"Mais d'où vous vient ce goût de l'Histoire, Patrick Weber ?"
Pour annoncer le spectacle de Patrick Weber, nous avions écrit un article fondé sur les différents communiqués présentant le projet, sous le titre "Et si on refaisant la Belgique" .
Aujourd'hui, au lendemain de la première représentation du spectacle de Patrick Weber, devant une salle comble, ravie, hypnotisée qui a fait une ovation enthousiaste (et debout!) à l'historien et à son cheval bâton Pégase, nous aurions modifié le titre initial, allusion à l'émission de Weber sur Bel-RTL. Nous aurions préféré l'un de ceux-ci: "On m'a souvent posé la question..." ou "Mais d'où vous vient ce goût de l'Histoire? ".
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En effet, la scénographie du spectacle alterne les souvenirs d'enfance de l'historien, qui évoque avec une nostalgie sincère cette attirance pour l'Histoire qu'il doit aussi bien à une grand-mère Anne, passionnée d'Egyptologie, qu'à un professeur de grec, ou à de grandes voix de l'ORTF comme celle d'Alain Decaux ou de la télévision belge comme Jo Gérard. Il y a puisé , enfant et adolescent, une véritable vénération pour ces raconter d'Histoire dans la lignée desquels il s'inscrit avec une jubilation contagieuse. Il évoque aussi, avec une aménité spontanée, les contacts qu'il aime avoir avec le public et l'attention qu'il porte à leurs questions, "souvent posées".
Construite sur base de questions choisies, parmi un catalogue qu'un seul spectacle n'épuise pas, par des spectateurs que le bateleur invite brièvement et gentiment sur scène, chaque représentation est unique et différente de celle du lendemain. Hier le public a pu écouter une évocation de la folie de la fille de Léopold II, Charlotte , impératrice du Mexique, revivre le règne de Léopold II ("Etait-il un tyran ?"), aborder l'épineuse question du destin des batards royaux, découvrir différentes légendes associées à Manneken Pis et quelques autres thèmes puisés dans les inépuisables réserves d'histoires que celui qui dit haut et fort sa passion pour la Belgique, raconte avec une évidente et appétissante gourmandise.
On aimerait lui suggérer des noms à réveiller dans notre mémoire (ainsi Théo Fleishman , notre "Léon Zitrone", qu'il précéda dans les commentaires lyriques d'événements royaux sur les ondes de l'INR, ancêtre de la radio belge) ou d'autres épisodes de l'histoire de Belgique à nous faire partager. Mais ils sont sans doute déjà dans le vivier de notre diable d'historien-conteur et n'attendent que le public pour revivre sur scène.
Au sortir de la représentation du 18 mars au Théâtre Mercelis, nous ne pouvions nous empêcher de regretter qu'un tel spectacle soit éphémère et qu'il n'en reste pas de traces accessibles à ceux qui n'ont pas pu le voir, faute de places disponibles dans le petit théâtre. Hier, nous écrivions combien RTL ou d'autres chaînes seraient bien inspirées de confier à Patrick Weber les moyens de réaliser une émission régulière dédiée à l'Histoire de Belgique. Nous ne pouvons nous empêcher d'évoquer ici le succès public que suscitaient, à la RTBF, des émissions consacrées à l'Histoire et diffusées dans le sillage du 150e anniversaire du Royaume: "Risquons-Tout" (un jeu culturel animé par Frédéric Borsu, Christian Druitte et André Zaleski) et "1830, Chronique imaginaire d'une Révolution" (une reconstitution de la Révolution belge en cinq épisodes d'une heure, diffusés en septembre 1980 et réalisées par un des grands artisans de la télévision, Jacques Cogniaux, trop tôt disparu.).
A n'en pas douter, une telle initiative répondrait non seulement à un "devoir d'Histoire", mais attirerait un public nombreux, fidèle, attentif et reconnaissant...comme celui avec lequel nous nous trouvions hier soir au théâtre.
Jean Jauniaux, le 19 mars 2019
Transports en commun
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