La belle
dramaturgie des messes de Jan Dismas Zelenka
Ce compositeur du temps de Bach doit être considéré à la place qu’il mérite, l’une des plus spirituellement inspirées.
Le lien vers le CD |
Ce musicien apprécié par Telemann et Jean-Sébastien
Bach a été vraiment redécouvert il y a une trentaine d’années à travers
plusieurs enregistrements de messes, cantates, motets et oratorios qui ont
révélé une personnalité de premier plan. Nikolaus Harnoncourt et René Jacobs
ont gravé certaines œuvres. Quant à Frieder Bernius, à la tête du Kammerchor
und Barockorchester de Stuttgart, il a enregistré pour le label Carus une série
de partitions religieuses qui montrent la qualité de l’inspiration de Zelenka
et qui ont été couronnées par un Diapason d’or. Le plus récent CD (Carus 83.279)
vient de recevoir la même distinction. Au programme, une substantielle Missa Sancti Josephi de 1732, écrite
pour rendre hommage à la princesse Maria Josepha de Saxe. Un bien beau cadeau
pour cette noble dame, car nous sommes en présence d’une composition fastueuse
qui, dès le Kyrie initial, permet à
l’auditeur de ressentir une sensation de lumineuse plénitude accordée
généreusement par les cuivres, les vents et les bois. Suit alors un long Gloria tout aussi fastueux qui magnifie
les possibilités des masses chorales et les interventions des solistes du
chant, au sein desquels l’éblouissante trentenaire Julia Lezhneva, née sur
l’île de Sakhaline, fait la démonstration de sa sensibilité, de son impeccable
technique et de la beauté de sa voix. Les autres solistes ne sont pas en
reste : l’alto canadien Daniel Taylor, le ténor allemand Tilman Lichdi et
le baryton anglais Jonathan Sells tiennent leur partie avec chaleur. Cette
partition magnifique se termine par un bref Agnus
Dei suivi d’un aussi court Dona nobis
pacem au cours desquels la ferveur religieuse s’ajoute à l’atmosphère
générale de solennité.
L’auditeur est gratifié d’un très beau moment de musique
sacrée, que Frieder Bernius, né en 1947, mène avec enthousiasme, entraînant ses
troupes vers un plein épanouissement. Les compléments de programme sont le
noble psaume 113 In exitu Israel et
129 De profundis qui datent des
années 1724-1725. Le psaume 129 a été écrit à la mémoire du père de Zelenka, il
est empreint d’une touchante profondeur mélancolique et sombre.
Voilà un
superbe CD qui montre à quel point ce compositeur du temps de Bach doit être
considéré à la place qu’il mérite, l’une des plus spirituellement inspirées.
Jean
Lacroix