Paru aux Editions Lamiroy, le dernier livre de Sylvie Godefroid, un
recueil de poèmes, s'ouvre sur un prélude de Francis Lalanne, dont on ressent
combien il a été touché par la poésie sensible et à fleur de coeur de celle qui
est aussi romancière et auteur dramatique. Nous l'avions rencontrée à la
parution de ses deux romans et avions été déjà saisi par cette manière de
sincérité profonde et spontanée qui est le matériau où Sylvie Godefroid puise
l'inspiration musicale de son oeuvre.
Les épreuves, les douleurs, les
angoisses, les souffrances n'ont pas épargné l'auteure de L’anagramme des sens et de La
balade des pavés un roman à propos duquel nous écrivions alors:
A lire ce dernier recueil, « Elle et Elle » paru aux Editions Lamiroy on voit que l’exploration de l’énigme de soi ne cesse de se développer, de s’enrichir,
de se nourrir de la poésie. Il y a à chacune des pages paires, imprimées en
italiques, comme si la typographie devait adoucir les angles, l’évocation des
grandes douleurs : celles de l’enfance, du cancer, de la quête éperdue d’amour,
de la détestation et en regard, les pages impaires se déploeint comme des
chants de combat et de révolte contre la maladie et la page blanche, la
solitude et l’abandon. J’ai commencé à
vivre/Le jour où j’ai cessé d’avoir peur/De l’encre et de mes ratures s’exclame
celle qui ne cesse aujourd’hui d’écrire, poésie, roman, théâtre. On sent
aujourd’hui cette jubilation apaisée de celle qui est sortie victorieuse des
champs de bataille, mais qui maintient la vigilance aux aguets de nouveaux assauts.
On sait alors, à la lire, combien la page blanche est lumière et salut !
On aime à lire cet aveu, qui clôture le livre, qui est baume au cœur et
nous ravit :
Je
cultive le délicat bonheur
De la
mélancolie
De la
tristesse apprivoisée
Comme
une feuille d’automne
Sur les
pavés de la vie
Est-il
paradoxal
De
rayonner en vous disant
A quel
point je suis heureuse
Maintenant ?
Il faut suivre, au delà des livres, les destins
de cette artiste qui nous retient dans cet enchantement étonné dont elle a l’art
du partage.
Jean Jauniaux, le 10 octobre 2019