Une splendide reconstruction de concertos pour orgue et cordes de Bach
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Cet enregistrement réalisé sur l’orgue Thomas de l’église Notre-Dame et Saint-Léogare de Bornem en mai 2018 (...) est un ravissement.
Né en 1976, l’organiste Bart Jacobs a étudié à
l’Institut Lemmens de Louvain, où il a obtenu une maîtrise en orgue avec la
plus grande distinction. Il est titulaire de l’instrument de la cathédrale
Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles depuis 2012, après en avoir été organiste
du chœur dès l’an 2000. Il a remporté de nombreux prix internationaux et compte
à son actif plusieurs enregistrements en collaboration avec des ensembles comme
le Ricercar Consort, Il Gardellino, Vox Luminis ou les Muffatti.
Avec ce
dernier groupe de musiciens, il propose sous étiquette du label Ramée (RAM
1804) de passionnantes reconstructions de concertos pour orgue et cordes de
Jean-Sébastien Bach. Nous ne pouvons que déplorer le fait qu’il ne subsiste du
compositeur aucun concerto pour orgue avec accompagnement orchestral, alors
qu’il existe des concertos pour orgue solo ainsi que près d’une vingtaine de
cantates au cours desquelles intervient un orgue obligé. Dans le cas des
cantates, ce phénomène avec orgue obligé a été écrit pendant une courte
période, en particulier au cours de l’année 1726. D’après la très intéressante
notice rédigée par Bart Jacobs lui-même, l’origine peut venir du concert
d’orgue donné à Dresde par Bach en 1725, au cours duquel il est envisageable
qu’il ait joué des morceaux sélectionnés pour éclairer les ressources
instrumentales. Bart Jacobs précise que nous ignorons si Bach rassembla
lui-même pour l’occasion les parties d’orgue des cantates de 1726 ou encore des
sinfonias des cantates BWV 169 et 49. Il est cependant tout à fait possible,
selon lui, sur la base de cantates et de concertos pour violon de
« réaliser des reconstructions de concertos en trois mouvements pour orgue
et cordes », les parties de hautbois qui doublent les parties de violon
étant omises en la circonstance. Bart Jacobs termine sa présentation par des
éléments techniques qui éclairent sa démarche et intéresseront les fans pointus
de l’orgue.
Nous n’entrerons pas dans le détail de chacune des sept oeuvres
qui composent ce programme attrayant et lumineux et renverrons pour cela
l’auditeur à la notice du livret du CD. A l’affiche, quatre concertos d’après
des cantates et des concertos pour violon ou clavecin, et trois brefs extraits
de sinfonias. Pour le mélomane toujours séduit par l’inépuisable Bach, cet
enregistrement réalisé sur l’orgue Thomas de l’église Notre-Dame et
Saint-Léogare de Bornem en mai 2018 (Jacobs enseigne l’orgue et le clavecin à
l’académie de cette localité proche d’Anvers) est un ravissement. Le modèle de
cet instrument qui date de 2013 est celui d’un petit Silbermann construit en
1721-1722 pour l’église Sainte-Marie de Rotha, ville de l’arrondissement de
Leipzig que Bach a sans doute connue. Sa sonorité est claire et précise, et Jacobs
met beaucoup de soin à en restituer l’atmosphère. Les Muffatti sont les
parfaits complices de ce projet intelligent et abouti. On notera la jolie
présentation du CD, accompagné d’un livret trilingue (français, allemand,
anglais) auquel nous avons fait quelques emprunts, et de quelques photographies
bienvenues.
Jean Lacroix