Le 21 septembre dernier, la fondation Paul Delvaux inaugurait la nouvelle acquisition que peuvent dorénavant admirer les visiteurs du musée consacré au peintre de Saint-Idesbald. Il y eut une belle émotion ce soir-là lorsque Martine Gautot, Julie Van Deun et Camille Brasseur, respectivement présidente, directrice et directrice scientifique de la Fondation, ainsi que Yves de Heyn, Président de l'association des amis de la Fondation Paul Delvaux, dévoilèrent le Nu sur la plage qui, dorénavant, s'inscrit de plain pied dans la collection permanente.
Camille Brasseur évoque ci-dessous l'oeuvre dont la grâce déployée sous la lumière du Nord semble une métaphore picturale de la station balnéaire de Saint-Idesbald. Comme là-bas, des nuances de gris, de bleu et de vert baignent dans une harmonie sensuelle les élancements alanguis de la mer sur le sable d'or où repose la naïade abandonnée aux songes.
Nous reviendrons sur cette oeuvre en la proposant à l'imaginaire d'écrivains dont nous réunirons les textes dans une prochaine livraison de la collection Le Hibou des dunes .
En attendant, prenons la route de Saint-Idesbald, et dans la rue qui porte désormais son nom, rendons visite au peintre sous prétexte bienvenu d'admirer le Nu sur la plage .
Jean Jauniaux, le 6 octobre 2019.
De gauche à droite: Julie Van Deun, Camile Brasseur, Yves de Heyn et Martine Gautot Photo © Peter Blanckaert |
© Peter Blanckaert |
Une nouvelle acquisition de la Fondation Paul Delvaux ...
par Camille Brasseur, Directrice scientifique de la Fondation Paul Delvaux
La Fondation Paul
Delvaux a pour objectif de préserver le patrimoine de l’artiste. L’acquisition
de la toile Nu sur la plage s’inscrit
dans cette logique et répond également à un autre critère : faire évoluer
les collections en les complétant judicieusement.
© Foundation Paul Delvaux, St. Idesbald, Belgium/SABAM, 2019 |
Le temps filant son
cours, l’œuvre arrive aujourd’hui dans nos collections et nous nous en
réjouissons. En effet, l’opportunité d’acquérir une toile de cette période
était à saisir. Qui plus est, cette femme nue allongée sur la plage ne pouvait que
trouver sa juste place au musée de Saint Idesbald, station dont elle pourrait
être l’une des égéries.
Les yeux fermés,
les bras relevés, elle semble abandonnée aux délices de la rêverie. Elle
convoque l’image de la fameuse Vénus
endormie dont elle offre une version apaisée. Son corps de sirène repose
sur la plage qui se transforme subtilement en une mer calme. Les vaguelettes
font écho aux nuages qui occupent un ciel où domine une lumière du Nord. Cette
composition unit deux des éléments chers à l’artiste : la femme et la
nature. Le cadrage resserré sur le corps dénudé, l’enserrant de la tête au pied,
participe à la puissance que le peintre parvient à insuffler à un sujet d’une
extrême simplicité. La palette de tons limitée contribue à l’impression de
quiétude qui émane de l’ensemble.
Cette huile est le
témoignage d’une œuvre en construction. Elle est l’un des sédiments qui
pousseront le jeune artiste à poursuivre son exploration créative et à tenter
d’en déterminer les contours. Sa présence dans nos collections permet de mettre
en lumière une facette de l’œuvre et de l’inscrire dans un ensemble plus large.
L’exposer répond à la mission de notre musée soucieux d’expliciter au public le
parcours et les étapes de son évolution plastique. Gageons que sa présence ne
soit que l’amorce d’enrichissements futurs qui contribueront à nuancer un peu
plus la connaissance de ce grand peintre qu’est Delvaux !
Camille Brasseur