vendredi 6 décembre 2019

Simenon philosophe: un colloque à ne pas manquer le 17 décembre au Palais des Académies de Bruxelles

Simenon à l'Académie









Comment commémorer le trentième anniversaire du romancier belge le plus prolifique, le plus lu et le plus traduit ? Le plus méconnu aussi: les centaines de romans signés de son nom ou d'un de ses pseudonymes, les "durs" et les "Maigret" sont une telle forêt, dense et multiple, qu'elle ne peut ne pas dissimuler les plus nobles et les plus hauts des arbres qui en sont aussi des éléments. Il faut du recul, de la hauteur pour identifier en survolant la canonnée ces essences rares qui se doivent d'être scrutées avance davantage d'attention et qui suscitent, au fil de leurs lectures, l'admiration époustouflée qu'engendrent les chefs d'oeuvre de la littérature universelle.

L'approche thématique est une des multiples manières d'évoquer l'oeuvre et une part de ce qui, chez son auteur, l'a nourri. Lors d'un colloque qui se réunira le 17 décembre dès 14h30, le Palais des Académies fera entendre les voix d'éminents exégètes - mais aussi admirateurs inconditionnels - de l'auteur de La main ou d'autres chefs d'oeuvre au sens le plus littéraire du terme. 

Sans doute, au sortir de ce colloque , en saura-t-on un peu plus sur le romancier dont la personnalité est finalement une énigme éclatée en ces milliers de vies qu'il a inventées au fil des romans (et nouvelles). En relisant le discours de réception de Simon Leys qui à l'Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique succéda à Georges Simenon, on trouve peut-être une des interrogations qu'éveille sans cesse l'écrivain lorsque l'on s'aventure dans la forêt de son oeuvre: 

"La multiplication des interviews, la prolixité des intarissables dictées au magnétophone, pourraient faire croire que Simenon se confiait volontiers. Il n’en est rien. Il s’efforçait seulement, sans se lasser, de projeter une certaine image de lui-même ; celle d’«un homme comme un autre», sans problèmes, bien dans sa peau. Un juge chargé de l’instruction de l’affaire Simenon serait en droit de s’étonner des contradictions flagrantes entre l’assurance joviale du prévenu et les navrants témoignages de ses personnages — mais Maigret lui-même nous a enseigné à nous méfier des juges. Les juges ne comprennent rien. Car, s’ils comprenaient, comment pourraient-ils encore juger ?
Une fois cependant, comme par mégarde, Simenon est vraiment passé aux aveux. Un écrivain finit parfois par se livrer quand il croit simplement parler d’autres écrivains qu’il aime. En 1960, dans une émission radiophonique consacrée à Balzac, Simenon a dit des choses qui, au fond, sont plus révélatrices que les embarrassantes et inutiles confessions des dernières années de sa vie. De ce portrait de Balzac, je détache un propos : 
« Le besoin de créer d’autres hommes, de tirer de soi une foule de personnages différents viendra-t-il à un homme harmonieusement fondu dans un petit monde à sa mesure ? Pourquoi s’obstiner à vivre la vie des autres si l’on est soi-même rassuré et sans révolte ? »

Aux questions qu'aborderont les intervenants, Simon Leys ne suggère-t-il ainsi pas une interrogation qui traverse, transperce, à la fois l'écrivain et son oeuvre? 

Que je formulerais ainsi: Une philosophie de l'angoisse d'être. 

Jean Jauniaux 6 décembre 2019 


Prendront la parole :

Jean-Baptiste Baronian, membre de l’Académie : Une philosophie de l’alcool.

Frédéric Saenen, maître de conférence à l’Université de Liège : Une philosophie du suicide.

Nicolas Marchal, professeur au Séminaire de Floreffe : Maigret en chaire.

Jean-Pol Masson, professeur honoraire de l’Université Libre de Bruxelles : Une philosophie du droit.

Jean-Louis Dumortier, professeur à l’Université de Liège : Une philosophie de la morale.

Jacques De Decker, secrétaire perpétuel de l’Académie : Tout simplement un homme qui aime tout ce qui vit.



Pour assister à ce colloque:

Merci d’avoir l’amabilité de signaler votre présence auprès du secrétariat de l’Académie :
02/550 22 77 avant le 13 décembre prochain.