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Comme chaque année, le coffret-souvenir de la
session violon de cette année est disponible chez tous les disquaires. Huit
jours après la proclamation dans la nuit du 25 au 26 mai ! Un exploit en
soi, quand on songe au travail exigé par le choix du programme et de
l’iconographie, la rédaction des textes du livret ou le soin apporté à la
qualité technique. Quatre CD pour douze finalistes, dans un emboîtage élégant
qui adopte l’habituel fond rouge, sous le label Queen Elisabeth Competition
(QEC2019). Un bel objet !
L’ensemble est équilibré, le partage entre
prestations avec orchestre (deux CD) ou en musique de chambre (deux CD) est
judicieux et rappelle les moments emblématiques de cette folle aventure.
L’inattendue première lauréate, Stella Chen, avait joué en finale le Concerto
en ré mineur de Tchaïkovski, qui nous est rendu dans sa version engagée. On la
retrouve aussi sur le CD n° 3 dans sa Fantaisie
D 934 de Schubert des demi-finales. Du coup, nous nous voyons privés de
l’œuvre choisie pour la finale par le deuxième lauréat, Timothy Chooi : il
s’agissait aussi du Concerto de Tchaïkowski. Le doublon aurait été délicat. Sa
prestation en demi-finales dans le Concerto
n° 5 de Mozart prend donc place ici.
On nous gratifie en plus de sa raffinée Sonate
n° 3 de Grieg. Stella Chen et Timothy Chooi sont les seuls des douze
finalistes à bénéficier de deux enregistrements. Un seul pour les dix autres.
La sélection est faite avec intelligence, elle est
variée et elle est riche. Pour Stephen Kim, troisième lauréat, c’est son
élégiaque concerto de Brahms qui est proposé ; pour Julia Pusker, classée
cinquième, on entend le concerto n° 1 de Mozart des demi-finales (en ce
qui nous concerne, nous estimons que son Beethoven majestueux de la finale
aurait mérité l’insertion dans le coffret). Luke Hsu, non classé, a été choisi
pour sa maîtrise de la pièce imposée de Bram Van Camp, Scherzo-Bagatelle, et Seijo Okamoto, non classé également, pour sa
vision de Fidl de Kimmo Hakola, l’imposé
de la finale, rendu avec lyrisme et sens du détail.
Les autres artistes voient leur investissement en musique
de chambre récompensé. La quatrième lauréate, Shannon Lee, pour la Sonate n° 2
de Brahms ; la sixième lauréate, Ioana Cristina Goicea, pour la Sonate n°
3 d’Enesco. Même choix chambriste pour les quatre autres finalistes non
classés : Eva Rabchevska dans la Sonate de Debussy, Yukiko Uno dans la
Sonate n° 3 de Beethoven, Ji Won Song dans la Sonate de Poulenc, et enfin notre
compatriote Sylvia Huang dans la Sonate de Janacek, où elle a révélé son audace
de choix d’une partition moins jouée, mais surtout sa grande musicalité.
Le rideau est tombé sur cette
session 2019 qui fut passionnante à bien des égards. La prise de son en public,
dans le contexte d’un concours aussi prestigieux, rend bien compte des risques
inhérents à ce type de prestations. Mais on a visiblement opté pour la mise en
évidence des qualités de chaque interprète, auxquels un bel hommage est ainsi
rendu. Ce précieux coffret-souvenir à thésauriser est aussi l’occasion de
saluer le remarquable travail accompli par les orchestres, l’Orchestre Royal de
Chambre de Wallonie et le Belgian National Orchestra, placés respectivement
sous la baguette de Jean-Jacques Kantorow et de Hugh Wolff. On imagine le
travail colossal que représentent les répétitions avec les lauréats, les
longues prestations des musiciens, leur soutien attentif, leur capacité
d’adaptation. Sans oublier les accompagnateurs des demi-finales, dont
l’importance complice est à souligner. Ni les membres du jury qui, présidés
avec doigté par Gilles Ledure, ont été, une fois de plus, confrontés au
périlleux et ingrat exercice qui consiste à classer des artistes. Place à la
session 2020, qui verra le retour du piano. Vite l’an prochain !
Jean Lacroix