Henri Sarla, peintre de l'instant magique
Nous avions rencontré Henri Sarla il y a quelques années. Cet Hennuyer, installé à Oostduinkerque, nous avait intrigué par sa palette nostalgique des années soixante, sa manière d'éveiller la mémoire de l'enfance et la mer (paraphrasant ici la chanson phare de Léo Ferré, La mémoire et la mer, un des textes les plus envoutants et énigmatiques de la chanson française), sa façon de dévoiler la lumière impalpable de la mer du Nord, ce gris-vert que le soleil vient embaumer d'embruns de sable. Nous avions été ému par le tableau L'horloge qu'il exposait déjà à l'époque aux cimaise de Yesartgallery, où nous retrouvions, tel qu'en notre souvenir, ce lieu aujourd'hui détruit. Il était sur la digue le lieu de rendez-vous des amours adolescentes, le point de repère des enfants perdus et le salon de dégustation gourmande des adultes avalant des "crèmes glacées" ou des gaufres de Bruxelles au sucre impalpable...
De ce tableau nous avons orné la couverture d'un recueil de nouvelles, L'année dernière à Saint Idesbald dont le titre mémoriel semblait appeler cette illustration.
En relisant ce que sous la plume d'Edmond Morrel nous écrivions alors, il ne nous semble pas devoir retirer le moindre mot à ce texte intitulé "Henri Sarla peintre de l’instant magique", qui accompagnait l'enregistrement sonore de la rencontre avec l'artiste.
Certes Saint-Idesbald, Koksijde et
Oostduinkerque ne forment plus qu’une seule entité administrative. Mais cette
fusion n’enlève rien à l’identité de chacune de ces stations balnéaires du
Nord, en particulier à Saint Idesbald qui est un espace pictural en soi.
Suffisent à le démontrer les Paul Delvaux, Taf Wallet et Walter Vilain dont les
noms ont traversé les frontières.
Aujourd’hui il convient d’ajouter celui
d’Henri Sarla.
Nous l’avons rencontré dans son atelier.
Au hasard d’une promenade dans le Strandlaan,
à quelques rues de l’"Horloge", qui s’élève dorénavant dans un gris
aussi moderne que triste, un tableau exposé dans la galerie YES Art Gallery
éveille dans le coeur du passant une émotion nostalgique. Une toile signée
Henri Sarla a restitué l’exacte émotion nostalgique de ce qu’est Saint Idesbald
et tant d’autres lieux au long de la côte. Dans la magie de l’émotion nourrie
de l’enfance, le peintre a saisi l’essentiel : une architecture de briques
jaunes et de ciment blanc, que les lumières de chaque saison mettent en valeur,
des lignes aux rondeurs dunaires, des courbes automobiles qui font fi de
l’aérodynamisme, des envahissements de sable sur les briques rouges de la
digue, des corps en vacance qui se désaltèrent de soleil et d’embruns.
Henri Sarla est un de ces peintres dont vous
conservez longtemps dans le coeur cette sorte d’innocence mélancolique à
laquelle il vous abandonne dans le miroir de ses tableaux.
Ses oeuvres récentes explorent dans la lignée
d’un Hopper le quotidien que lui inspirent d’anciennes photos de famille. Il en
explore la gestuelle figée et souriante de ces modèles de l’instantané, il
extrapole la maladresse des cadrages, il va ainsi dans la lumière des êtres et
il nous émeut.
Si vos pas vous mènent à Saint Idesbald ou
dans l’une ou l’autre exposition qui accueille les oeuvres d’Henri Sarla,
interrompez la marche du temps et entrez dans son univers. L’émerveillement est
au rendez-vous.
Edmond Morrel
Pourquoi ne pas franchir à nouveau la porte de la Yesartgallery et y prendre un peu de cette lumière dunaire si proche de l'imagerie de l'enfance...
Jean Jauniaux, Ficheront-Bruxelles-Saint-Idesbald, le 14 août 2018
Vous pouvez voir les nouvelles toiles d’Henri Sarla aux cimaises de la Yes Art Gallery à Saint-Idesbald jusqu'à la fin du mois de septembre 2018.
Adresse :
Strandlaan, 239c
B-8670 Koksijde
Strandlaan, 239c
B-8670 Koksijde
patrick@yesartgallery.com