vendredi 13 décembre 2019

"Vade retro, Félicien" : Stanislas Barberian, à retrouver dans ce magistral deuxième roman policier de Francis Groff



Décidément les Editions Weyrich sont devenues au fil des années, un label incontournable de la littérature belge francophone. Après la collection Plumes du coq et celle, destinée prioritairement au public adulte en voie d'alphabétisation, La Traversée, la maison ardennaise se lance dans le polar en créant Noir Corbeau. Sans compter bien sûr les très beaux ouvrages documentaires liés au terroir ardennais, mais aussi au Congo, terre d'affinité d'Olivier Weyrich. 

Nous avions évoqué le lancement des premiers ouvrages de Noir Corbeau dont la sortie était accompagnée d'une  magistrale Petite histoire du roman policier belge que nous avait mitonné Christian Libens qui signait aussi un des premiers romans de la collection : Les seins des saintes, collection complétée par La grande fugue de Siska Larouge . 

Le troisième larron de cette première livraison était Francis Groff, dont "Morts sur la Sambre" mettait en scène le personnage de Stanislas Barberian, appelé à devenir un protagoniste récurrent des prochains ouvrages de Groff. Personnage singulier dans la famille des policiers, malandrins ou enquêteurs du genre (les Maigret, Rouletabille, Arsène Lupin, et autres Watson ou Adam Dalglief), il a la particularité d'être un bibliophile passionné de livres anciens. Cette profession lui donne l'occasion de sillonner des lieux propices à ses collections et de rencontrer des personnages hauts en couleur.
Dans le deuxième volume des aventures de Barberian, Groff nous emmène à Namur, à la rencontre d'un passionné de Félicien Rops, Eloi Taminiaux, professeur à la retraite qui consacre dorénavant ses loisirs à l'étude approfondie de l'oeuvre et de la vie du sulfureux Rops. Il découvre inopinément un manuscrit  inédit de celui-ci dont on ne connaissait aucune oeuvre littéraire jusqu'alors et invite Barberian à en effectuer une contre-expertise...
Nous n'allons pas ici dévoiler les péripéties qui amèneront Barberian à apporter son appui à l'enquête que déclenche la découverte du corps de Taminiaux transpercé d'une épée suite à ce qui ressemble à un assassinat rituel. Ce serait gâcher le plaisir de la découverte auquel nous invitons nos lecteurs à se livrer toutes affaires cessantes.
Le style de Groff est en phase idéale avec le genre policier, les personnages sont solides et bien campés, complexes à souhait, l'intrigue nous tient en haleine jusqu'aux dernières lignes, les lieux et la géographie dans lesquels évoluent les acteurs de cette énigme enlevée nous sont donnés avec toute la puissance qu'un grand roman apporte aux lieux, même les plus familiers.
Nous n'avions pas eu le loisir de lire le premier opus de Groff. Mais, refermant ce livre-ci avec un bonheur de lecture pleinement réalisé, nous n'avons qu'une hâte: lire Morts sur la Sambre en attendant la sortie du prochain roman. Car il faut encourager Groff à poursuivre ce qui deviendra une saga digne des meilleurs ouvrages scandinaves. 
De surcroît, en faisant de son personnage récurrent un bouquiniste voyageur, il crée à n'en pas douter un figure qui mériterait d'être adaptée au cinéma ou en série. 
C'est tout le mal que nous lui souhaitons!
Voici le deuxième livre d'un vrai écrivain, raconteur d'histoires, digne de ses homologues en littérature dite "populaire"  comme S.A. Steeman, Henri Vernes, Simenon ou, plus près de nous, Armel Job. 
Jean Jauniaux
Le 13 décembre 2019



Présentation du livre sur le site de l'éditeur:

Après Morts sur la Sambre, une nouvelle enquête de Stanislas Barberian
Toujours à la recherche de livres rares pour les clients de sa bouquinerie parisienne, Stanislas Barberian est en visite à Namur à la demande d’un vieux professeur d’histoire qui affirme avoir mis la main sur un manuscrit très intime – et fort dérangeant – de Félicien Rops. En proie à une détresse sans nom, l’auteur du célèbre Pornocratès, l’aurait écrit à l’automne de sa vie.
Quelques heures avant la rencontre, l’historien est assassiné dans des circonstances qui laissent penser à un rituel sordide, voire satanique. Stanislas plonge malgré lui dans un univers inconnu où évoluent les adeptes d’une société discrète, des traditionnalistes religieux et de dangereux politiciens d’extrême droite…