mardi 14 août 2018

Saint Idesbald, station d'arts, Episode 2 : Henri Sarla, la mémoire et la mer...

Henri Sarla, peintre de l'instant magique



Nous avions rencontré Henri Sarla il y a quelques années. Cet Hennuyer, installé à Oostduinkerque, nous avait intrigué par sa palette nostalgique des années soixante, sa manière d'éveiller la mémoire de l'enfance et la mer (paraphrasant ici la chanson phare de Léo Ferré, La mémoire et la mer, un des textes les plus envoutants et énigmatiques de la chanson française), sa façon de dévoiler la lumière impalpable de la mer du Nord, ce gris-vert que le soleil vient embaumer d'embruns de sable. Nous avions été ému par le tableau L'horloge qu'il exposait déjà à l'époque aux cimaise de Yesartgallery, où nous retrouvions, tel qu'en notre souvenir, ce lieu aujourd'hui détruit. Il était sur la digue le lieu de rendez-vous des amours adolescentes, le point de repère des enfants perdus et le salon de dégustation gourmande des adultes avalant des "crèmes glacées" ou des gaufres de Bruxelles au sucre impalpable...

De ce tableau nous avons orné la couverture d'un recueil de nouvelles, L'année dernière à Saint Idesbald dont le titre mémoriel semblait appeler cette illustration.









En relisant ce que sous la plume d'Edmond Morrel nous écrivions alors, il ne nous semble pas devoir retirer le moindre mot à ce texte intitulé "Henri Sarla peintre de l’instant magique", qui accompagnait l'enregistrement sonore de la rencontre avec l'artiste.


Certes Saint-Idesbald, Koksijde et Oostduinkerque ne forment plus qu’une seule entité administrative. Mais cette fusion n’enlève rien à l’identité de chacune de ces stations balnéaires du Nord, en particulier à Saint Idesbald qui est un espace pictural en soi. Suffisent à le démontrer les Paul Delvaux, Taf Wallet et Walter Vilain dont les noms ont traversé les frontières.
Aujourd’hui il convient d’ajouter celui d’Henri Sarla.
Nous l’avons rencontré dans son atelier.
Au hasard d’une promenade dans le Strandlaan, à quelques rues de l’"Horloge", qui s’élève dorénavant dans un gris aussi moderne que triste, un tableau exposé dans la galerie YES Art Gallery éveille dans le coeur du passant une émotion nostalgique. Une toile signée Henri Sarla a restitué l’exacte émotion nostalgique de ce qu’est Saint Idesbald et tant d’autres lieux au long de la côte. Dans la magie de l’émotion nourrie de l’enfance, le peintre a saisi l’essentiel : une architecture de briques jaunes et de ciment blanc, que les lumières de chaque saison mettent en valeur, des lignes aux rondeurs dunaires, des courbes automobiles qui font fi de l’aérodynamisme, des envahissements de sable sur les briques rouges de la digue, des corps en vacance qui se désaltèrent de soleil et d’embruns.
Henri Sarla est un de ces peintres dont vous conservez longtemps dans le coeur cette sorte d’innocence mélancolique à laquelle il vous abandonne dans le miroir de ses tableaux.
Ses oeuvres récentes explorent dans la lignée d’un Hopper le quotidien que lui inspirent d’anciennes photos de famille. Il en explore la gestuelle figée et souriante de ces modèles de l’instantané, il extrapole la maladresse des cadrages, il va ainsi dans la lumière des êtres et il nous émeut.
Si vos pas vous mènent à Saint Idesbald ou dans l’une ou l’autre exposition qui accueille les oeuvres d’Henri Sarla, interrompez la marche du temps et entrez dans son univers. L’émerveillement est au rendez-vous.
Edmond Morrel

Pourquoi ne pas franchir à nouveau la porte de la Yesartgallery et y prendre un peu de cette lumière  dunaire si proche de l'imagerie de l'enfance...

Jean Jauniaux, Ficheront-Bruxelles-Saint-Idesbald, le 14 août 2018

Vous pouvez voir les nouvelles toiles d’Henri Sarla aux cimaises de la Yes Art Gallery à Saint-Idesbald jusqu'à la fin du mois de septembre 2018.
Adresse : 
Strandlaan, 239c
B-8670 Koksijde
patrick@yesartgallery.com