dimanche 6 octobre 2019

"Nu sur la plage" de Paul Delvaux... une nouvelle occasion de visiter le musée consacré au peintre de Saint-Idesbald..



Le 21 septembre dernier, la fondation Paul Delvaux  inaugurait la nouvelle acquisition que peuvent dorénavant admirer les visiteurs du musée consacré au peintre de Saint-Idesbald. Il y eut une belle émotion ce soir-là  lorsque Martine Gautot, Julie Van Deun et Camille Brasseur, respectivement présidente, directrice et directrice scientifique de la Fondation, ainsi que Yves de Heyn, Président de l'association des amis de la Fondation Paul Delvaux, dévoilèrent le Nu sur la plage qui, dorénavant, s'inscrit de plain pied dans la collection permanente.

Camille Brasseur évoque ci-dessous l'oeuvre dont la grâce déployée sous la lumière du Nord semble une métaphore picturale de la station balnéaire de Saint-Idesbald. Comme là-bas, des nuances de gris, de bleu et de vert baignent dans une harmonie sensuelle les élancements alanguis de la mer sur le sable d'or où repose la naïade abandonnée aux songes. 

Nous reviendrons sur cette oeuvre en la proposant à l'imaginaire d'écrivains dont nous réunirons les textes dans une prochaine livraison de la collection Le Hibou des dunes . 

En attendant, prenons la route de Saint-Idesbald, et dans la rue qui porte désormais son nom, rendons visite au peintre sous prétexte bienvenu d'admirer  le Nu sur la plage .

Jean Jauniaux,  le 6 octobre 2019.
De gauche à droite: Julie Van Deun, Camile Brasseur, Yves de Heyn et Martine Gautot
Photo © Peter Blanckaert

 © Peter Blanckaert


Une nouvelle acquisition de la Fondation Paul Delvaux ...
par Camille Brasseur, Directrice scientifique de la Fondation Paul Delvaux

La Fondation Paul Delvaux a pour objectif de préserver le patrimoine de l’artiste. L’acquisition de la toile Nu sur la plage s’inscrit dans cette logique et répond également à un autre critère : faire évoluer les collections en les complétant judicieusement. 
© Foundation Paul Delvaux, St. Idesbald, Belgium/SABAM, 2019
Cette toile aux dimensions généreuses fait partie des œuvres que l’artiste réalisa durant les années 1930. Cette production est rare car l’histoire veut, qu’ayant quitté sa première épouse, Delvaux lui ait laissé la maison et, avec elle, l’atelier et son contenant… qu’il ne put récupérer. Dès lors, l’ensemble de toiles qui subsista connut un parcours qui échappa aux volontés de leur créateur. 
Le temps filant son cours, l’œuvre arrive aujourd’hui dans nos collections et nous nous en réjouissons. En effet, l’opportunité d’acquérir une toile de cette période était à saisir. Qui plus est, cette femme nue allongée sur la plage ne pouvait que trouver sa juste place au musée de Saint Idesbald, station dont elle pourrait être l’une des égéries. 
Les yeux fermés, les bras relevés, elle semble abandonnée aux délices de la rêverie. Elle convoque l’image de la fameuse Vénus endormie dont elle offre une version apaisée. Son corps de sirène repose sur la plage qui se transforme subtilement en une mer calme. Les vaguelettes font écho aux nuages qui occupent un ciel où domine une lumière du Nord. Cette composition unit deux des éléments chers à l’artiste : la femme et la nature. Le cadrage resserré sur le corps dénudé, l’enserrant de la tête au pied, participe à la puissance que le peintre parvient à insuffler à un sujet d’une extrême simplicité. La palette de tons limitée contribue à l’impression de quiétude qui émane de l’ensemble. 
Cette huile est le témoignage d’une œuvre en construction. Elle est l’un des sédiments qui pousseront le jeune artiste à poursuivre son exploration créative et à tenter d’en déterminer les contours. Sa présence dans nos collections permet de mettre en lumière une facette de l’œuvre et de l’inscrire dans un ensemble plus large. L’exposer répond à la mission de notre musée soucieux d’expliciter au public le parcours et les étapes de son évolution plastique. Gageons que sa présence ne soit que l’amorce d’enrichissements futurs qui contribueront à nuancer un peu plus la connaissance de ce grand peintre qu’est Delvaux !

Camille Brasseur