mardi 8 octobre 2019

"Les bons offices" le roman de Pierre Mertens ré-édité dans la collection "POINTS-Signatures"

Photo ©Jean-Luc Tillière
C'est en 1974 que paraît dans une première édition au Seuil le roman de Pierre Mertens, "Les bons offices. Près d'un demi siècle plus tard, la collection "Signatures" l'inscrit dans sa prestigieuse collection patrimoniale de littérature mondiale où le nom de Pierre Mertens côtoie dorénavant ceux de Faulkner, Saramago et Tolstoï. Gageons que ce voisinage illustre attireront comme il se doit l'intérêt du public d'aujourd'hui à l'égard de ce roman, dans une édition "revue et corrigée par l'auteur"  et ornée d'une préface de Régis Debray datée, elle , d'une première ré-édition en collection de poche (POINTS 2001). Dans celle-ci, Régis Debray effectue le rapprochement qui est peut-être davantage significatif que celui d'un catalogue: "Histoire d'une solitude et d'une impossible réconciliation - avec la femme, avec soi-même, avec l'histoire - Les bons offices font très évidemment écho à Au-dessous du volcan." 

Il conclut sa préface en formulant un voeu: "Souhaitons à ce chef-d'oeuvre qu'i se ménage un site confidentiel et dense au milieu des vogues et des modes pour qu'aucun jury littéraire ne vienne réduire à la fugacité d'un événement parisien cette remontée aux sources arides du Moderne. A pas de loup et sur des pattes de colombe: c'est anis que entrent ceux qui vont rester." 

Nous avions rencontré Pierre Mertens en 2013 pour une série d'entretiens à propos de chacun de ses romans. En cliquant sur ce lien, le lecteur de LIVRaisons pourra écouter celui qu'il nous avait accordé à propos des Bons offices. La première question : "dans quel état d'esprit était le Pierre Mertens de 1974 lorsqu'il s'est lancé dans l'écriture de ce roman...?" 

Jean Jauniaux, le 8 octobre 2019


"Paul Sanchotte - mi-Sancho, mi-Quichotte - fait métier de se trouver là où l'Histoire est brûlante, afin d'enquêter, d'alerter, de rédiger des rapports, d'empêcher tant bien que mal l'irréparable qui est souvent aussi l'inéluctable : c'est M. "Bons-offices", chargé de cette mission entre toutes impossible - s'immiscer dans les conflits et se vouloir au-dessus de la mêlée.
Le médiateur, sur ce chemin pavé des meilleures intentions et des pires malentendus, se révèle incapable de devenir le "casque bleu" de sa propre vie privée, du couple qu'il forme avec Roxane, de leurs sentiments eux aussi à feu et à sang. Pour eux non plus le temps n'arrange jamais les choses : au moment où l'Histoire et celle de cet "homme de bonne volonté" le rejettent comme un apatride sur une terre d'irréconciliation - le Proche-Orient -, il ne lui reste de l'une et de l'autre qu'un monceau d'éléments détachés, un charnier de souvenirs mutilés qu'il s'applique à identifier et à rassembler, lui dont c'est la spécialité de recoller les morceaux."