Gérard Adam a inscrit au catalogue très riche et diversifié de sa maison d'édition M.E.O. le dernier roman de Daniel Soil : L'Avenue, la Kasbah.
Les abonnés à la page facebook de l'ancien diplomate belge auront eu de nombreux échos photographiques à la parution du livre. Soil y montre avec douceur et attachement des fragments de cette Tunisie qu'il a fréquenté au quotidien pendant plusieurs années. Il y était en poste en qualité de délégué de la Belgique francophone, lors du printemps arabe. Témoin immédiat des événements de janvier 2011, ces bouleversements telluriques qui ont secoué la société tunisienne, Daniel Soil a été marqué en profondeur par le courage et la détermination d'une population qui, malgré les risques encourus, a exprimé sa colère face à un pouvoir dont la "sinistre surveillance" dit bien la violence sournoise et implacable.
S'agit-il d'un roman? Le lecteur pourra se sentir désarçonné par la "mise en fiction" d'un récit qui aurait peut-être gagné en force s'il s'était fait le témoignage sensible d'un observateur attentif et informé comme l'est Daniel Soil. L'auteur a choisi la fiction pour tracer le portrait de la Tunisie dans les échanges entre les deux personnages centraux de son roman, Alyssa (jeune femme tunisienne aux prises avec la modernité sociale mais aussi confrontée à la situation de la femme dans la tradition et la culture arabe) et Elie (réalisateur en repérage pour un film documentaire consacré au cinéaste belge Jean-Jacques Andrien qu'il fait revenir sur les lieux de tournage de son film "Le fils d'Amr est mort").
Il éveille ainsi, par l'émotion romanesque, la curiosité d'en savoir davantage sur cette Tunisie à laquelle il est tellement attaché, mais aussi la mémoire du film d'Andrien, un cinéaste dont il serait heureux de revisiter l'oeuvre, et en particulier Le fils d'Amr est mort dont le thème rejoint l'entrelacement de l'Europe et du monde arabe, dans toute la complexité que la fiction, qu'elle soit cinématographique ou romanesque, aide à désenclaver des préjugés et des a priori.
Jean Jauniaux, décembre 2019
Elie, jeune cinéaste belge venu tourner en
Tunisie, y rencontre Alyssa, une enseignante. Les barrières culturelles qui
brident leur amour naissant – lequel s’exprime et se développe sur Facebook –
volent en éclats avec la Révolution de 2011, dans laquelle tous deux
s’engagent. Sur fond de l’opéra « Didon et Énée », nous suivons parallèlement
l’évolution de leur amour et celle de la situation politique, manifestations,
mobilisation des jeunes et des moins jeunes, libération de la parole, jusqu’à
la chute de la dictature et l’avènement d’un espoir de démocratie qui signent
la fin de l’une et de l’autre.
« Comme cela se produit quelquefois, c’est le
regard d’un étranger de passage, tombé amoureux du pays et de ses habitants,
qui va dire le premier que la révolution, suprême transgression de l’ordre
social, réintroduit l’amour, le possible et l’improbable, avec la poésie qui
remplit le cœur de ceux qui se battent pour changer la vie. » (Gilbert
Naccache, extrait de la préface).