l'horizon", "Traduit son espace", "En mémoire lointaine", "Alphabet d'un devenir", "Alphabet des circonstances".

Par un après-midi d'automne ou d'hiver (l'exposition s'achève en février ), prenez le temps de vous rendre à Linkebeek, de vous arrêter à Dwersbos au numéro 1, de pousser la porte de la Maison Lismonde et de vous laisser gagner par la complicité que ces deux artistes, Jones et Lismonde, vous invitent à rejoindre, dans ce mouvement du trait et de la phrase qu'ils n'ont cessé d'entrelacer en un demi-siècle d'amitié.

Jean Jauniaux, le 16 octobre 2017


"Du 7 octobre 2017 au 11 février 2018, La Maison Lismonde organisera une exposition intitulée Lismonde et Philippe Roberts-Jones : cinquante ans d’amitié.
NB:  l'exposition est ouverte chaque dimanche, de 14 à 17 h 30 sauf les 24 et 31 décembre et 7 janvier.

À travers œuvres et documents, cette exposition mettra en valeur les regards croisés entre l’artiste et l’éminent historien d’art-poète.

On y découvrira les estampes que le poète Philippe Jones commanda à Lismonde afin d’illustrer deux de ses recueils. Egalement une série de fusains dont Lismonde emprunta les titres dans divers poèmes de Philippe Jones, ainsi que de précieux documents liés aux nombreux commentaires de l’historien d’art jalonnant la carrière de l’artiste : des articles à l’occasion d’expositions, et surtout l’importante monographie publiée en 1977 à l’occasion de la rétrospective Lismonde aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles.
Un catalogue très documenté, confrontant notamment œuvres et poèmes, sera édité à l’occasion de cette exposition."

Sur www.espace-livres.be : les entretiens radiophoniques avec Philippe Robert- Jones à propos de différents recueils: