mardi 5 mars 2019

dans les archives de LIVRaisons: Richard Miller et l'imaginisation du réel

A l'approche des élections européennes, et à l'occasion de la parution d'un essai de Richard Miller consacré à Tarantino ("Pulp Fiction: Tarantino unlimited" , Editions Hémisphères , dans la collection Ciné Cinéma dirigée par F. Sojcher ), nous re-publions son interview que nous avions enregistrée en 2012, accompagnée d l'article consacré à la publication de sa thèse de doctorat sur "L'imaginisation du réel" . La parution de Pulp Fiction: Tarantino unlimited a donné lieu à un entretien passionnant de Richard Miller avec Marie-Noelle Tranchant paru dans Le Figaro du 4 mars 2019.
Jean Jauniaux/Edmond Morrel le 5 mars 2019



L’imaginisation du réel. L’illusion du bien (Saint Georges) et la vengeance fictive (Quentin Tarantino)" de Richard Miller, Editions Ousia

"Adulte terre", Richard Miller, nouvelles, Editions luce wilquin.

Dans un essai limpide et passionnant paru aux Editions Ousia Richard Miller développe et illustre le concept d’imaginisation selon lequel l’homme est un "imaginaire singulier". L’être humain crée sans cesse et spontanément des images du réel dans lequel il évolue. Le réel n’existe pour lui que par l’image qu’il s’en fait. L’histoire de l’humanité est ainsi "tissée de réalité et de fiction".
Depuis des années Richard Miller tourne autour de cette intuition philosophique qu’il débusque au détour de ses lectures, philosophiques et romanesques, du cinéma dont il a la passion, de la peinture dont il est un spécialiste éclairé. Son expérience du politique (ancien ministre de la culture, il est sénateur), le conduit à élargir sa réflexion en la déplaçant du niveau singulier au collectif. A l’époque de la mondialisation, les imaginaires se confrontent comme jamais par le passé et donnent à la phrase de Nietzsche, placée en exergue du livre de Miller, une résonance vertigineuse : " Notre vie consciente se passe essentiellement dans un monde de notre invention et de notre imagination. (..) la cohésion de l’humanité repose sur la transmission de ces inventions".
Le mythe de saint Georges donne à Miller le point d’appui à partir duquel il construit son opus, confrontant cet exemple de la mythologie chrétienne à la "mytho-technologie" du septième art.
Miller est écrivain : il sait raconter et son livre se lit d’une traite (hormis de çi de là quelques développements trop techniquement philosophiques). Il truffe le livre d’exemples et d’analyses de romans, d’oeuvres musicales, d’événements historiques, de films qu’il revisite et éclaire. Le parallèle qu’il établit entre le mythe de saint Georges et..."Taxi driver" est un morceau d’anthologie qui ravirait Martin Scorcese !
Miller est politique : nourri de philosophie, de littérature, d’histoire et d’art, il plaide pour la libre diversité des imaginaires singuliers qui aboutira à cette "convivence" que Miller appelle de ses voeux.
Ne vous laissez pas décourager par les titres malencontreux de certains chapitres ("De la problématique générale", "En guise de conclusion à des prolégomènes"), ce ne sont que les scories de la thèse de doctorat qui est à la base de ce livre.
L’ouvrage de Miller se lit avec la même jubilation que celle qu’il a mis à l’écrire !

Jean Jauniaux/ Edmond Morrel, 2012

A l’occasion de cet entretien, nous avons également évoqué le recueil de nouvelles "Adulte terre" et la traduction en wallon de quelques uns des récits parus sous le titre "No Vivâge", deux ouvrages parus chez Luce Wilquin